Trois mois après sa sortie, la Switch de Nintendo continue de battre des records de vente et de déchaîner les passions. Le plus dur, c’est encore d’en trouver une et, au vu de sa ludothèque, ce succès est plutôt mérité. La preuve en neuf jeux qui ne sont ni « Zelda », ni « Mario Kart », ni « Street Fighter », ni « Minecraft ».
Et en plus, elle résiste à une chute de 300 mètres. Trois mois après sa sortie, rien ne semble pouvoir contrarier la popularité de la Switch, la nouvelle console portable et de salon (selon qu’on décide de la connecter à un téléviseur ou non) de Nintendo. Rien, sinon les difficultés de la maison Mario à répondre à la demande, qui seraient en partie dues à la concurrence d’Apple sur le marché des composants électroniques nécessaires à la fabrication de la Switch. Actuellement, en Europe comme aux Etats-Unis ou dans son Japon d’origine, tout exemplaire de la machine mis sur le marché est assuré de trouver rapidement preneur. Sur ses deux premiers mois, les chiffres de vente de la Switch dépassent même ceux de la Wii dans les magasins spécialisés américains GameStop et, selon le Wall Street Journal, Nintendo auraient revu ses objectifs à la hausse et envisagerait maintenant d’en écouler près de 20 millions d’ici mars 2018. A titre de comparaison, sa console précédente, la Wii U, approche seulement les 14 millions de ventes quatre ans et demi après sa sortie.
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Sur le plan des jeux, le catalogue de Switch commence aussi à s’étoffer. Alors que le merveilleux Zelda : Breath of the Wild a longtemps constitué son principal argument de vente, la console a successivement accueilli l’inattaquable Mario Kart 8 : Deluxe, une édition spéciale de Minecraft puis Ultra Street Fighter II et ce sera bientôt au tour de l’alléchant jeu de combat Arms (16 juin) d’occuper le terrain en attendant la suite du phénomène Splatoon annoncée, elle, pour le 21 juillet. Le mois suivant, les Japonais (mais pas nous) auront droit à Monster Hunter XX. Quant à Mario, c’est promis, il sera là avant Noël avec son aventure la plus « ouverte » depuis le génial épisode GameCube Sunshine, Super Mario Odyssey.
La ludothèque de la Switch ne se réduit cependant pas à ces gros jeux. Visiblement en train de succéder à la Vita de Sony dans le cœur des développeurs indépendants que Nintendo s’applique à séduire depuis quelques années et qui sont de plus en plus nombreux à en faire leur plateforme de prédilection, la console ne manque déjà pas de projets singuliers. Avec en plus quelques adaptations (plus ou moins augmentées) de succès du passé, il y a déjà de quoi bien s’occuper sur la console hybride. Après une première sélection à l’époque de sa sortie, la preuve par neuf jeux sortis depuis.
Disgaea 5 Complete
Nippon Ichi Software, 59,99€
Le titre ne ment pas : la version Switch de Disgaea 5, dernier représentant en date de la reine des séries de jeux de rôle tactique japonais est vraiment très, très « complète » – à côté, Zelda : Breath of the Wild ferait presque figure de petit jeu léger pour gamer pressé. Pour maîtriser tous des paramètres de ses combats, il faudra sérieusement s’accrocher, mais l’investissement en temps (de cerveau) sera largement récompensé. En attendant de se sentir complètement prêt à plonger, on se régale déjà des saynètes histérico-fantastiques de son petit théâtre manga bariolé.
Kamiko
Skipmore, 4,99€
Après le jeu le plus long, voilà le plus court – compter deux heures (ou un peu plus, ou un peu moins, question d’habileté) pour boucler ses quatre mondes. Conçu par les artisans pointillistes nippons de Skipmore (Fairune, Drancia), Kamiko ressemble à un action-RPG miniaturisé. Pas de gras ici, ni de longues envolées lyriques, mais un précipité d’aventure charmante et nerveuse, quelque part entre l’antique Gauntlet et les passages les plus nerveux des Zelda 2D avec quelque chose d’un Hyper Light Drifter qui aurait (énormément) rétréci au lavage. Pour qui veut son fix d’action frénétique, c’est une bonne adresse.
Graceful Explosion Machine
Vertex Pop, 12,99€
Peut-être notre chouchou de la deuxième vague de jeux de la Switch (dont il est une exclusivité, au moins provisoire), le très dansant Graceful Explosion Machine va chercher son inspiration à la source même du shoot’em up horizontal : dans Defender du pionnier Eugène Jarvis, dont il offre une irrésistible relecture pop, toute en souplesse, en couleurs vives et en rondeurs. On pense un peu à Fantasy Zone, à Geometry Wars, mais on ferait mieux de penser à ces vaisseaux qui tournoient sur l’écran si l’on veut avoir une chance de finir ce niveau. A la fois technique et atmosphérique, Graceful Explosion Machine est un régal.
