Le quotidien lance sa nouvelle formule le 7 septembre. Avec l’ambition de reconquérir son lectorat, et d’offrir une offre développée sur son site. La complémentarité des supports et des enquêtes sont plus que jamais au menu.
Les faits, les faits, les faits. Pour les journaux quotidiens, cette vieille rengaine journalistique a pris un sérieux coup de plomb dans l’aile depuis que l’info suinte en continu de tous les pores de l’internet et babille en flux tendu depuis la
bande FM et les chaînes d’info 24 heures sur 24. Arrivé au kiosque, le lecteur a de grandes chances d’être parfaitement au point sur le “où, quoi, qui, quand” et de faire la moue devant une actualité tiédie par le monceau de news qu’il a avalé avec son petit déjeuner. Pourquoi payer pour se voir répéter que “Michael Jackson est mort” alors que la nouvelle a déjà failli faire sauter le web pendant
la nuit ?
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Plutôt que de continuer à regarder baisser ses ventes et la pub déserter ses pages, Libération a décidé de prendre les choses en mains pour proposer à ses lecteurs dès le 7 septembre, une nouvelle formule qui prenne en compte cette évolution de la presse. “Ce n’est pas une nouvelle formule, feint Laurent Joffrin son directeur, mais une évolution supplémentaire pour s’adapter au marché
tel qu’il est. Le secteur du gratuit nous oblige à redéfinir ce qu’est un quotidien, il ne doit pas suivre l’actu, mais la créer.” N’empêche que pour procéder à cette “création”, le journal a largement revu sa copie et fait la part belle aux enquêtes approfondies et aux reportages. “Le journal sera construit autour de quatre grands sujets qui se développeront chacun au moins sur une double page”, explique Joffrin. Tout ce qui fait magazine sera renforcé : la page Vous (“la partie citoyenne” du titre) qui en occupera désormais deux ou trois, ainsi que les pages Rebonds, Débats et Terre.
“Ce qui fonctionne on le garde”, nous assure-t-on à Libé pour qui nouvelle formule n’a pas toujours rimé avec succès. En 1994, Libé 3, ambitieux quotidien de 80 pages avait été un gouffre financier et un échec public retentissant. Et en 2007, la nouvelle formule concoctée par le cabinet Rampazzo n’avait pas suffit à enrayer la baisse du lectorat. D’où cet exercice d’équilibriste, de changement dans la continuité, pour trouver sa place entre le news pur dévolu à l’internet
et les magazines.
“Face à la banalisation de l’information qui la rend redondante, la presse écrite doit travailler sa valeur ajoutée, ce qui est nettement plus compliqué pour les quotidiens que pour les magazines”, explique Jean-Marie Charon, sociologue
des médias. D’autant plus compliqué que pour offrir un contenu enrichi dans le
temps court du quotidien “il faut des équipes solides et nombreuses”, ce que, au grès des licenciements économiques et des départs volontaires, Libé a en partie perdu. C’est malgré tout sur une “véritable montée en gamme” que table le quotidien avec plus de mise en scène et plus de débats pour explorer “ce qui va se passer après, avec un rythme nouveau”, assure Laurent Joffrin, qui annonce
entre autres nouveautés, une partie magazine qui viendra le samedi s’ajouter à la pagination du titre dont le prix restera inchangé (1,30 euros).
Nouvelle stratégie aussi sur le net, puisqu’au diapason de la tendance actuelle des sites d’information, libe.fr va inaugurer une partie payante ou “premium”, dans laquelle l’internaute pourra dès le matin consulter son journal en ligne et accéder aux trente-six ans d’archives du journal. Mieux, il aura la possibilité d’assister en direct à la réalisation du quotidien dès 20 heures et de compulser sa prépublication en ligne dès 22heures 30 (le site proposera deux offres, l’une à 6 euros et l’autre à 12 euros par mois). Une tentative de synergie entre les versions papier et web qui illustre la quête de nouveaux modèles pour la presse écrite.
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