La Ville Lumière aura décidément été un parangon de patience. Après un siècle d’attente (et de déconvenues), Paris a été désignée ville hôte des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, lors de la 131e session du Comité international olympique (CIO) à Lima (Pérou). Mettant ainsi un terme à une série d’échecs pour la capitale, qui avait […]
C’est officiel : la capitale hexagonale servira d’hôte aux olympiades de 2024. Et pour être à la hauteur de la compétition, la ville ne devrait pas manquer de faire peau neuve, entre construction de sites flambant neufs, aménagement de ceux déjà existants et festivités rocambolesques. De quoi véritablement asseoir le prestige de Paris ou, à contrario, la mettre financièrement en difficulté ?
La Ville Lumière aura décidément été un parangon de patience. Après un siècle d’attente (et de déconvenues), Paris a été désignée ville hôte des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, lors de la 131e session du Comité international olympique (CIO) à Lima (Pérou). Mettant ainsi un terme à une série d’échecs pour la capitale, qui avait vainement tenté sa chance en 1992, 2008 et 2012. Déjà terre d’accueil de l’événement sportif en 1900 et 1924, Paris rejoint ainsi le club très fermé des villes ayant organisé trois fois les JO, jusqu’ici occupé par Londres et bientôt Los Angeles (qui servira pour la troisième fois d’hôte en 2028).
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Forcément, l’annonce n’a pas manqué de susciter joie et fierté des Français, au point que sportifs de renom et hommes politiques ont massivement partagé leur enthousiasme sur les réseaux sociaux. Mais faut-il vraiment se réjouir à l’idée d’accueillir les Jeux sur le sol hexagonal ? Nombre de Français, inquiets, se demandent bien à quoi pourra ressembler « Paname » au cours des festivités…
Historique! Cent ans après 1924 nous ramenons les Jeux à #Paris. Avec #Paris2024, c’est toute la France qui gagne! #ANousLesJeux #IOCSession pic.twitter.com/VlwANkP7fF
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 13 septembre 2017
Hâte d’y être ???????????? #PARIS2024 pic.twitter.com/DfEog0AMHX
— Kylian Mbappé (@KMbappe) 13 septembre 2017
Pari réussi : Paris olympique ! Bravo à tous ceux qui font la réussite de @Paris2024. Et maintenant, place aux Jeux. #Paris2024. – NS
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 13 septembre 2017
Entre structures aménagées…
Avant toute chose, que les Parisiens ne s’inquiètent guère : la capitale ne va pas se transformer en gargantuesque champ en construction. C’était l’une des forces de la candidature de la ville aux JO : la majorité des sites d’accueil aux épreuves existe déjà, se situant à Paris-même ou en proche banlieue. Les cérémonies d’ouverture et de clôture ainsi que l’athlétisme auront lieu au Stade de France à Saint-Denis, le handball à la Porte de Versailles, le tennis à Roland-Garros, le judo et le basket à l’AccorHotels Arena.
Pour ce faire, la structure autrefois connue sous le nom de « Bercy » se verra dotée d’une seconde salle d’une capacité de 8 000 places. L’Arena 92, la future antre du club de rugby Racing 92 à Nanterre, sera aussi mobilisée. Tout comme certains lieux touristiques emblématiques de la capitale, comme le Champ de Mars qui accueillera le beach-volley ou le Grand Palais, promettant d’être le théâtre de l’escrime et du taekwondo. Même Marseille sera concernée, puisque la cité phocéenne servira d’hôte aux épreuves de voile et de football. « Nous disposons déjà de plus de 90 % des équipements », se targue le directeur technique de Paris 2024, Anthony Piqueras, auprès du Point.
RDV en 2024 dans la rade de Marseille et à l’@orangevelodrome pour vivre les épreuves olympiques de voile et de football. ⛵⚽#ANousLesJeux pic.twitter.com/nalvrOS1Ce
— Ville de Marseille (@marseille) 13 septembre 2017
Sans compter sur les sites olympiques éphémères dont l’espérance de vie ne dépassera pas la période des Jeux, suivant l’exemple de Londres et son Arena conçue uniquement pour accueillir les épreuves de basket aux Jeux olympiques d’été de 2012.
…et sites flambant neufs
Toutefois, la majorité ne signifie pas l’ensemble. Deux sites de la plus haute importance restent à construire : le centre aquatique, qui sera à proximité du Stade de France, et le village olympique, placé entres les communes de Saint-Denis, de Saint-Ouen et de L’Ile-Saint-Denis. L’objectif de la ville est très clair : il faut pérenniser ces installations, afin d’éviter la débâcle de certaines olympiades passées, où pléthore de sites construits uniquement pour accueillir les JO ont été abandonnés sitôt la compétition achevée.
Le village olympique devrait donc laisser place à des appartements qui seront ensuite loués ou vendus. Si 40 % d’entre eux devraient devenir des logements sociaux, les autres biens accueilleront pêle-mêle start-up, espaces de coworking et un fab lab (espace partagé dédié au numérique).
