Lundi 2 juillet, au lendemain de l’entrée en vigueur de la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes départementales, Edouard Philippe a affirmé que les amendes des dépassements de vitesse viendraient alimenter un fonds dédié aux hôpitaux.
« L’objectif, ça n’est pas d’emmerder le monde », a réitéré Edouard Philippe au micro de RTL lundi 2 juillet, au sujet de la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes départementales, inscrite au Journal officiel le 17 juin et entrée en application dimanche 1er juillet. Le chef du gouvernement a affirmé dans la foulée que l’argent des PV pour excès de vitesse sur les 400 000 km de routes secondaires non équipées de séparateur central, « ne viendr(ait) pas alimenter le budget de l’Etat, il viendra alimenter le budget des établissements qui participent à la reconstruction des blessés ».
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Ce n’est pas pour « emmerder » les automobilistes
Cette loi tend « à faire en sorte qu’il y ait moins de morts et moins de blessés graves » et quand il y en a, « ça coûte beaucoup d’argent ». « Le produit de ces amendes, qui s’élèvent à 68€, permettra de financer » les soins aux « gens qui ont perdu deux jambes, ou qui ont des lésions cérébrales permanentes, qu’il faut accompagner pour se reconstruire. » Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière, avait déjà évoqué le 20 juin que les dépassements de vitesse viendraient alimenter le un fonds dédié aux hôpitaux, « traçable en loi de Finances ».
#80kmh : ce n’est pas pour remplir les caisses ! Le produit des amendes sera systématiquement et exclusivement affecté aux établissements qui accompagnent le soin et la rééducation des accidentés de la route. #RTLMatin pic.twitter.com/sARlg0pqwu
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) July 2, 2018
Un engagement qui vise à contrer l’impopularité de cette mesure contestée de toute part, notamment sous le chef d’accusation que cette loi viendrait remplir les caisses de l’État. Pour le premier ministre, « en politique, il faut savoir prendre des décisions qui sont impopulaires quand on pense qu’elles sont bonnes pour le pays » ; par ailleurs, « plus personne ne grogne, quelques années après, quand les résultats sont là ». Pour Emmanuel Barbe, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est la « loi des grands nombres », intrinsèque à cette mesure. « Ce n’est pas intuitif. On s’est tous fait peur un jour avec un téléphone au volant ou avec une conduite en état d’ébriété, et on se dit que rouler à 80 ne va rien changer » ; pourtant, le gouvernement estime que cette loi devrait éviter 300 à 400 morts sur la route par an.
De grands chiffres sur le long terme
Pourtant, selon un sondage Odoxa, seuls 27% des Français pensent que cette mesure va véritablement baisser le nombre de décès par accidents routiers. De surcroît, trois Français sur quatre jugent cette limitation comme « une mesure technocrate décidée par des gens qui ne comprennent pas le quotidien des Français », surtout en milieu rural. Le gouvernement a tenté de convaincre les plus sceptiques en investissant près 5 millions d’euros en campagne de communication, notamment le spot des « 13 mètres » qui a, à lui seul, coûté deux millions d’euros à l’État. Un investissement de taille, pour un résultat peu concluant. « Pourquoi est-ce que vous pensez une seconde que mon objectif ce serait d’emmerder l’automobiliste qui le matin prend sa voiture pour aller travailler ? », tancera un Premier ministre passablement agacé au micro de RTL.
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