Le jeu le plus sexuel du monde, le retour de Batman, Phoenix Wright contre le Professeur Layton et une starlette japonaise un peu spéciale à Paris : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Extase : Luxuria Superbia de Tale of Tales
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le jeu vidéo a un problème avec le sexe, que l’industrie aborde avec réticence. Les indépendants sont plus audacieux mais aucun n’était allé aussi loin que le studio belge Tale of Tales, c’est-à-dire Auriea Harvey et Michaël Samyn. Le couple nous avait déjà donné Bientôt l’été, jeu expérimental inspiré de Marguerite Duras. Leur nouvelle création, Luxuria Superbia (sur PC, Mac, Linux, iPad, Ouya et Android, de 2,70 à 7 €), est encore plus folle et étonnante. C’est le jeu le plus sexuel du monde. Mais pas comme on pourrait l’imaginer : à la fois incroyablement frontal et totalement métaphorique, Luxuria Superbia ressemble à la rencontre des fleurs de Georgia O’Keefe et des jeux de Tetsuya Mizuguchi (Rez, Child of Eden). Le but : « satisfaire » votre tablette, cet objet intime. A nous de la toucher, la frotter, la caresser (manette ou souris s’y substituent sur les plateformes non tactiles). Mais pas trop vite, pas trop fort, sauf que parfois si – il n’y pas de règle infaillible. La musique, le tunnel, les apparitions (fleurs, hirondelles…) nous conduisent au bord de la transe. Et puis tout est fini, on sort de la fleur. Etourdi, incrédule, rayonnant.
News : Les vaches françaises sont lâchées
On connaissait les sites de financement participatif (Kickstarter, Indiegogo). On connaissait aussi les ventes de jeux en lots (Humble Bundle, Indie Royale). Lancé par les membres de quatre studios associés pour l’occasion, French Cows réunit les deux. Deux packs de jeux indépendants made in France sont proposés (9 € les quatre titres, sur PC, Mac, Linux, Android). Mais passer à la caisse n’est que le début d’une « saison » de six mois (prix de lancement pour ne rien manquer : 15 €) au cours de laquelle les développeurs, en échange des sommes perçues, vont ajouter des modes de jeu, peaufiner leurs œuvres ou carrément en concevoir de nouvelles. D’autres packs viendront rejoindre les deux premiers. Affaire (prometteuse) à suivre.
<img alt="" src="data:
Blockbuster : Batman Arkham Origins
Avec le diptyque Batman Arkham Asylum – Arkham City, le studio britannique Rocksteady a réussi une performance rare : faire exister un personnage de super-héros indépendamment de son double de cinéma en s’inspirant à la fois des comics et de quelques jeux à succès, de Metal Gear Solid à Assassin’s Creed. Développé cette fois en interne par Warner, Batman Arkham Origins (sur PS3, Xbox 360, Wii U et PC, de 40 à 60 €) s’éloigne peu de la formule des précédents. C’est à la fois ce qui le rend plaisant à jouer et ce qui limite sa portée car, au fond, quoi de plus contrariant qu’un super-héros en voie de banalisation ? Reste un détail : le jeu prend place à la période de Noël. Il y gagne, sous la neige, une tonalité ouatée qui contraste agréablement avec la brutalité des affrontements.
Duel : Professeur Layton contre Phoenix Wright
L’aventure qui les réunit demeurant inédite en Europe, c’est à distance que s’affrontent le Professeur Layton et Phoenix Wright, les deux visages du jeu d’enquête japonais. Commercialement, le maître des énigmes tordues, qui tire sa révérence avec le brillant Professeur Layton et l’Héritage des Aslantes (sur 3DS, Level 5 / Nintendo, 45 €), a pris le dessus sur l’avocat manga qui, pour Ace Attorney – Dual Destinies (3DS, Capcom, 25 €), n’a droit qu’à un jeu dématérialisé et en anglais. Mais l’histoire n’est pas la même sur le plan ludique où la différence est d’abord philosophique, ce que souligne dans cet Ace Attorney, l’apparition d’un gadget permettant de lire les émotions des témoins appelés à la barre. Rationnel, Professeur Layton est centré sur la recherche de ce qui est, sur une vision du monde comme entrelacs de systèmes à déconstruire – d’où son goût pour le casse-tête. Pour Phoenix Wright, c’est ailleurs qu’il faut chercher la vérité : dans ce qui se dit, ce qui se ressent. D’un côté, la quête (humoristique) d’un savoir objectif. De l’autre, la ronde des masques, des subjectivités. Entre les deux, il n’est pas indispensable de choisir.
