“C’est en frappant au cœur que vient la vérité”, glissée dans les premières minutes de son discours, cette phrase aux allures si littéraires et poétiques (genre pages de poésie du manuel Lagarde & Michard XIXe siècle), semble être la dernière offrande d’Emmanuel Macron à son amour des lettres classiques : dernière, car il n’est déjà plus temps de faire de la littérature, malgré le temps de répit souvent accordé aux victorieux.
Le combat pour les législatives, qui auront lieu en juin, est déjà là : Marine Le Pen a ouvert le bal dès son discours qui reconnaissait sa défaite, dit quelques minutes après l’annonce des résultats, à 20 h. Jean-Luc Mélenchon lui a emboîté le pas. Et Emmanuel Macron a fait de même : son discours était un appel à celles et ceux qui ont voté pour lui, reconnaissant que pour certains, c’était avant tout un vote contre Marine Le Pen.
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“Leur vote l’oblige”, dit-il. On sait à quel point une promesse et une obligation n’engagent que ceux qui l’entendent ou la reçoivent. Qu’en est-il ici ? Électoralement, Emmanuel Macron doit s’efforcer de reconstruire une majorité : il en est, malgré les apparences, démuni. Sur quel socle, avec quelles personnes ? L’enjeu des prochains jours et semaines est là.
Quelle majorité parlementaire ?
Le quinquennat dont il est le premier à remporter un second mandat l’astreint concrètement à avoir une majorité pour gouverner. La concordance des temps entre la durée des législatures, entre l’Assemblée et le Président, force ce dernier à avoir une majorité qui le suive – autrement, c’est un quinquennat de cohabitation qui se dessine. Or, quelle sera la majorité d’Emmanuel Macron ? La droite classique est-elle encore suffisante pour asseoir une majorité parlementaire qui le soutienne ? Et la gauche ? Et l’écologie ? Des questions simples, pragmatiques, vont se poser et elles vont entraîner un retour à des tactiques politiciennes classiques, mais qui font désormais un chemin inverse.
D’habitude, on construit un parti et on l’utilise pour conquérir le pouvoir. Là, c’est le contraire : Emmanuel Macron, installé au pouvoir, va devoir construire un parti pour avoir la possibilité de gouverner comme il l’entend. Sinon, sa victoire du 24 avril, et ses 58,2 %, seront la traduction d’une victoire à la Pyrrhus.
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