Le président du parti souverainiste de droite Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a été pris à partie par des militants de gauche alors qu’il était interviewé pour « Complément d’enquête » pendant l’évacuation d’un camp de réfugiés.
Le cadre choisi par Nicolas Poincaré et son équipe pour interviewer Nicolas Dupont-Aignan, président du parti souverainiste de droite Debout la France, ce 17 septembre dans Complément d’enquête n’a pas été du goût de tout le monde. Pour cette émission consacrée à l’exode des migrants, le député de l’Essonne était invité à s’exprimer depuis le quai d’Austerlitz, à Paris, pendant que l’évacuation d’un camp de réfugiés était en cours dans son dos.
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Lors de cet échange avec le présentateur de l’émission, Nicolas Dupont-Aignan a déroulé son discours anti-immigration habituel, arguant que la « capacité d’accueil du pays [était] saturée », et affirmant que la Hongrie et la Pologne « ont raison » de fermer leurs frontières (à partir de 19 minutes sur cette vidéo).
« Le décor est un peu étonnant vu votre discours »
Cette mise en scène s’est avérée périlleuse. Présents lors de l’opération en signe de soutien aux migrants, le coordinateur politique du Parti de gauche Eric Coquerel, et la conseillère de Paris (PCF) Emmanuelle Becker, ont repéré les fauteuils rouges de Complément d’enquête. A la vue de Nicolas Dupont-Aignan, ils ont tenté d’interrompre l’interview, qui était déjà arrivée à son terme.
Nul : Complément d’enquête utilisant l’évacuation du camp d’Austerlitz comme décor pour un itw avec @dupontaignan ! pic.twitter.com/4Fu0nxvXuE
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 17 Septembre 2015
Avec @ManuBecker j’interrompts l’itw de @dupontaignan par @Compldenquete avec pour décor les réfugies d’austerlitz pic.twitter.com/cYNYMSP8Ya
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 17 Septembre 2015
La scène a été filmée par le journaliste indépendant Alexis Kraland (voir vidéo ci-dessous). « Le décor est un peu étonnant vu votre discours », entame Eric Coquerel avant qu’Emmanuelle Becker n’hausse le ton.
« Moi je ne voulais pas être ici »
Rapidement entouré d’une petite foule, Nicolas Dupont-Aignan se défend d’avoir choisi lui-même ce contexte pour l’interview : « Adressez-vous à M. Poincaré, moi je ne voulais pas être ici ».
Plus tard sur Twitter, il précise encore « que le lieu de l’itw, lorsque je l’ai accepté, était de l’autre côté de la Seine ». Sans doute était-il conscient que sa présence à cet endroit et à ce moment pouvait être interprétée comme une provocation.
Retrouvez-moi ce soir dans @Compldenquete. Je précise que le lieu de l’itw, lorsque je l’ai acceptée, était de l’autre côté de la Seine. — Dupont-Aignan (@dupontaignan) 17 Septembre 2015
Contacté par Les Inrocks, le député de l’Essonne explique :
« J’étais totalement hostile à ce lieu, j’ai même failli annuler. L’entretien était prévu rive droite. Quand j’ai appris qu’il avait été déplacé, j’ai refusé de venir. Poincaré a reculé le lieu de cent mètres, il m’a montré le cadrage. J’aurais pu faire un drame en annulant l’émission mais je suis tout de même venu. Je ne trouvais en tout cas pas adéquat d’être assis là devant des tentes en train d’être évacuées ».
Nicolas Dupont-Aignan n’était pas le seul invité de ce numéro de Complément d’enquête : Mohed Altrad, patron du groupe Altrad et ancien réfugié syrien, et Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement (PS), ont également réagi aux différents reportages.
Contactée, l’équipe de l’émission n’a pas souhaité nous répondre.
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