De Notre-Dame-des-Landes à Sivens, une enquête montre la confrontation entre l’Etat français et certains militants écologistes.
Sur une vingtaine de sites en France – Notre-Dame-des-Landes, Sivens, mais aussi Roybon, Agen… – divers chantiers (aéroport, barrage, technopole, incinérateur) sont les terrains d’un affrontement tendu entre forces de sécurité et militants écologistes occupant les lieux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La mort de Rémi Fraisse en octobre 2014 à Sivens a rappelé combien ce rapport de force n’était pas un jeu d’enfant et excédait le cadre ritualisé de manifestations pacifiques auxquelles l’Etat opposerait son autorité républicaine.
Depuis trois ans, les activistes écologistes sont devenus l’objet d’une surveillance accrue, qui dérive vers une forme de répression. La journaliste Nolwenn Le Fustec a enquêté sur les lieux de ces guérillas rurales, en rencontrant des zadistes, à la fois sidérés par la violence d’Etat et tenaces dans leurs luttes contre des projets d’aménagement sur des zones humides riches en biodiversité.
L’Etat reste muet sur les débordements policiers
A Notre-Dame-des-Landes et à Sivens, la journaliste constate la réalité de l’usage des armes des forces de sécurité (un mort, mais aussi de nombreux blessés à l’œil, ciblés par les gendarmes). Pour autant, les plaintes sont souvent classées sans suite, et l’Etat reste muet sur ces débordements, comme s’il voulait les couvrir de sa lâche autorité.
La riposte du gouvernement, lassé de la résistance des zadistes, dit combien l’Etat cherche à en faire de nouveaux “ennemis de l’intérieur”. Comme si leur “violence extrême” valait celle des terroristes. “Il est hors de question de laisser un kyste s’organiser”, déclarait Manuel Valls en novembre 2012. Zadiste/jihadiste : comment l’Etat peut-il laisser cette confusion exister, comme le sous-tend la récente loi sur le renseignement, qui, “au nom de la défense des intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs de la France”, inscrit les activistes écolo sur les fichiers S ?
Documentée et nourrie de témoignages éclairants, l’enquête de Nolwenn Le Fustec démontre le paradoxe d’une politique gouvernementale qui affiche ses ambitions sur la cause du dérèglement climatique, à quelques jours de la COP21 au Bourget, et qui en même temps défend des projets d’aménagement dont la raison environnementale voudrait qu’on les enterre.
Ecolos : ennemis d’Etat enquête de Nolwenn Le Fustec. Lundi 30, 22 h 45, Canal+
{"type":"Banniere-Basse"}