Entre dérision et féminisme, investigation poussée et pop culture sucrée, ces six chaînes YouTube méritent que vous cliquiez sur leurs cloches.
Vivre Avec
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Cela fait déjà cinq ans que Margot explique à ses 25 OOO abonné.e.s comment “vivre avec” le syndrome d’Ehlers-Danlos, une maladie génétique encore trop incomprise. Au sein du petit monde pas si inclusif du YouTube francophone, la vingtenaire interroge avec minutie et bienveillance les a priori validistes – à savoir, la perception restreinte que portent les individus « valides » sur le handicap, entre beaux discours larmoyants, conseils en toc et compassion déplacée. Ses solides convictions féministes et son autodérision tenace (voir son réjouissant « Je ne suis pas ta leçon de vie« ) en font l’une des voix militantes les plus salutaires du paysage web frenchie.
Sylvqin
De Aude – What the Fake au Roi des Rats, nombreux sont les vidéastes à se saisir des outils du journalisme sur YouTube, entre enquêtes fouillées et « debunking » de faits alternatifs. Casquette à l’envers et lunettes de hipster sur le nez, Sylvqin est de ceux-là. Avec sa chaîne, le jeune vidéaste s’en prend principalement aux arnaques qui pullulent sur nos écrans, du piratage d’objets connectés au commerce d’abonnés sur Instagram. Mais il pointe aussi son nez du côté des médias « tradis », révélant le business pas très reluisant de Lafont Presse – cette maison d’édition dont les revues à bas prix squattent vos kiosques. L’idéal pour inciter les consommateurs passifs à devenir des internautes actifs. Petit bonus pour les esthètes, ses investigations peaufinées prennent place au sein d’un decorum délicieusement eighties.
Thomas Gauthier
Thomas Gauthier est un saltimbanque – tout du moins, si l’on en croit le descriptif de sa chaîne. Mais réduire ses vidéos à un bête divertissement serait se méprendre. Car ce podcasteur québécois de vingt-quatre ans est avant tout un fin observateur de ses contemporains. Le temps de billets d’humeurs rythmés comme des seul-en-scène, le milennial passe au crible les relations sentimentales post-Tinder et les discours catastrophistes de Donald Trump, décoiffe le gendre idéal Justin Trudeau et étudie avec acuité les pires clichés français. Le tout avec un humour sociétal qui évoque celui des stand-uppers en vogue – on pense notamment au truculent Haroun.
On se laisse la nuit
La nuit est l’instant de l’errance et de la fête. Les trois trentenaires d’On se laisse…en font celui de l’engagement et du désir. Transgressives à souhait, leurs chroniques vulgarisatrices effeuillent aussi bien la littérature libertine du marquis de Sade que les plus irrévérentes des figures féminines – qu’elles soient criminelles, danseuses ou comédiennes, « destructrices, libératrices, meurtrières, hors-la-loi, provocatrices, émancipatrices« . Une ode aux « mauvaises filles » ponctuée par les vers d’Apollinaire. On se laisse la nuit fait la part belle à la sororité (c’est d’ailleurs le thème de l’une de leurs vidéos) et célèbre l’expression féministe d’hier et d’aujourd’hui, au sein d’une époque post-#MeToo où les sorcières sont enfin prêtes à prendre leur revanche.
Mr Meeea
Mr Meeea est discret. Trop, peut-être. En 2019, l’on se demande pourquoi ses sémillantes analyses de dessins animés Disney et autres classiques de notre enfance ne sont pas davantage relayées sur la Toile. Inspiré par le ton déconnant de Doug Walker (alias le Nostalgia Critic), le vidéaste s’attaque à tout un pan de la pop culture états-unienne – des raptors de Jurassic Park aux bestioles voraces de Gremlins – avec pour seules armes son érudition cinéphile et son amour fétichiste du funfact qui fait mouche. Les abondants détails qui composent ces décryptages confèrent à l’ensemble la carrure d’un généreux making-of, ouvertement rétromaniaque sans jamais être trop candide ou futile. Au contraire, familières et malignes, ses digressions geek évoquent la prose bien ciselée de Karim Debbache (Chroma).
Marjorie Le Noan
https://youtu.be/kqB-fhSfbVc
Du podcast au court-métrage, l’éternelle complice de la vidéaste Natoo nous réjouit par son style décomplexé et introspectif, glissant de l’ironie la plus cinglante aux bavardages existentiels. Qu’elle tourne en dérision les codes de YouTube ou traite sans détours du harcèlement sexuel (avec le bien-nommé Balance ton Poste), rien n’échappe à cette comédienne à l’univers plutôt indéfinissable. « Je ne sais pas de quoi parle ma chaîne » confesse-t-elle d’ailleurs d’office. Empreint d’une douce folie et d’un naturel potache à la Bridget Jones (crise de la trentaine oblige), son jeu nuancé rappelle la sensibilité de sa consœur Eleonore Costes. Forcément prometteuse.
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