Indé : Proteus d’Ed Key et David Kanaga
Ne jamais manquer une occasion de chanter les louanges de Proteus qui, déjà disponible sur Mac et PC, débarque aujourd’hui sur PS3 et Vita (Curve Studios, 13 €). Pour vivre pleinement l’expérience proposée par les Britanniques Ed Key et David Kanaga, il faut oublier ses réflexes de gamer. Débarquer l’esprit, les oreilles et les yeux grand ouverts sur cette île (différente à chaque partie) graphiquement primitive et pourtant si belle. Se laisser guider par une lueur, un son, la course d’un animal ou le vent. La lumière change, les saisons se succèdent. Quelle prise avons-nous sur les événements ? On ne le saura jamais vraiment et, au fond, ce doute même est précieux. Cette nouvelle version gagne quelques options, notamment dans la manière dont sont générées les îles. Elle n’en est que plus recommandée.
Concert : Hatsune Miku à Paris
Une authentique star japonaise débarque à Paris pour trois représentations de l’opéra The End (Théâtre du Châtelet, 12, 13 et 15 novembre). Une jeune femme menue (1,58 m, 42 kg) à la chevelure et aux grands yeux bleu turquoise dont certaines vidéos totalisent plusieurs millions de vues sur YouTube et qui possède une particularité : elle n’existe pas. Car Hatsune Miku est un logiciel de synthèse vocal qui a gagné un nom, une personnalité, un look manga et dont la popularité au Japon tourne au phénomène de société. Au Châtelet, c’est en vedette d’un « opéra futuriste » du musicien Keiichiro Shibuya que la « vocaloïde » se présentera. Mais les possesseurs de PS3 peuvent déjà côtoyer Miku-chan depuis deux mois grâce à Project DIVA F (Sega, 40 € en téléchargement), jeu de rythme dans la lignée de PaRappa The Rapper. Et qui, par son exubérance pop 100% nippone, se révèle l’une des expériences les plus dépaysantes de l’année.
Livre : Tout sur Assassin’s Creed IV
Les sites proposant des « solutions » de jeux – dont GameFaqs est le plus fameux – n’ont pas eu la peau des guides officiels. Au contraire : la concurrence du web semble avoir poussé leurs concepteurs à les soigner toujours plus. Edité par Piggyback, expert en la matière, celui d’Assassin’s Creed IV : Black Flag (388 pages, 20 €) est une nouvelle preuve que la fonction de ces gros ouvrages a changé. Terminées, les « simples » aides de jeu. Place au guide de voyage (avec carte géante à déplier, listes maniaques, illustrations abondantes…) qui est en même temps un album-souvenir et un volume de référence sur son univers. Et quand ce dernier est aussi riche que dans le cas d’Assassin’s Creed IV, le parcourir est déjà un régal.
<img alt="" src="data:
Gratuit : Tidbytes de Zoe Quinn
C’est avec Depression Quest, une brillante fiction interactive (sur la dépression, pas le thème ludique le plus évident) lancée pile pour la Saint-Valentin que l’on avait découvert Zoe Quinn. La jeune Américaine s’est depuis lancé un défi perso : concevoir un nouveau jeu (ou un truc qui y ressemble) toutes les deux semaines et, telle une dessinatrice de webcomics, mettre gratuitement (mais sans refuser les pourboires) le fruit de son inspiration à la disposition des internautes sur son nouveau site Tidbytes. En ligne depuis le 31 octobre, le premier est un quiz farfelu sur l’écrivain pour enfants R.L. Stine et sa série Chair de poule. Le suivant est attendu pour le jeudi 14 novembre. On sera au rendez-vous.
<img alt="" src="data:
{"type":"Banniere-Basse"}