Un documentaire sur le compositeur François de Roubaix. Un bel hommage à ce pionnier de la pop électronique par ses rejetons de la French Touch. A voir et à entendre en replay sur Francetvpluzz.
J’ai longtemps essayé de jouer à la flûte à bec l’entêtante rengaine latino-américaine du Rapace de José Giovanni, sans savoir qu’elle était de François de Roubaix, auteur des musiques les plus inventives du cinéma populaire français des années 1960-70 (son sommet étant la BO du Samouraï de Melville). C’est précisément dans la partition de ce thriller improbable, où Lino Ventura joue un tueur taiseux parti assassiner un dictateur mexicain, qu’on voit clairement le lien entre de Roubaix et Ennio Morricone – rendu mondialement célèbre pour son apport aux westerns de Sergio Leone.
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Cette parenté avec le maestro italien, plusieurs intervenants du documentaire de (notre collègue) Christophe Conte et de Gaëtan Chataigner, ex-Little Rabbits et clippeur émérite, ne manquent pas de la souligner. Comme Morricone, orchestrateur iconoclaste de formation très classique, François de Roubaix (1939-1975), fils de producteur, preneur de son et jazzman, va mettre son éclectisme et son insondable créativité au service du cinéma commercial de son époque. Masquée sous des apparences amusantes, pop et futuristes, cette créativité n’apparaît clairement qu’aujourd’hui.
De Roubaix, avec d’autres plus obscurs (Jean-Jacques Perrey), hypermédiatisés (Jean-Michel Jarre) ou gourous d’avant-garde (Pierre Henry), ont formé sans le savoir un socle musical qui n’a trouvé son aboutissement que vingt ou trente ans plus tard. On a appelé ça la “French Touch”. Daft Punk est actuellement le plus évident représentant de ce vague et vaste mouvement electro qui inclut également Justice, Cassius, Mr. Oizo, Air ou Sébastien Tellier. Dans le documentaire, Nicolas Godin (Air) et Sébastien Tellier, plus d’autres musiciens (le compositeur Rob, Emilie Simon, Vincent Delerm), expriment leur allégeance à de Roubaix, auquel ils doivent leur passion immodérée pour les synthétiseurs analogiques, dont il fut un des illustres pionniers.
Le film ne suit pas un parcours chronologique. Son but premier n’est pas de retracer en détail la vie et l’œuvre du musicien, mais d’analyser l’impact de son héritage artistique sur la génération actuelle – comme le dit son sous-titre « Un portrait au présent ». Pas de sbire chenu pour larmoyer sur le bon vieux temps des copains. Même Pierre Richard qui, on l’apprend de façon furtive, était un grand ami de François de Roubaix, reste muet et fait le clown dans le paysage corse où il est déposé en avion dès le générique. Le comédien est la caution poétique de cet hommage vibrant à son alter ego, à cet autre grand blond.
François de Roubaix – Un portrait au présent documentaire de Gaëtan Chataigner et Christophe Conte. En replay sur Francetvpluzz
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