Ce vendredi 6 mai, une soixantaine de manifestants a occupé la prestigieuse institution française pour lutter contre le projet de loi travail et la précarisation de l’emploi dans les organismes culturels. Pour la première fois depuis la création de l’établissement, la police est intervenue à la demande de la direction pour évacuer de force les manifestants.
Cher Frédéric, nous nous connaissons depuis pas mal de temps, et malgré les vicissitudes de la vie intime et professionnelle, j’ai toujours gardé beaucoup d’admiration pour ta pensée critique, ta culture, pour ton travail, partout où tu es passé (et aussi beaucoup d’affection, et tu sais pourquoi).
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Nous nous sommes parfois opposés, mais peu importe et c’est tant mieux. Les déclarations récentes de ton sous-directeur (la Cinémathèque française « n’est pas de gauche ») et la décision de faire appel aux CRS pour évacuer au plus vite ses locaux que des citoyens et cinéphiles qui veulent seulement penser et parler de l’avenir de notre société occupaient nous chagrinent beaucoup, nous, générations qui avons aimé le cinéma grâce à la Cinémathèque et ce qu’elle incarnait.
Tu diriges aujourd’hui la Cinémathèque française, et j’en suis sincèrement heureux, car je crois que tu étais destiné à ce poste. Nous attendons de toi que tu adoptes une attitude claire à ce sujet. Il est évidemment hors de question que des cinéastes de droite ou dits de droite n’y aient plus droit de cité. Mais il nous est insupportable d’admettre que cette institution, avec son histoire et son passé glorieux, chaotiques, mouvementés, voire parfois folkloriques, puisse aujourd’hui adopter en les assumant des méthodes policières et de gestion du personnel proprement de droite.
Affection sincère.
Jean-Baptiste Morain
NB : Frédéric Bonnaud est l’ancien directeur de la rédaction des Inrockuptibles.
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