La sensation Watch Dogs, l’ivresse Mario Kart, un hommage au New York de Sonic Youth et le prochain jeu du père de Papers, Please : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Jeu de la semaine : Watch Dogs
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Dans GTA, on grille les feux rouges. Dans Watch Dogs, on les fait passer au vert à distance grâce à nos gadgets électroniques. C’est tout sauf un détail : l’essentiel de ce qui distingue la superproduction d’Ubisoft Montréal (sur PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One et PC, 45 à 70 €) de son modèle au rayon des jeux à monde ouvert et à « gameplay émergent » est là, dans la prise en compte de la surcouche numérique posée sur notre monde. Dans le Chicago du hacher Aiden Pearce, tout (téléphones, caméras de surveillance…) est connecté et, donc, piratable, ce qui change radicalement la manière d’appréhender la ville (et les défis ludiques). L’action directe s’efface (momentanément) derrière une sorte de re-mise en scène du réel (ouvrir une barrière, éteindre la lumière, provoquer une explosion…) assistée par ordinateur. Mieux (ou pire) : ici, on ne fait pas les poches des passants (comme dans Assassin’s Creed). On fouille leurs données et, donc, leur intimité (emploi, condamnations éventuelles, hobbies, préférences sexuelles…), le plus significatif étant que ce jeu nourri de la pensée cyberpunk – et de sa critique sociale – puisse se dérouler de nos jours sans perdre en vraisemblance. On pourra regretter qu’il se repose parfois sur de vieilles recettes (gunfights, poursuites automobiles). Mais Watch Dogs ouvre une voie nouvelle. C’est déjà beaucoup.
Course : Mario Kart 8
Depuis l’épisode 3DS, Nintendo distingue par son numéro (plutôt que par un sous-titre ou un nom de console) chaque nouveau Mario Kart. Et s’il s’agissait d’une façon de reconnaître qu’il s’agit moins d’œuvres distinctes que d’étapes dans un processus continu d’enrichissement et d’amélioration du génial jeu de course bagarreur ? Une hypothèse qu’appuie aussi la reprise (au sens musical du terme : la réinterprétation) désormais systématique de circuits des anciennes versions parallèlement à l’introduction de nouveaux. Pour l’étape 8 (Wii U, 60 €), la tendance est au relief (des pistes, bombées comme dans F-Zero dont Mario Kart emprunte le jeu avec la gravité), à l’humidité (beaucoup de passages sous l’eau) et à la mise en valeur des surfaces, des matières qui dote le jeu d’une dimension sensuelle inédite. Par ailleurs se confirme un déplacement progressif de la fête foraine (on se défie aux auto-tamponneuses) au parc d’attractions (on s’offre un ride). L’un des circuits nous fait dévaler une montagne enneigée. Et là, du coup, waouh.
A venir : Return of the Obra Dinn
Auteur de l’impressionnant Papers, Please qui nous changeait en douanier d’une « République socialiste », l’Américain (installé au Japon) Lucas Pope a dévoilé le projet qui l’occupera au cours des six prochains mois. Jeu en vue subjective 3D – mais en noir et blanc et au style très rétro –, Return of the Obra Dinn nous fera enquêter sur ce qui est arrivé à un navire marchant disparu en mer qui réapparaît en 1808 sans son équipage. « Il y aura moins de créativité sur le plan du gameplay », a prévenu Pope qui, cette fois, entend « expérimenter sur le rendu, l’histoire et quelques caractéristiques techniques ». Il promet de rendre compte du développement sur son devlog.
Gratuit : No Wave
Conçu en 48 heures lors de la 6e Game Dev Party lyonnaise et jouable en ligne, No Wave se veut « un hommage au New York des années 1980 et à ses groupes noisy » comme Sonic Youth, Swans ou Foetus. On y incarne un Jim de Brooklyn décidé à voir de près à quoi ressemble cette fameuse vie nocturne new-yorkaise. Ce ne sera pas sans mal : enchaînant les soirées dans le même club, il connaîtra bien des mésaventures, qu’il tente d’aborder une brunette ou d’approcher du groupe qui s’active sur scène. Sous ses airs de point & click embrumé, No Wave se révèle minimaliste et brutal, mécanique et mystérieux. Répétitif mais imprévisible, hardiment dissonant. Un bel hommage, donc.
En bref :
Le tournage d’un road-movie documentaire à la rencontre de créateurs du monde entier (Tetsuya Mizuguchi, Robin Hunicke…) suivi d’une game jam aboutissant à la création de 12 jeux à partir de leurs idées : tel est le projet Pixel Heart qui recherche des financements sur Ulule. Un échec serait regrettable.
Gauge, le « jeu de sport expérimental » d’Etienne Périn, est arrivé sur Steam (3 €) dans une nouvelle version PC plus complète. Le principe (remplir une jauge sans dépasser certaines limites) est simple, sa maîtrise loin d’être évidente et son style visuel et sonore emballant. Il existe aussi sur iPhone.
En développement depuis 2005 avec, aux manettes, plusieurs anciens de chez Blizzard ayant œuvré sur World of Warcraft, le MMORPG de science-fiction WildStar (Carbine Studios / NCSoft) sera officiellement lancé le 3 juin. Il est attendu de pied ferme.
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