C’était sans doute le sommet de leur carrière, et pourtant, Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, les deux modérateurs du débat de l’entre-deux tours de la présidentielle qui a eu lieu le 3 mai, semblent être passés à côté. L’un, chef du service politique de TF1, a été transparent, l’autre, son homologue sur France 2, s’est transformée en mème en un temps record sur les réseaux sociaux – qui ont rapidement fait paraître des « alertes enlèvement« parodiques. Il faut dire que Marine Le Pen et Emmanuel Macron ne leur ont pas permis d’en placer une, occupés qu’ils étaient à s’invectiver dans une effusion de violence verbale assez ahurissante à ce niveau.
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https://twitter.com/Freezze/status/859856464952909827
Nathalie Saint-Cricq revient sur cette expérience apparemment assez traumatisante dans Le Parisien :
« D’emblée Marine le Pen a attaqué Emmanuel Macron. Il a voulu se défendre, ce qui est normal. Je savais que les charges arriveraient mais je ne pensais pas qu’elles fuseraient dès l’introduction. Ça a été incroyablement violent. On ne l’a pas forcément bien vu à l’antenne, mais on a tenté de nombreuses fois de les remettre dans le droit chemin en leur rappelant qu’ils ne respectaient pas les règles qu’ils avaient eux-mêmes fixées et qu’ils voulaient aborder 12 thèmes en 2h15… Mais ils ne nous regardaient pas et ne nous écoutaient pas. Et ne répondaient pas à nos questions », relate-t-elle.
ALERTE ENLÈVEMENT 2 journalistes ont disparus ce soir du plateau de #2017LeDebat pic.twitter.com/sLmJeWtIF7
— Alexis Poulin (@Poulin2012) May 3, 2017
« L’idée de quitter le plateau m’a traversé l’esprit »
Après ce débat de deux heures qui leur a totalement échappé, la journaliste politique de France 2 semble amère, et révèle avoir pensé à quitter le plateau :
« Je m’interroge bien évidemment sur ce qu’on aurait dû faire pour être meilleurs. L’idée de quitter le plateau et en leur disant qu’on reviendrait après le match de football m’a traversé l’esprit. Ca aurait été drôle et ça aurait fait son effet. Mais pour cette soirée, on ne peut pas faire ça, et on ne peut pas hurler. On est tenu à un rôle de neutralité. Notre marge de manœuvre est extrêmement limitée. On est là pour passer les plats. »
Cette dernière affirmation est cependant contradictoire avec une interview des deux journalistes parue le jour du débat dans Le Figaro, et dans laquelle Nathalie Saint-Cricq affirmait qu’ils joueraient certes « avant tout un rôle de médiateur », mais que « ça ne veut pas dire que nous serons des passe-plats ».
https://twitter.com/berenice3_15/status/860023282371891200
La journaliste n’a évidemment pas pu échapper à son mème, qui a abondamment circulé toute la soirée, et sur lequel son visage exprime tant l’exaspération que la déprime. A ce sujet, elle fait preuve d’autodérision :
« J’ai lu des trucs très drôles : un tweet où on disait que j’avais une tête de citrouille ou un autre avec de fausses alertes enlèvement avec le visage de Christophe et le mien. Quand on fait un exercice comme celui-ci, il faut accepter d’être moquée. Il ne faut pas avoir d’égo. Surtout que j’ai un visage expressif même si j’ai essayé de masquer mon énervement ».
Quand le prochain métro arrive dans 17 minutes #Nathalie2017 #2017LeDebat pic.twitter.com/DgOIXbleIz
— Topito (@topito_com) May 3, 2017
« Cela reflétait assez bien ma pensée du moment », a-t-elle ajouté sur le live de France Info.
« Un sentiment de malaise »
Sur le fond, si elle regrette que certains thèmes essentiels comme l’écologie n’aient pas pu être abordés alors qu’ils étaient au programme initial, elle estime cependant qu’il est « sain pour la démocratie d’avoir ce genre d’échanges » : « Il n’y avait pas de bonne solution. Se taire aurait été reconnaître les accusations dont il faisait l’objet. Il a choisi d’y répondre en partie. L’ensemble me donne un sentiment de malaise », conclut-elle.
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