Les personnages de bad boy ou bad girl queer font leur retour à l’écran. Une manière de critiquer le politiquement correct ?
Mr. Robot est vraiment unique. Elle est à ce jour la seule série où l’on voit un personnage de pouvoir jouer sans complexe de toutes les ambiguïtés de son statut de transgenre. En deux épisodes haletants de la saison 3, le 5 et le 6, la machiavélique Whiterose (qui joue le ministre chinois de la Sécurité d’Etat) domine l’intrigue et précipite l’effondrement de l’économie américaine. Elle devient la transgenre la plus cool du moment… mais aussi la plus méchante.
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Les séries récentes ont eu tendance à aligner les personnages queer irréprochables. Pensez à Arya Stark ou Brienne de Torth, qui retournent brillamment les préjugés de genre dans Game of Thrones. Dans un monde où le grand public peut émettre un avis sur tout, la hantise est de donner une mauvaise image des minorités.
Une méchanceté au service de leur extravagance
Seul un réalisateur trash comme John Waters résiste. “Pourquoi avons-nous le devoir d’être ‘bons’ tout à coup ? Je suis pour les droits des mauvaises mères lesbiennes !” Etre comme tout le monde, c’est être aussi taré que tout le monde. La liste des désaxés s’est d’ailleurs allongée en 2017 : Alex, l’ado décoloré de 13 Reasons Why ; Audrey, la jeune lesbienne complice du tueur de Scream ; Slink, le clone gothique et sadique de Blood Drive…
Inspirée du roman de Stephen King, la série The Mist repose largement sur le malaise qu’inspire Adrian, un ado queer victime de tous les préjugés homophobes. Mais on comprend à la fin qu’il mérite son sort : il jouait la victime alors qu’il était à l’origine du brouillard maléfique qui s’est abattu sur la ville.
Ceci étant, on ne doit pas mettre tous les personnages sur le même char de la Gay Pride. Les personnages affreux, queer et méchants de John Waters appartiennent à un monde où tout est apparence. Leur méchanceté est au service de leur extravagance. En revanche, le mal qui habite Adrian a une dimension politique. Son ambiguïté sexuelle exprime son ambiguïté morale. Il s’inscrit dans cette tradition de l’anthropologie criminelle du XIXe siècle qui faisait de“l’inverti” un spécimen du “bouillon de culture de la criminalité”.
La beauté pour satisfaire sa pulsion de pouvoir
Pire, en utilisant la violence dont il est victime, il se sert du préjugé favorable à son égard pour trahir ceux qui l’aident. Il est non seulement l’héritier des gays criminels d’autrefois (type La Corde d’Alfred Hitchcock ou Le Silence des agneaux) mais devient aussi l’occasion d’incriminer la tolérance de nos sociétés libérales.
Alors, un méchant queer est-il possible ? Oui, si on ne parle plus de morale ou de politique. Tous les amateurs de mangas ont déjà rencontré mille fois ces personnages. Les shônens fourmillent d’antagonistes (la nuance est là !) androgynes et calculateurs.
Mais comme ces récits, type Dragon Ball Z, sont entièrement axés sur l’acquisition de la puissance, l’adversaire, aussi queer soit-il, est respecté. Il est une forme de vie parmi d’autres, qui utilise les apparences et la beauté pour satisfaire sa pulsion de pouvoir. Seulement, en plus, lui est fabuleux
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