Le nouveau Mario, les premiers jeux PS4, le portrait-robot du gamer français, Need For Speed, une Bible pour la Game Boy et une pépite sud-africaine : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen
Fiesta : Super Mario 3D World
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La première présentation publique de Super Mario 3D World (sur Wii U, Nintendo, environ 50 €) avait suscité la méfiance. Après le faramineux diptyque Super Mario Galaxy, cet héritier du volet portable Super Mario 3D Land n’était-il pas un Mario de seconde zone, au développement accéléré pour envoyer le plombier au chevet d’une Wii U aux ventes défaillantes ? Si tel est le cas, on n’ose même pas imaginer ce qu’aurait donné un Mario vraiment ambitieux car celui-ci se révèle un époustouflant festival d’idées ludiques. Là où la branche 2D des New Super Mario Bros mise sur le parcours à effectuer dans le bon tempo, là où Mario Sunshine privilégiait l’exploration, ce Mario 3D World est d’abord une affaire de dispositifs, d’attractions foraines (avec un accent bienvenu sur la verticalité) que l’on essaie seul ou à plusieurs, le sourire vissé aux lèvres, avec la certitude que la suivante sera à la fois différente et aussi réjouissante. La nouvelle transformation – en chat qui grimpe aux murs – est exemplaire de ce que réussit Mario 3D World : l’alliance parfaite de la fonction et de la forme. Le parfait jeu de Noël est arrivé.
News : le joueur français a 41 ans
Surprise : non seulement le joueur moyen n’est plus, en France, un adolescent, mais il serait même âgé de 41 ans (contre 35 ans en 2012) si l’on en croit les chiffres du Livre Blanc annuel du Syndicat National du Jeu Vidéo publié cette semaine. Mieux : les joueurs sont à 52% des joueuses alors que le “segment le plus actif” de la population est celui des femmes âgées de 30 à 50 ans. Ces évolutions statistiques sont directement liées à celles des pratiques et en particulier à l’essor du jeu sur smartphone ou tablette qui n’est pas pour rien dans le triplement en dix ans du nombre de joueurs en France (31 millions en 2013). Ce Livre Blanc, qui se penche aussi sur l’évolution du marché français du jeu vidéo et sur les grandes tendances actuelles, est accessible gratuitement sur le site du SNJV.<img alt="" src="data:
High-tech : Killzone : Shadow Fall
C’est LE gros jeu de lancement de la PlayStation 4, disponible en France, comme la nouvelle et séduisante (car à la fois puissante, compacte et richement connectée) console de Sony, depuis ce vendredi. Et, sur le plan technique, le quatrième volet (hors spin-offs portables) de la saga SF guerrière des Néerlandais de Guerrilla remplit son contrat. Finesse graphique, distance de vue, consistance des matières et subtilité des reflets : on n’a sans doute jamais rien vu tourner d’aussi impressionnant sur une console de jeu. Mais c’est justement de jeu qu’il s’agit et, sur ce plan, les avancées sont nettement moins impressionnantes. Pour tout dire, Killzone : Shadow Fall (Sony, environ 60 €) se révèle un FPS assez banal et routinier, à la progression arbitraire et, par moments, assez confuse, loin des sommets (narratifs, tactiques, environnementaux…) du genre. Au point que les affrontements semblent un peu le prix à payer pour profiter du décor – car voilà ce qu’est surtout ce nouveau Killzone : une belle collection de décors.
Vroum : Need For Speed Rivals
Curieux destin que celui de Need For Speed. En perte de vitesse au milieu des années 2000, la série de course automobile s’était relancée non pas en optant pour un style de jeu unique,mais en multipliant les approches, du pilotage en monde ouvert à l’arcade vrombissante en passant par la simulation sérieuse (avec le spin-off Shift). Nouveau virage avec Need For Speed Rivals (PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One et PC, Electronic Arts, 40 à 70 €) qui marque le passage de la “franchise” entre les mains des Suédois de Ghost Games. S’appuyant sur les belles réussites de leurs prédécesseurs de Criterion (Most Wanted, Hot Pursuit), ils recentrent l’affaire sur le jeu du chat à moteur et de la souris montée sur roues entre flics et fous du volant. Les audaces seront peut-être pour le Need For Speed. En attendant, l’expérience se révèle à la fois riche, prenante et sacrément physique – sur PS4, en particulier, ça décoiffe.