#JO2024 : le futur #villageolympique marquera durablement le Grand #Paris. https://t.co/hiqRuYqiIM pic.twitter.com/N45TO7jxZn
— FONCIA (@foncia) 14 juillet 2017
Une initiative qui laisse un sacré paquet de lits à prendre, puisque 17 000 athlètes et officiels sont attendus pour séjourner dans le nord de Paris. Le centre aquatique, quant à lui, restera une piscine ouverte au public dès la fin des épreuves. Relié au Stade de France par une passerelle, il pourra accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs durant la période olympique. Mais verra par la suite ses tribunes réduites à 2 500 places et le nombre de bassins passer de trois à deux afin de mieux convenir au besoin de la population locale.
Paris-2024 : le centre aquatique en face du Stade de France https://t.co/gXOBlTftA2 pic.twitter.com/r6dMFLofh5
— Matchs Actus (@matchActus) 9 juin 2016
Malgré les travaux, Paris est une fête
Qui dit chantier dit aussi, et surtout, engins conséquents : poids lourds, axes fermés, etc. Bref, le réseau routier parisien, déjà fortement saturé, devrait en pâtir, tout comme les transports en commun. Sans parler de l’afflux de curieux, inévitable, mais, en même temps, très logiquement recherché.
Mais que les locaux se rassurent : outre les petits inconvénients quotidiens causés par les travaux, plus que jamais, le comité Paris 2024 veut que Paris reste une fête. Au programme de ces trois mois de réjouissance, comme l’annonce la brochure : « des retransmissions des compétitions, des démonstrations sportives, des expériences culinaires, des concerts et des divertissements« , sur quelques sites iconiques (Champ-de-Mars, parc de La Villette, la Défense, Château de Versailles).
La maire de Paris souhaite même que la Seine soit assainie, pour pouvoir accueillir certaines épreuves aquatiques comme ce fut déjà le cas pour l’édition 2012 du Triathlon de Paris. Si le challenge est relevé, alors la baignade sera normalement rendue accessible au grand public après la compétition, permettant à tout à chacun de piquer une tête dans le plus célèbre des fleuves.
La maîtrise des coûts, le nerf de la guerre
Reste à estimer le véritable coût de toutes ces festivités, sujet pour le moins sensible. Les JO vont-ils ruiner Paris ? Pour Patrick Braouezec, le président de Plaine commune qui rassemble neuf villes du nord de Paris autour de Saint-Denis, la maîtrise des coûts reste le nerf de la guerre. « Je suis convaincu qu’on est capable de ne pas dépasser l’enveloppe qu’on s’est fixée (6,6 milliards d’euros selon les prévisions officielles). Il faut absolument éviter l’exemple de Londres dont les coûts avaient été multipliés par trois dès l’obtention des JO 2012. » Pour rappel, l’addition totale s’élevait à plus de neuf milliards de livres sterling (11,5 milliards d’euros) d’argent public, soit plus du double de ce qui avait été prévu lorsque la capitale britannique avait été choisie.
Son inquiétude est compréhensible : selon les calculs des spécialistes, en moyenne, le budget prévisionnel des Jeux d’été est dépassé de 176%. « Cet événement va être totalement ruineux, puisque le budget présenté n’est ni réaliste ni crédible« , déplore Frédéric Vial, membre du collectif « Non aux JO 2024 à Paris », au micro de franceinfo, en juillet 2017.
Théoriquement, le coût de l’organisation devrait bien être remboursé puisque cette édition des olympiades peut espérer générer jusqu’à 10,7 milliards d’euros de retombées et près de 250 000 emplois, selon une étude d’impact réalisée par le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) de Limoges. Jusqu’à 247 000 emplois pourraient être ainsi pérennisés en Ile-de-France, avec quelques secteurs tirant là « le gros lot » : la construction et le tourisme. Pour ce dernier, cela représenterait approximativement 3,5 milliards d’euros.
Des estimations (trop ?) optimistes que certains experts ne manquent pas de critiquer ouvertement. Interrogé après L’Euro 2016 de football par franceinfo, l’économiste Richard Duhautois ne cachait pas son scepticisme. Se focalisant sur l’exemple du touriste, censé être la mine d’or de ces Jeux. Si ce dernier visite Paris durant la compétition, il est fort peu probable qu’il revienne le mois voire l’année suivante. Ou l’hôtel où il séjourne peut appartenir à un groupe, voyant une partie des profits quitter, inévitablement, le sol français.
Bref, sans verser dans la dystopie budgétaire, il semblerait qu’assez d’éléments aient été délaissés des différentes études pour, hélas, parier sur une opération plus déficitaire que rentable. Le jeu en vaut-il (financièrement) la chandelle ? Il faudra attendre après, et seulement après les Jeux Olympiques de 2024 pour en avoir le verdict.
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