Les migrants tunisiens qui occupaient le gymnase de la Fontaine-au-roi dans le XIe arrondissement de Paris ont été empêchés d’entrer par des CRS dans la nuit de mardi. En colère et surpris par cette opération soudaine, les migrants ont affronté les policiers.
Ils avaient pris l’habitude de revenir dans le gymnase dès l’ouverture de celui-ci, vers 16h30. Ensuite, ils passaient à la soupe populaire. Presque une routine pour ces migrants de Tunisie qui occupaient, depuis le 7 mai, le complexe de la Fontaine-au-roi pour exiger de bonnes conditions d’accueil.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Désormais, il leur faudra revoir leurs habitudes. Quand ils sont arrivés devant le gymnase mardi après-midi, les migrants ont trouvé porte close, alors que leurs affaires étaient encore à l’intérieur. Frustration et surprise. Pourtant, la mairie de Paris avait prévenu. Depuis le 17 mai, elle demandait aux « Tunisiens de Lampedusa » de quitter les lieux au plus tard le 19 mai, rapporte LeMonde.fr. C’est finalement hier que la mairie de Paris a mis ses menaces à exécution.
N’ayant plus accès à leurs effets personnels, les occupants du gymnase se sont rebellés face aux quelques CRS présents. Jets de bouteilles et de canettes. Et puis en quelques heures, le cortège de CRS est devenu une cohorte. Une dizaine de camions de policiers ont encadré le boulevard de Belleville qui fait angle avec la Fontaine-au-roi. Ambiance.
[inrockstv 67514]
« On va avoir un suicide »
22h30. Dans cet imbroglio qui dure déjà depuis plusieurs heures apparaît une élue de la mairie de Paris accompagnée de Paco, un fervent soutien du collectif qui déplore « l’ambiguïté de la mairie et du Parti socialiste sur cette question ».
« On va avoir un suicide, on va avoir un drame terrible ici bientôt. Je ne comprends pas. On vote à la mairie une prolongation des dispositifs pour venir en aide aux migrants et en même temps on envoie des CRS pour les déloger. »
Un peu plus tard, Danielle Simonnet reçoit un message qui met fin à son incompréhension et nuance la situation. Pascale Boistard, adjointe au maire chargée de l’immigration, vient de lui préciser qu’il ne s’agissait pas d’une expulsion mais d’une fermeture du lieu « pour travaux suite à des dégradations ».
« Je ne veux plus rester ici »
La soirée se terminera avec un sit-in devant les policiers. Ces derniers menacent de charger. Quand ils mettent leurs casques, Danielle Simonnet rapplique pour tenter une médiation. Les migrants tunisiens ont installé un matelas sur le terre-plein du boulevard de Belleville et scandent « Vive la Tunisie ». Quelques provocations, quelques énervements aussi et surtout de la déception. C’est le cas d’Ayman, qui dort depuis plusieurs jours dans un parc non loin du gymnase. « C’est la misère ici », lance-t-il.
[inrockstv 67515]
Vers 2 heures du matin, les migrants tunisiens se sont dispersés. Certains évoquent déjà d’autres lieux à occuper. En attendant, ils dormiront dehors. Les CRS leur ont promis de leur rendre leurs affaires dans deux jours, dans un lieu encore indéterminé.
Jean-Philippe Louis
{"type":"Banniere-Basse"}