Sur le terrain familier du jeu de rôle, Les Royaumes d’Amalur propose une variation simple mais séduisante.
Celui-là, on ne l’a pas vraiment vu venir. Un peu éclipsé, au rayon jeu de rôle, par l’imminent Mass Effect 3 du même éditeur Electronic Arts, Les Royaumes d’Amalur – Reckoning n’a pourtant rien d’un RPG (role playing game) au rabais. L’identité de ses concepteurs est là pour en témoigner avec, outre l’écrivain R. A. Salvatore (qui a créé son univers fantasy) et l’auteur de comics Todd McFarlane (Spawn), un certain Ken Rolston aux manettes, vétéran du genre à qui l’on doit deux volets de la prestigieuse saga The Elder Scrolls : Morrowind (2002) et Oblivion (2006). La comparaison entre Amalur et le dernier épisode en date de cette dernière, l’immense Skyrim, est d’ailleurs particulièrement révélatrice. Skyrim nous lâche dans l’inconnu.
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Amalur nous prend par la main pour aller jouer dans la forêt derrière chez nous. Tout commence pourtant à peu près de la même façon. Après avoir créé notre personnage, nous voilà soudain plongé dans une action dont on ne saisira les enjeux que plus tard. Puis, entre la quête principale et les missions facultatives, chacun avancera à son rythme. La grande différence, donc, est la nature plus encadrée de l’aventure d’Amalur, dont l’univers ressemble davantage à une addition de zones pittoresques qu’à un écosystème cohérent.
C’est sa principale limite mais, aussi, ce qui rend l’expérience plaisante – car, osons le mot, rassurante. On n’en rêvera peut-être pas la nuit, mais c’est un jeu dans lequel il est facile d’entrer et qui, à défaut de nous emmener au bout du monde, nous offre une piquante (et très longue, si l’on se laisse charmer) promenade. D’autant que, là où Skyrim opte, sur le plan graphique, pour un photoréalisme un peu froid, lui n’aime rien tant que les couleurs vives, les paysages verdoyants, les petits villages à croquer.
Il y a du Fable – l’humour en moins – chez Amalur, plastiquement mais aussi dans l’évolution de ses microsociétés, dans son amour du détail, son sens de la féerie. Et ce qu’il nous raconte entre deux combats nerveux n’est pas si « léger » que ça : rien que dans les premières heures de jeu, on aura l’occasion d’annoncer à une jeune femme, après enquête, que ses parents ont été massacrés dans la ferme familiale et de ramasser des ossements pour leur offrir enfin une sépulture. On connaît la chanson, grogneront les blasés. Certes, mais son interprétation ne manque pas de personnalité.
Erwan Higuinen
Les Royaumes d’Amalur – Reckoning sur PS3, Xbox 360 et PC (38 Studios/Electronic Arts), de 45 à 70 euros
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