Selon un sondage organisé par la fondation Thomson Reuters, l’Inde est officiellement le pays le plus dangereux pour les femmes, devant l’Afghanistan, la Syrie et la Somalie. L’étude réalisée selon six critères, allant de la santé aux violences sexuelles, en passant par les traditions culturelles, dresse un bilan des plus alarmants.
L’étude menée par la fondation Thomson Reuters dresse un bilan des plus sombres pour le pays : la situation de la femme en Inde est effrayante. Qu’il s’agisse d’abus sexuels, d’infanticides de petites filles, d’injustice ou de traditions culturelles d’un autre âge telles que le mariage forcé, l’Inde se tient debout sur la première place d’un podium dont le pays se serait bien passé. Pourtant, d’après la même étude, en 2011, l’Inde se situait à la quatrième place. La situation se dégraderait-elle ?
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En 2012, à New Delhi, le scandale survenu après un viol collectif eut pour effet de libérer une partie des femmes de leur mutisme. La condamnation à mort en cas de viol sur un mineur de 12 ans est maintenant possible et, ce lundi 9 juillet, trois hommes ont été condamnés pour l’affaire ayant fait tant de bruit. Désormais, de nouveaux crimes ont été introduits dans la loi indienne, notamment celui de l’attaque à l’acide, et le nombre de plaintes de femmes a considérablement augmenté.
Une situation inégale
Ces réformes sont-elles suffisantes ? Sans doute pas. La condition féminine en Inde inquiète d’autant plus que les modestes améliorations en matière de santé et de pratiques culturelles se trouvent être limitées aux grandes villes, aux populations plus libérales et éduquées. L’infanticide, par exemple, est encore beaucoup pratiqué dans les zones rurales, quand il s’agit de bébés filles.
L’étude pratiquée par la Thomson Reuters Foundation soulève, cependant, de nombreuses critiques. Le Premier ministre indien Narendra Modi la qualifie alors comme étant « une opération destinée à calomnier la nation indienne et à détourner l’attention des améliorations réelles constatées ces dernières années « . La campagne « Beti Bachao Beti Padhao » (« sauvons les petites filles, éduquons-les »), menée par ses soins trois ans plus tôt, aurait-elle failli ? Rahul Gandhi, actuel président du Parti du Congrès, formation d’opposition, dénonce à l’occasion d’un tweet : « Pendant que notre Premier ministre gambade sur sa pelouse, l’Inde dépasse l’Afghanistan, la Syrie et l’Arabie saoudite en matière de violences faites aux femmes. Quelle honte pour notre pays ! ».
Quatre viols par heure
Si l’indignation du législateur semble plus ou moins compréhensible, il est étonnant d’observer que le milieu associatif et féministe fustigent, eux aussi, l’étude de la Fondation, la jugeant biaisée : « En Arabie saoudite, les femmes n’ont pas le droit d’essayer des vêtements dans les magasins. La simple idée qu’elles puissent se dévêtir dans une cabine y est apparemment inconcevable pour les hommes », indique au Monde Vandana, spécialiste indienne des questions de genre. Néanmoins, selon les données du gouvernement indien, quatre cas de viol sont recensés par heure et le risque, pour une femme, d’être réduite à l’esclavage demeure élevé.
Les Indiennes, elles-mêmes, dénoncent un patriarcat et une domination masculine loin d’être spécifiques à leur pays : « la Fondation Thomson Reuters se justifie en expliquant que les Indiennes sont toujours considérées comme des citoyens de seconde zone. Mais dans quel pays n’est-ce pas le cas ? « , poursuit Vandana. En effet, selon ce même sondage, les Etats-Unis se placeraient désormais en 10e position… La condition féminine demeure donc alarmante partout dans le monde.
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