Le Parc Saint Léger offre, jusqu’au 21 septembre, un aperçu plutôt inattendu de la jeune scène californienne.
Qu’est-ce qu’une expo de scène ? C’est en filigrane la question que pose l’exposition collective « Los Angeles Confidentiel au Parc Saint Léger ». « On ne peut pas faire une exposition qui propose une vue même partielle et subjective de la scène artistique de Los Angles sans parler de la ville elle-même » expliquent en préambule les deux commissaires transatlantiques Sandra Patron et Allyson Spellacy, « les données historiques, urbanistiques, culturelles, sociales et économiques ont profondément influencé les pratiques des artistes dits de la « Côte Ouest ». Et les deux curatrices de constater d’emblée que le paysage artistique de cette côte ouest a quelque peu muté depuis le 11 septembre 2001. « Je trouve finalement que le paysage est assez sombre » résume Sandra Patron qui a réunit pour l’occasion une quinzaine d’artistes, plutôt jeunes, dont la plupart ont tenu à venir de L.A pour superviser l’accrochage de leurs pièces.
Ainsi, si les œuvres de cette nouvelle génération ultra solidaire (ils se connaissent tous entre eux) portent encore les stigmates de l’héritage indirect des beatniks et d’une certaine forme jubilatoire de l’entertainment, on décèle chez la plupart une dimension plus obscure hantée par les images diffusées en boucle sur CNN. Du coup c’est plutôt par la bande que l’expo réactive certains mythes, avec par exemple cette maquette fantasmée du célèbre Cinerama Dome, un avant-poste du cinéma hollywoodien (placé ici en exergue d’une programmation vidéo pensée comme un home cinéma) tandis que la peinture de Jennifer Boysen met en scène les grands paysages américains. Les autres pièces, les sculptures pauvres de Gustavo Godoy (en contre plaqué par exemple, qui figure une architecte chaotique à la limite de l’effondrement) et les photographies de Mario Ybarra Jr qui documentent une série de performances faussement activistes (l’artiste, haut parleur à la main, revendique des messages muets dans des lieux désertés), explorent une veine plus politique. Chez Kathie Grinnan, c’est un autre combat qui se lit en arrière plan : inspirée par la littérature dystopique ouvertement catastrophiste, elle imagine d’étranges arrangements entre des images de nature recyclées et des éléments naturels comme le bambou. Il faut dire que la notion de « fake » ou d’artifice, est très présente chez ces artistes. On pense alors à cette dernière vidéo magistrale co-signée par Amy Granat et Drew Heitzler. Le film, en double projection met en scène les amours errantes d’un jeune Werther goethéen avec une moto de type grosse cylindrée. Sublime, mélancolique, très « on the road » aussi, cette œuvre qui sera exposée à la prochaine Whitney Biennale est emblématique à bien des égards de cette nouvelle scène californienne.
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« Los Angeles Confidentiel » jusqu’au 21 septembre au Parc Saint Léger, avenue Conti à Pougues-les-Eaux, tél : 03.86.90.96.60,
www.parcsaintleger.fr
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