Une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), un organisme de recherche indépendant, laisse entendre que le pouvoir d’achat de la plupart des ménages se porte mieux depuis le 10 décembre.
Qui a dit que la rue ne payait pas ? En réponse au mouvement des “gilets jaunes”, Emmanuel Macron a été contraint, après des semaines de tergiversions, à prendre des mesures sociales. Les principales revendications des manifestants résidaient dans l’augmentation du pouvoir d’achat. Et, selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), un organisme de recherche indépendant, publiée le 23 janvier, les annonces du président de la République ont eu des effets en la matière.
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Les ménages les plus modestes confortés
Comme le relate Le Monde, plusieurs mesures prises par Emmanuel Macron le 10 décembre ont eu des impacts sur le budget des foyers : revalorisation de la prime d’activité, annulation de la hausse de CSG pour les retraités dont le revenu fiscal est inférieur à 2 000 euros, annulation de la taxe carbone, extension du chèque énergie, défiscalisation des heures supplémentaires. Tout d’abord, sur 10 milliard d’euros de mesures concernant les particuliers, 8,3 milliards ont servi à soutenir le pouvoir d’achat.
Ces mesures ont donc en moyenne augmenté de 0,8 % le revenu disponible, et ce sont les ménages compris entre 830 euros et 1 730 euros par mois qui en ont profité. C’est, en particulier, la revalorisation de la prime d’activité qui a eu cet effet. L’annulation de la hausse de la CSG pour davantage de retraités a, quant à elle, été bénéfique aux ménages dont les revenus sont compris entre 1 120 euros et 2 190 euros par mois.
“Les grands gagnants sont les actifs à faible revenus”
Brice Fabre, économiste à l’IPP et l’un des auteurs de l’étude, est donc optimiste dans ses observations : “Les mesures Macron ont fait une différence : on a désormais des gains de pouvoir d’achat plus importants [qu’avant la crise des « gilets jaunes »] pour une partie plus large de la population. Les grands gagnants sont les actifs à faible revenus, notamment autour du smic”, explique-t-il au Monde.
En revanche, il précise bien que ce n’est pas la répartition des richesses qui a été améliorée : “Ces mesures n’ont pas consisté à déplacer des gains destinés à une catégorie de la population pour les réinjecter ailleurs : on a augmenté la dépense publique. On ne sait pas comment ces mesures seront financées à long terme. Et, à court terme, le déficit va se creuser”.
L’opinion publique reste sur un sentiment d’injustice
Est-ce à dire que la crise n’est désamorcée que pour un court instant, pour mieux revenir dans quelques mois ? En effet, les 1% les plus riches de France gagne toujours 6% de pouvoir d’achat depuis le début du quinquennat. De plus, comme l’a montré une récente enquête d’ATTAC, les entreprises du CAC40 font des bénéfices tout en payant moins d’impôts, grâce à l’évasion fiscale. Au lieu de redistribuer leurs gains aux salariés, elles préfèrent satisfaire les actionnaires : “Une grande partie des profits – plus de 60 % – leurs sont versés sous forme de dividendes et de rachats d’actions. L’autofinancement des investissements et les hausses éventuelles de salaires ou les primes n’obtiennent que la portion congrue des bénéfices”, nous expliquait Dominique Plihon, porte-parole d’ATTAC.
C’est ce sentiment d’injustice qui domine encore dans l’opinion publique. D’autant plus que le sujet des violences policières, pour sa part très perceptible, donne l’impression d’un manque de confiance. “Les Français ne sont pas idiots : on a beau leur dire que leur pouvoir d’achat augmente, ce n’est pas ce qu’ils ressentent. Les signaux qui leur sont envoyés n’y sont pas étrangers”, a ainsi déclaré le député communiste Jean-Paul Dufrègne lors d’une audition de la commission des finances de l’Assemblée nationale le 23 janvier.
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