C’est le prix du fromage blanc qui a mis le feu aux poudres, avant que la contestation ne prenne de l’ampleur autour de la question du logement. Depuis plusieurs semaines, les manifestations se multiplient ainsi en Israël, particulièrement à Tel Aviv, où un camp de tentes a été installé, donnant au pays des airs de printemps arabe à retardement. Slogan des manifestants : « Le peuple veut la justice sociale ».
Suite à la hausse des prix du fromage blanc, 100 000 Israéliens ont répondu à un appel au boycott sur Facebook le 15 juin dernier pour faire pression sur les producteurs : pari gagné. Puis les revendications se sont multipliées, allant des automobilistes protestant contre la hausse des taxes sur les carburants, aux milliers de mères manifestant avec des poussettes pour dénoncer la difficulté d’élever des enfants en Israël.
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Mais parmi toutes ces hausses, c’est assurément celle du prix des logements qui a généré la plus forte mobilisation. Elle est devenue le sujet principal d’une contestation menée par des jeunes issus de la classe moyenne qui, diplôme, service militaire et boulot en poche, n’arrivent pas à sortir la tête hors de l’eau et à « avoir une vie normale » dans un pays moderne.
Alors que les salaires n’ont augmenté que de 17% en cinq ans, le prix des logements aurait augmenté de 63%. Un studio de 30 m2 à Tel Aviv atteint ainsi un loyer de 600 euros. Et il faut compter 1000 euros pour un appartement familial, pour un salaire minimum de 820 euros. En un an, la ville a connu une hausse de 32% du prix du logement, 17% à Jérusalem.
Suivant le modèle des indignés espagnols, la jeunesse israélienne a choisi de médiatiser sa contestation en plantant des tentes sur les trottoirs du très huppé boulevard Rothschild. Qualifiés par la droite locale d’ »enfants gâtés » de Tel-Aviv, ou de jeunes « bobos de gauche » refusant d’aller s’installer dans des villes moins en vogue, ces manifestants modernes, connectés sur Facebook ou Twitter via leur Ipad sous les tentes, ont été rejoints par des gens de tout âge et de tout niveau social.
Selon un sondage publié dans Haaretz, 81% des Israéliens pensent aujourd’hui que la « protestation des tentes » découle d’une « véritable détresse » et non d’un caprice infondé. Autre signe fort, la Histadrout, syndicat national des travailleurs israéliens, s’est dernièrement ralliée au mouvement. Au total, ils étaient près de 100 000 manifestants, samedi dernier dans les rue de Tel Aviv, et 50 000 dans les autres villes du pays à réclamer » la justice sociale, et pas la charité« .
Face à cette foule revendicatrice et déterminée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu semble désemparé. Après la manifestation de samedi, il s’est décidé à nommer une « équipe inter-ministérielle chargée de présenter un plan pour alléger le poids économique sur les citoyens« . Après quoi il aurait également proposé l’établissement d’une « table ronde à laquelle seront conviés des représentants des différents secteurs de la population ». Une proposition rejetée par les manifestants, qui exigent de le rencontrer personnellement et ce devant les caméras de télévision.
« Il s’agit d’une manoeuvre de la part du Premier ministre. Nous descendons dans la rue pour exiger un changement de système alors que lui se contente de former une commission en cherchant ainsi de se défausser de ses responsabilités », estime Dapni Leef, une des leaders du mouvement.
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