Au cours du procès de Georges Tron, acquitté ce jeudi, Me Dupont-Moretti s’est fendu de plusieurs traits parfois brutaux au service de sa défense.
Me Dupont-Moretti officie dans de nombreux procès sensibles. Jouissant d’une réputation de grande capacité à faire acquitter ses clients (il est surnommé « Acquittator »), son art oratoire repose, aussi, sur sa propension à caler des déclarations chocs. Le procès de Georges Tron, ancien secrétaire d’État et maire de Draveil et de son ancienne élue à la culture, Brigitte Gruel, n’a pas fait exception.
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Les deux élus ont été acquittés jeudi 15 novembre des accusations de viols qui pesaient sur eux. Deux anciennes employées municipales, Virginie Ettel et Éva Louvrieu avaient porté plainte et amené l’affaire devant les tribunaux, accusant les élus de les avoir contraintes à des pénétrations digitales entre 2007 et 2010. Georges Tron avait dû démissionner le 29 mai 2011.
« La victoire de la justice »
Georges Tron acquitté: "Nous espérons qu'une page se tourne", déclare son avocat Eric Dupond-Moretti pic.twitter.com/S1TEH0fJF4
— BFMTV (@BFMTV) November 15, 2018
« La justice n’est pas la justice médiatique, où Georges Tron a été condamné dans des conditions inadmissibles durant 7 ans », a dénoncé l’avocat de la défense à l’issue de la séance du jeudi 15 novembre. Ce n’est pas la première fois qu’il s’insurge contre les procès fait à ses clients sur les réseaux sociaux, dans les médias ou la place public, appelant à différencier les opinions, libres, de chacun et le travail de la justice.
L’avocat de 57 ans a, au cours de sa carrière, participé à la défense dans l’affaire d’Outreau, obtenu l’acquittement de Jean Castela dans l’affaire de l’assassinat du préfet Claude Érignac, assuré la défense de Jérôme Kerviel, de Bernard Tapie, de Karim Benzema (à plusieurs reprises) et plus récemment de Jérôme Cahuzac, Abdelkader Merah, le frère du terroriste, et Théo.
Du féminisme aux plaignantes…
Au cours du procès, il s’en est pris au féminisme en général ainsi qu’aux plaignantes. L’avocat a notamment interpellé l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) :
« C’est bien beau que la parole des femmes se libère, mais vous préparez un curieux mode de vie aux générations futures. »
Il a interrogé les jurés composant le tribunal d’assises de Seine-Saint-Denis chargé de juger l’affaire :
« Mesdames et messieurs les jurés, si votre fils touche le genou d’une copine dans sa voiture, c’est une agression sexuelle, ça? »
Un discours critique à l’égard du féminisme de ces dernières années a soutenu, en partie, ses plaidoyers. Si en effet, « il y a des hommes prédateurs », il y a aussi « des femmes qui sont attirées par le pouvoir, qui aiment ça », selon l’avocat qui donne un exemple : « une starlette par exemple qui veut réussir et se dit : je vais coucher, ‘c’est de la promotion canapé’« . Une référence claire non seulement au mouvement #MeToo et à l’affaire Weinstein, mais aussi, dans un contexte spécifiquement français, à l’accusation pour l’instant sans lendemain, faite à la fin du mois d’août contre Gérard Depardieu.
Alors que Me Dupont-Moretti a reconnu la « patience remarquable », de son client – tandis que « [lui, il leur sauterait] à la gorge », a-t-il ajouté à l’attention des jurés – il a qualifié les plaignantes de personnes « incohérentes » et « manipulatrices ». Lorsque l’une d’entre elle explique avoir parlé de réflexologie lors de son premier rendez-vous avec Georges Tron, l’avocat en déduit que, clairement, « elle y va pour le pécho ».
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