Cinq mois après la prise d’otage dans l’Hyper Cacher perpétrée par Amedy Coulibaly, Libération a retrouvé quatre des survivants qui étaient restés enfermés dans la chambre froide au sous-sol du supermarché pendant les événements. “Je me suis dit, c’est un braquage, il va prendre la caisse et partir, dans cinq minutes, c’est fini“, explique Yohann en décrivant le début […]
Cinq mois après la prise d’otage dans l’Hyper Cacher perpétrée par Amedy Coulibaly, Libération a retrouvé quatre des survivants qui étaient restés enfermés dans la chambre froide au sous-sol du supermarché pendant les événements.
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« Je me suis dit, c’est un braquage, il va prendre la caisse et partir, dans cinq minutes, c’est fini« , explique Yohann en décrivant le début de la prise d’otage, lorsque Amedy Coulibaly a surgi dans l’Hyper Cacher et abattu trois personnes (deux clients et un employé du magasin).
« La France avait besoin d’un héros »
Les survivants décrivent leur rencontre avec Lassana Bathily, un autre employé du magasin qui se trouvait au sous-sol lorsque le terroriste est arrivé, qui sera par la suite érigé en héros pour avoir « sauvé » des otages. Une cérémonie en son honneur a d’ailleurs été organisée par le gouvernement, et le jeune homme d’origine malienne a été naturalisé français.
Pourtant le terme de “sauveur” est une hyperbole, selon certains des anciens otages : “Lassana Bathily est quelqu’un de vraiment bien, adoré de tous ses collègues de l’Hyper Cacher, et qui effectivement nous a proposé de nous sauver, en prenant avec lui le monte-charge », explique Jean-Luc. “Mais il n’a pas pu nous sauver, puisque nous avons tous refusé. Dehors, il a aidé la police. Les médias et les officiels ont voulu enjoliver le tableau, ajoutant qu’il nous aurait fait descendre, cachés, etc. Ce n’est pas vrai, mais ce n’est pas de la faute de Lassana. A ce moment-là, la France avait besoin d’un héros.”
« On va mourir, d’accord, mais qu’il vienne nous chercher »
Ils racontent ensuite les heures passées à attendre, alors que trois personnes différentes sont envoyées par Amedy Coulibaly pour les faire monter. Au fur et à mesure, le sous-sol se vide, mais ces quatre otages restent, avec un autre homme et une femme avec un bébé. « Il avait tué des gens. J’ai tout de suite pensé à Charlie Hebdo, à Dammartin. On allait tous mourir« , raconte Sandra, une des quatre.
Lorsqu’ils entendent Yoav Hattab se faire tuer (il avait pris une des armes du terroriste, qui était enrayée), la peur s’intensifie : « Dans ma tête, c’était devenu clair : on va mourir, d’accord, mais qu’il vienne nous chercher. Ce n’est pas nous qui allons aller au-devant de notre mort« , souligne Jean-Luc.
BFMTV mis en cause
A la suite des attentats, le 27 mars dernier, ils ont porté plainte contre BFMTV, pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Deux heures avant l’assaut de la police, une journaliste avait répété qu’une femme s’était cachée dans une chambre froide. « Comment ils ont pu faire ça, alors qu’ils savaient que Coulibaly les regardait ? Ils sont prêts à jouer nos vies pour une course à l’audimat », assène Sandra. Emilie enchaîne:
« On l’a su en temps réel. Pendant qu’on était dans la chambre froide, nos proches nous ont dit sur nos portables : ils parlent de vous et de votre cachette sur BFM. »
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