Le maire de Béziers, Robert Ménard, affirmait le 4 mai lister les enfants de sa ville en fonction de leurs prénoms révélateurs, selon lui, de leur religion. Cette démarche illégale a déclenché un tollé sur la toile. Florilège des réactions indignées.
Dans l’émission Mots croisés du 4 mai, Robert Ménard a affirmé ficher les élèves des écoles de Béziers et en conclure leur confession religieuse. « Pardon de vous dire que les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier une évidence », tentait-il de se justifier.
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Plusieurs personnalités ont tenu à lui répondre.
La réplique de l’ex-miss France Malika Ménard
L’ex-miss France Malika Ménard a été attaquée pour son homonymie avec le maire de Béziers. Elle a donc réagi sur son compte Instagram et Twitter face à ces twittos énervés. Elle se dit fière de son « prénom qui pourrait (lui) valoir un fichage en règle » et affirme être une « femme libre, amoureuse de son pays, de sa diversité ethnique et religieuse, et fière de toutes ses racines, sans exception ». Son message a été retwetté plus de 2000 fois.
— Malika Menard (@MenardMalika) 6 Mai 2015
« Il faut s’insurger contre les pratiques de Robert Ménard »
La journaliste d’Arte, Nadia Daam a également dénoncer les obscures pratiques de Ménard. Sa mère est musulmane, elle est athée. Sur Slate, elle revient sur les stigmates habituels et les grandes théories complotistes avec humour.
« Oui, il faut s’insurger contre les pratiques de Robert Ménard, contre les cinglés adeptes de la théorie du grand remplacement, contre ceux qui voient en l’islam une menace, contre ceux qui sont persuadés que les musulmans, et par extension les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de musulmans, ont un plan secret qui consiste à coloniser la France à grand renfort de viande hallal, contre ceux qui assimilent l’islam au terrorisme, » ironise-t-elle.
Néanmoins, elle n’oublie pas de rappeler que l’amalgame n’est pas propre à Robert Ménard. « D’après les chiffres d’Emmanuel Todd, je suis musulmane, d’après Nicolas Sarkozy, je suis musulmane, d’après le FN, je suis musulmane. (…) D’après les collègues que j’ai eus dans ma vie professionnelle et qui m’ont demandé si « ça va, c’est pas trop dur le ramadan », je suis musulmane, » explique-t-elle.
Les réactions d’anonymes
De nombreux anonymes ont également tenu à interpeller l’élu d’extrême droite. Sur Rue89, Jihad, aide-soignant de 36 ans, revient sur ses origines. Choisi après avoir posté un commentaire sur le Facebook du site participatif, le jeune homme interpelle le maire de Bézier en expliquant l’absurdité de son raisonnement :
« Je suis issu d’une famille chrétienne maronite du Liban par mon père, française de ma mère et je suis né en France.
J’ai cette double culture et je me permets en plus le luxe d’être athée.
Le prénom Jihad, au Liban, est majoritairement porté par la communauté chrétienne, qui représente près de 40% de la population du pays.
C’est un prénom très courant, presque comme Stéphane ou Julien en France. Et ça ne choque personne. » explique-t-il dans sa tribune.
Il évoque également les clichés racistes au quotidien et défend son prénom avec fierté. « J’ai l’habitude des bêtises. Les blagues et les jeux de mots sur mon prénom, j’ai vraiment tout entendu. On m’a même suggéré de changer de prénom mais non, ce n’est pas à moi de me mettre à genoux devant les clichés des autres. » commente-t-il. Pour Robert Ménard, en 2005, on comptait quinze enfants prénommés « Jihad » en France. Et « jihad » ne veut pas dire « djihad ».
« Robert Ménard monte les enfants les uns contre les autres »
Sur le plus de l‘Obs, Hasnia Haddou s’insurge au nom de sa fille. Cette habitante de Béziers revient sur le danger qu’une telle liste peut provoquer sur les enfants :
« C’est honteux car dans des écoles comme celle de ma fille, il y a une mixité totale des cultures. Toutes les communautés vivent ensemble dans la joie et la bonne humeur. En fichant ces élèves, Robert Ménard monte les enfants les uns contre les autres. D’ailleurs, il y a peu, une petite fille m’a dit :
« Moi, je n’aime pas les gens qui ne mangent pas de porc ».
Comment un enfant de maternelle peut-il tenir ce genre de propos ? Les parents sont responsables, mais ils sont surtout influencés par des personnalités comme Robert Ménard, qui veulent diviser la population, » témoigne-t-elle.
Hasnia redoute le pire pour sa fille dans une ville où les enfants sont jugés en fonction de leurs prénoms par le maire. « Maintenant, je redoute que l’on dise à mes enfants dans la cour de récréation « Je ne joue pas avec toi, car ton prénom n’est pas français ». Je pense que Robert Ménard est capable de tout, alors je me méfie de lui », ne décolère pas la jeune mère. Quant à Robert, ce prénom est d’origine germanique et très populaire au Royaume-Uni.
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