La semaine dernière, un tribunal indien a interdit la diffusion d’India’s Daughter, un documentaire sur le viol des femmes en Inde. Le prétexte de cette interdiction est qu’on y voit apparaître l’un des condamnés à mort dans l’affaire du viol collectif d’une étudiante en 2012, à New Delhi – la victime avait succombé à ses blessures. L’accusé, […]
La semaine dernière, un tribunal indien a interdit la diffusion d’India’s Daughter, un documentaire sur le viol des femmes en Inde. Le prétexte de cette interdiction est qu’on y voit apparaître l’un des condamnés à mort dans l’affaire du viol collectif d’une étudiante en 2012, à New Delhi – la victime avait succombé à ses blessures. L’accusé, Mukesh Singh, reprochait à la jeune fille d’être sortie la nuit : « Une fille est bien plus responsable d’un viol qu’un garçon », a-t-il lancé.
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« Une fille décente ne se balade pas à 9 h du soir. Une fille est bien plus responsable d’un viol qu’un homme. Garçons et filles ne sont pas égaux. Il n’y a que 20 % de filles bien. » Il ajoutait que la mort de la jeune Jyoti n’était qu’un accident : « Quand on se fait violer, on ne se défend pas. Elle aurait dû se taire et permettre le viol. Alors ils l’auraient lâchée après se l’être faite et n’auraient frappé que le garçon. » (le compagnon de la victime, présent lors de l’incident, et également roué de coups, ndlr)
Suite à l’interdiction du documentaire, la réalisatrice, Leslee Udwin, a déclaré à l’AFP que « la décision du tribunal [lui] avait brisé le cœur« . En effet, si elle avait obtenu l’accord des autorités pénitentiaires et du ministère de l’intérieur pour s’entretenir avec le condamné, un porte-parole de la police de New Delhi a ensuite justifié l’interdiction :
« Nous n’avons vu que des extraits promotionnels du film. A partir de cela, nous avons porté la question devant la justice car nous pensons qu’il pourrait provoquer la crainte d’une atteinte à l’ordre public. […] Il montre une interview très contestable du violeur condamné »
Le documentaire est disponible sur Vimeo, en anglais.
La population indienne réagit
En soutien au documentaire qu’elle était censée pouvoir diffuser, la chaine indienne NDTV a affiché dimanche soir, de 21h à 22h, un écran noir avec une flamme vacillante. Selon Le Monde, la directrice de la rédaction Sonia Singh a ajouté sur Twitter : « Nous ne hurlerons pas, mais nous serons entendus ».
L’arrière-petit-fils de Mahatma Gandhi, Tushar Gandhi, a posté plusieurs tweets pour soutenir l’action de la chaine NDTV: « J’aimerais pouvoir poster un “tweet noir” en solidarité avec la protestation de NDTV ».
Wish I could post a blank tweet in solidarity with NDTV’s India’s Daughter protest.
— Tushar A. Gandhi (@TusharG) 8 Mars 2015
Cacophony of silence NDTV.
— Tushar A. Gandhi (@TusharG) 8 Mars 2015
Le documentaire de la réalisatrice britannique devait être diffusé dans sept pays, dont l’Inde, dimanche à l’occasion de la Journée de la Femme.
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