Indé 1 : Contrast
On aurait tant aimé adorer Contrast (PS3, PS4, Xbox 360 et PC, Compulsion Games / Focus, de 15 à 20 €). Avec ses airs de films expressionniste, sa musique jazzy et son à base d’ombres – l’héroïne en devient une et, alors, peut prendre appui sur celles qui se dessinent sur les murs –, l’œuvre des Québécois de Compulsion Games avait a priori tout pour plaire. Malheureusement, une fois la manette en main, quelque chose ne va pas. Tout cela est bien trop raide, trop empesé, qu’il s’agisse des mouvements de l’héroïne ou de la logique même de la progression – on n’expérimente pas, on ne joue pas avec les ombres : on essaie seulement de trouver la solution qui n’est pas toujours aussi satisfaisante qu’on pourrait l’imaginer. On s’accroche quand à Contrast pour son admirable direction artistique, pour son récit intriguant. Mais quel dommage…
Indé 2 : Desktop Dungeons
On n’a pas tous les jours l’occasion de s’adonner à un jeu sud-africain. On n’a pas non plus si souvent l’occasion de découvrir une relecture d’un genre établi aussi fine, entraînante et soucieuse de la vie du joueur que Desktop Dungeons (PC et Mac, QCF Design, 14 €). Le genre en question est l’un des plus anciens qui soient, le Rogue-like, descendant d’un titre pionnier de 1980 héritier, de son côté, des jeux de rôle type Donjons et Dragons. Le principe : vous parcourez des labyrinthes regorgeant de monstres à affronter et de trésors à ramasser. Diablo en est sans doute le représentant actuel le plus connu. Mais si Desktop Dungeons reprend le canevas de Rogue et ses frères, c’est en misant tout sur l’accessibilité de l’expérience. Les parties sont courtes, elles se déroulent dans une petite fenêtre qui s’ouvre sur le bureau de l’ordinateur et le gameplay se révèle d’une simplicité lumineuse – même si l’on meurt souvent. Des versions iPhone et Android sont en chantier. Tout le monde devrait lâcher Candy Crush Saga pour jouer à ça.
Livre : La Bible Game Boy
Dans le désormais riche catalogue des indispensables Editions Pix’n Love, les “Bibles” tiennent une place à part. Consacrées à une machine en particulier (l’Amiga, la NES, la Super Nintendo…), elles en retracent certes l’histoire avec force anecdotes et en la replaçant dans son contexte historique, mais leur gros morceau est la recension critique de l’ensemble des jeux que ladite console peut faire tourner. Dans le volume tout frais consacré à la première Game Boy (320 pages, 34,90 €), celle dont l’écran était monochrome figurent ainsi plus de 1 300 jeux. Certains ont marqué leur époque comme Tetris, Wario Land ou Metroid II, mais qui connaît la simulation de vie animale Kandume Monsters ou le jeu de rôle God Medicine ? L’ouvrage collectif rappelle aussi les principes qui ont conduit à la conception de la Game Boy (en matière de coûts de production, d’ergonomie, de consommation d’énergie…) et rappelle que tout aurait sans doute été différent si la Lynx d’Atari, console portable qui, elle, possédait un écran couleur, était sortie comme prévu en 1987, soit deux ans avant la Game Boy.
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Gratuit : The Entertainment
Entre deux chapitres de leur fabuleux jeu d’aventure bluegrass aux accents lynchiens Kentucky Route Zero, Jake Elliott et ses compères du mini-studio Cardboard Computer ont pris l’habitude de livrer des “entractes” prenant place dans le même univers et encore moins conventionnels (ce qui n’est pas peu dire) que le jeu original. Destiné à nous faire patienter jusqu’à l’épisode 3, The Entertainment risque de surprendre, voire d’énerver les intégristes de l’interactivité. Que se passe-t-il dans ce bar mal éclairé ? Quel est ce “divertissement” que tout le monde semble attendre ? On révèlera seulement que le double sens, théâtral et ludique, du verbe “jouer” est au cœur de l’expérience. Pour le reste, le mieux est encore de s’y essayer.
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