Lors d’une cérémonie pour la journée internationale contre la cyber-censure, Reporters sans frontières a remis le prix du Net-citoyen aux militants syriens.
Le 12 mars, à l’occasion de la journée internationale contre la cyber-censure, l’ONG Reporters sans frontières en partenariat avec Google a décerné le prix du Net-citoyen. Celui-ci a été attribué aux centres des médias des comités locaux de coordination en Syrie (LCCSyria), collecteurs, traducteurs et diffuseurs des informations et des images envoyées par la population syrienne.
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Jasmine, une jeune Syrienne exilée au Canada et dont nous ne connaîtrons pas la véritable identité, était présente pour recevoir ce prix au nom de tous les autres militants. C’est Natalia Radzina, rédactrice en chef du site biélorusse Charter97, victime de Loukachenko et nominée pour ce même prix en 2010, qui lui a remis son trophée.
Lutter contre les ennemis d’Internet
Pour Jasmine et ses camarades, Internet a été une arme permettant de défier le régime et de diffuser à grande échelle des appels à l’opinion. En 1982, le régime de Hafez el-Assad causait la mort de milliers de Syriens : c’était le massacre de Hama.
« Aucun d’entre vous n’en a entendu parler. Pourquoi ? Parce que nous n’avions pas Google, nous n’avions pas YouTube, nous n’avions pas les réseaux sociaux. Et maintenant que nous avons ça, le régime de Bachar el-Assad essaie de nous couper l’électricité. »
Une technique utilisée par de nombreux pays figurants sur la liste des ennemis d’Internet publiée par RSF.
Une liste qui s’allonge encore cette année. Le Bahreïn en est un exemple frappant mais le Cameroun, le Kazakhstan, la RDC, la Chine et l’Iran banalisent eux aussi les coupures d’Internet et des télécommunications.
Initiative originale mais dont on peut questionner l’utilité, le site Cyber Tag by RSF propose aux indignés de tagguer virtuellement les façades des ambassades de ces pays passés maîtres dans l’art de la censure. D’autres pays sont pour l’instant placés sous surveillance. On y trouve par exemple le Pakistan, l’Egypte et la Tunisie mais aussi… la France, pour sa « riposte graduée » dans le cadre de la lutte contre le téléchargement illégal et la banalisation du filtrage administratif du Web.
La méfiance reste de mise
Durant la cérémonie, le Président de Reporters sans frontières, Dominique Gerbaud, a notamment insisté sur les risques, pris par les nominés du prix Net-citoyen et autres militants de tous les pays ennemis d’Internet, pour la liberté de l’information. Ces militants connectés, blogueurs et journalistes représentent « l’avenir du journalisme » mais sont « souvent plus exposés que des journalistes classiques ». C’est d’ailleurs pour cela que RSF a mis a disposition sur son site un guide du cyber-dissident.
Dominique Gerbaud ajoute : « Protéger leur anonymat, c’est notre devoir à RSF, et je crois que Google l’a bien compris. » Pourtant, il y a peu, le PDG de Google, Eric Schmidt, annonçait que l’identification était l’avenir de l’Internet et prédisait la fin de l’anonymat au profit de la « transparence totale ».
L’ironie de la présence de Google n’est pas passée inaperçue, comme l’a prouvé une intervention d’un représentant de Telecomix, et Jean-Marc Tassetto, directeur général de Google France ainsi que Dominique Gerbaud ont tenu à rappeler que Google restait avant tout une entreprise. Le chef de RSF résume la situation, s’adressant à Jean-Marc Tassetto : « En tant qu’ONG, nous serons toujours vigilants vis-à-vis de vous. »
Alexandra Caussard
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