Astro Duel Deluxe
Rusty Moyher, 13,99€
Autre shoot’em up, d’inspiration rétro, Astro Duel Deluxe aurait, lui, plutôt la tête dans les étoiles de l’encore plus pionnier Spacewar (1962 – ce n’est pas une faute de frappe). Ici, place aux compétitions multijoueurs (jusqu’à six participants dans le judicieusement nommé mode « Chaos ») bien dans l’esprit de la Switch avec sa nature portable et ses mini-manettes détachables. Sous ses allures minimalistes, Astro Duel Deluxe dissimule un level design aussi inventif que piégeux. Seules les limites du mode solo et l’absence de online poussent à le déconseiller aux gamers qui, comme nous, n’ont pas trop d’amis.
TumbleSeed
Aeiowu, 13,99€
Où l’on atteint les limites de ce dont notre cerveau est apparemment capable. Inhabituel, le système de contrôle de TumbleSeed utilise les deux sticks de la console. En agissant sur les deux extrémités d’une barre sur laquelle repose (et, avec nous, glisse bientôt hors de tout contrôle) une petite graine, le but est de conduire cette dernière tout en haut d’une montagne en évitant obstacles et gouffres. Alors que l’on est une nouvelle fois renvoyé tout en bas de la montagne, on quitte le jeu avec une double certitude. Il est brillant. Mais on n’y arrive pas.
Thumper
Drool, 19,99€
Il est temps de se rendre à l’évidence : certains jeux vidéo sont vraiment violents. Comme Thumper, mais pas parce qu’il déborderait de scènes gore car il s’agit d’un jeu de rythme dans lequel on dirige un « scarabée de l’espace » lancé sur une route futuriste et abstraite. Ou peut-être au contraire éminemment concrète dans la mesure où son ambiance indus et ses percussions nous prennent au ventre et nous retournent la tête avec une force inouïe. Ici, on n’a pas l’impression de faire de la musique (comme dans certains jeux d’Harmonix dont sont issus ses concepteurs) mais de résister tant bien que mal à son agression. Étourdissante (mais quand même moins physique que dans sa version destinée au casque de réalité virtuelle de la PS4), la très remuante expérience Thumper mérite d’être tentée.
Little Inferno
Tomorrow Corporation, 9,99€
Déjà disponible sur de nombreuses plateformes comme les deux autres (très bons) jeux de ses auteurs, World of Goo et Human Resource Machine, également adaptés sur Switch, Little Inferno est un petit bijou d’humour satirique et néanmoins sensible qui, accessoirement, dit pas mal de choses sur notre société de consommation en général et les jeux free-to-play en particulier (et qui, ici, gagne un mode jouable à deux). Dans notre cheminée personnelle (et, du coup, portable), on brûle des dizaines d’objets rigolos achetés sur catalogue et dont, pour une raison mystérieuse, la combustion rapporte toujours plus que ce qu’ils nous ont coûté. A noter : les faire flamber est un (immense) plaisir en soi.
Garou : Mark of the Wolves
SNK, 6,99€
https://www.youtube.com/watch?v=TqMXXlTuslA
Ultra Street Fighter II n’est pas le seul jeu de combat en 2D jouable sur Switch. Grâce à la collection Arcade Archives qui pallie l’absence provisoire d’une « console virtuelle » comparable à celles des précédentes machines Nintendo, une partie toujours plus importante du faramineux catalogue de la Neo Geo, système d’arcade et Rolls des consoles du début des années 1990, occupe le terrain et son fabricant SNK était justement alors l’un des spécialistes du genre. Entre le surréaliste Waku Waku 7 et les King of Fighters, on recommande tout particulièrement le flamboyant Garou : Mark of the Wolves de 1999 dont l’attention aux détails, graphiques avec ses superbes décors en pixel art mais surtout ludiques, force aujourd’hui encore le respect.
NBA Playgrounds
Saber, 19,99€
Promis-juré : le jeu en ligne, absent de la version Switch, sera ajouté lors de la prochaine mise à jour de NBA Playgrounds qui a pour l’instant la rude tâche d’occuper à lui seul le créneau du jeu de sport sur la console. C’est aussi sa principale chance de se distinguer en attendant l’arrivée à l’automne du plus sérieux NBA 2K8. Mais le jeu a aussi pour lui un joyeux esprit arcade qui en fait un héritier plausible du mythique NBA Jam. Ses développeurs prennent visiblement l’expérience de jeu plus au sérieux que la représentation du sport lui-même. C’est rarement une mauvaise idée.
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