La Première Guerre mondiale façon BD, un jeu de tir très pulp, une montagne à adopter et une déambulation mélancolique gratuite : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Jeu de la semaine : Soldats inconnus – Mémoires de la Grande Guerre
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Eh non, un jeu vidéo de guerre, y compris lorsqu’on le doit à l’un des plus gros éditeurs du monde, n’est pas nécessairement ce que l’on croit. Et quoi que l’on pense de Call of Duty (pas trop de bien) ou de Battlefield (nettement plus, quand même), cela fait chaud au cœur de découvrir la facétie BD doublée d’une belle sensibilité historique de Soldats Inconnus (Ubisoft, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, PC, 14,99 €), projet longtemps porté à bout de bras par le directeur artistique Paul Tumelaire, sémillant vétéran du jeu vidéo made in France qui accouche finalement d’un jeu de prestige par la grâce du centenaire de la Première Guerre mondiale.
Comme l’enchanteur Child of Light qui s’appuyait sur la même technologie UbiArt, Soldats inconnus se joue en 2D et fascine par son style graphique. Mais c’est d’abord son alliage d’humour et de délicatesse qui fait mouche. L’horreur de la guerre n’est pas esquivée (un camarade meurt devant nous, une amputation est pratiquée…) mais le jeu conserve une sorte de douceur mélancolique et rejette tout manichéisme. Les points de vue (un prisonnier français, un Américain engagé dans la Légion étrangère, un soldat allemand, une infirmière belge) se complètent et Soldats inconnus fait un bel usage de ses emprunts à la bande-dessinée avec l’effet split-screen de ses cases pour insérer dans l’image une action dont il faut tenir compte (par exemple un soldat ennemi qui fait le guet alors que l’on voudrait passer).
Quelque part entre un Metal Slug au ralenti (parce que chaque instant, chaque geste comptent) et un jeu d’aventure-énigmes (on déplace des casses, on actionne des leviers : on connaît la chanson), Soldats inconnus trouve surtout un subtil équilibre entre le familier et le surprenant (voir les sidérantes courses-ballets en taxi de la Marne), entre l’hommage et la légèreté, entre la leçon d’histoire (par des textes écrits et, surtout, par le concret des situations) et le plaisir ludique. Avec assurance et, aussi, une touchante modestie. Ça fait du bien.
Arcade : Blue Estate
La bande-dessinée est aussi au cœur de Blue Estate (Focus, PS4, 19,99 €), adaptation par le studio parisien HeSaw de l’œuvre très pulp de Viktor Kalvachev qui joue la carte du rail shooter humoristique en utilisant le système de détection de mouvement intégré à la manette PS4 – ce qui demande un temps d’adaptation. Dans le genre, on a connu nettement plus drôle et inventif mais Blue Estate a pour lui son entrain communicatif de série B très arcade. Et puis, un rail shooter, ça se défend. Par principe, quasi.
Mobile : Mountain
Les animaux domestiques virtuels ont fait leur temps. Dans son premier « vrai » jeu (après celui, fictif, qu’il avait conçu pour Her de Spike Jonze), l’artiste irlandais David O’Reilly vous invite à adopter une montagne. Mais la vôtre, vraiment, générée en fonction des formes que vous aurez dessinées en ouverture du jeu. Il ne vous restera alors plus qu’à l’observer (le temps s’écoule, il se passe des choses) et l’écouter (elle joue de la musique, elle vous parle). Le mieux est de la laisser « vivre », de faire autre chose, de revenir à elle de temps en temps. Mountain (iOS, 0,89 €, également disponible sur Mac et PC) est le jeu le plus étonnant du moment.
Gratuit : Prisoned
Ce n’est encore qu’une démo de quelques minutes, mais Prisoned (Mac et PC, prix libre) du jeune Allemand Jakub Juszczak mérite déjà qu’on s’y arrête pour sa manière de marier narration (mélancolique, pour ne pas dire franchement dépressive) et déambulation (en vue subjective) dans un univers stylisé aux couleurs rares. Il y question de jeunesse, de solitude, d’amour déçu. On attend la suite avec impatience.
En bref :
Le Trianon de Paris accueillera le 26 juillet la phase final du tournoi Nation Wars2 organisé par le duo de commentateurs Pomf & Thud et opposant des joueurs de Starcraft II venus du monde entier. La France, la Norvège, la Pologne et le Mexique restent en lice.
Les amateurs de plombiers à moustaches et autres gamers fétichistes vont se régaler : Pix’n Love vient d’éditer une bible des gadgets Mario. Au hasard des pages de Mario Goodies Collection (272 pages, 30 €), on découvre une quantité ahurissante de peluches, figurines gommes, tampons encreurs, tirelires, moules à gâteaux, porte-clés, jeux de cartes…
Guacamelee, jeu d’action-aventure en territoire mexicain qui fut l’un de nos chouchous de l’an dernier vient d’arriver sur PS4, Xbox One et Wii U dans une Super Turbo Championship Edition (Drinkbox Studios, 13,99 €) encore enrichie. C’est naturellement l’un des indispensables de l’été.
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