Attaqué depuis 2002 par le ministère de l’Intérieur pour un texte jugé diffamatoire à l’égard de la police, Hamé, le leader du groupe hip-hop, avait été relaxé. L’Etat se pourvoit aujourd’hui en cassation : consternant.
« Ce n’est pas normal, c’est du harcèlement caractérisé. Ils sont en train de se couvrir de ridicule.” Hamé, de La Rumeur, ne décolère pas. Relaxé le mardi 23 septembre dans l’affaire qui l’oppose au ministère de l’Intérieur, il vient d’apprendre trois jours plus tard, le 26 septembre, que l’Etat se pourvoyait en cassation et confirmait sa stratégie d’épuisement. Car l’affaire dure depuis 2002, et a déjà coûté beaucoup trop d’énergie au groupe.
Rappel des faits. Avril 2002 : La Rumeur, qui vient de sortir L’Ombre sur la mesure, l’un des albums fondateurs du rap français, est attaqué par le ministère de l’Intérieur pour un texte publié par Mohamed Borokba, dit Hamé, leader du groupe. “Les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété”, écrit alors Hamé. Le ministère de l’Intérieur, dirigé par Nicolas Sarkozy, porte plainte en juillet 2002. En décembre 2004, Hamé est relaxé une première fois, au nom de la « liberté d’expression« . En avril 2005, le procureur de la République et le ministère de l’Intérieur font pourtant appel de la décision. Hamé est à nouveau attaqué, jugé, et relaxé en 2006. Ce jugement favorable au rappeur est cassé en 2007 (par la Cour de cassation), et Hamé se pourvoit devant la Cour d’appel de Versailles, qui a donc décidé la semaine passée de prononcer une nouvelle relaxe en sa faveur, avant que l’Etat ne se pourvoie à nouveau en cassation.
“Dans le meilleur des cas, l’affaire est finie dans un an. Ça peut encore durer quatre ans, mais on ira jusqu’au bout. Le jugement qui a décidé de ma relaxe n’est pas enterré, il est simplement contesté par le ministère de l’Intérieur. La seule instance qui peut l’enterrer, c’est la Cour de cassation. Et si elle le fait, on ira devant la Cour européenne des droits de l’homme. On va faire le plein, remobiliser autrement : peut-être faire un gros concert, sortir un livre, ou refaire un magazine avec des contributions extérieures. On va les aider à se couvrir de ridicule”, conclu Hamé, plus que jamais combatif.
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