Au Pays basque, l’association EHLG se bat pour la création d’une chambre d’agriculture locale.Une initiative intolérable pour les pouvoirs publics, qui y voient l’ombre des autonomistes.
Un homme exceptionnel !” “Le Nelson Mandela de l’agriculture !” Au Pays basque, on ne craint pas l’emphase pour décrire Michel Berhocoirigoin, président très apprécié de l’association Euskal herriko laborantza ganbara (EHLG), qui comparaissait en appel le 18 février au palais de justice de Pau.
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L’homme et son association, qui promeuvent une “agriculture paysanne et durable”, sont accusés par le préfet des Pyrénées-Atlantiques de saper l’autorité de la Chambre d’agriculture du département. Cible du courroux étatique : les activités d’EHLG, mais aussi son nom, qui signifie “chambre d’agriculture basque”. Une source de “confusion” avec l’établissement officiel, selon les pouvoirs publics. Relaxés en première instance, EHLG et son président devront attendre le 6 mai, date du délibéré, pour savoir si la cour d’appel de Pau confirme le jugement.
Maître Jean-René Etchegaray, avocat du prévenu, se dit “optimiste”. “Le malaise de l’avocat général lors de son réquisitoire, plutôt clément – une amende de 2 000 euros et l’interdiction du nom – est significatif, estime t-il. Les ordres viennent d’en haut (de l’Etat– ndlr), mais localement, le Parquet est gêné par l’adhésion massive autour de l’association.” Plébiscitée par la majorité des élus locaux toutes tendances confondues et l’ensemble des paysans, l’association compte aussi une interminable liste de soutiens médiatiques. Parmi eux, l’ancienne juge Eva Joly, l’avocate et ancienne ministre Corinne Lepage, l’ex-première dame Danielle Mitterrand, le président de la Ligue des droits de l’homme Jean-Pierre Dubois, ou encore Moustic, le présentateur de Groland Magzine, qui a organisé en mai 2009 un concert de soutien.
Depuis sa fondation en 2005, sous la houlette de la Confédération paysanne, EHLG porte une revendication ancienne, celle de la création d’une chambre d’agriculture propre au Pays basque, adaptée à ses spécificités – petites exploitations et filières de qualité. Un modèle très éloigné du “productivisme” pratiqué par la Chambre d’agriculture dans les grandes productions céréalières du Béarn. En toile de fond, certains voient aussi un conflit éminemment politique. Le “Livre noir”, pavé de près de 700 pages rédigé par l’association, en atteste. Il détaille cinq ans de “harcèlement” des pouvoirs publics et de l’administration, qui ont, entre autres procédures, traduit en justice les 27 communes qui soutiennent financièrement l’association.
Derrière EHLG, l’Etat semble discerner l’ombre des nationalistes basques. Alors que Me Etchegaray dénonce un “amalgame scandaleux”, Michel Berhocoirigoin demande “à pouvoir continuer tranquillement à faire son travail”. “Nous sommes fatigués d’avoir à démontrer que nous n’avons pas d’arrière-pensées.”
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