Huit ans après l’arrêt de la cérémonie, les Hot d’or reviennent à Paris en octobre. De quoi redorer le blason d’une industrie ébranlée par internet ?
Après huit ans d’absence, les Hot d’or reviennent. De 1992 à 2001, à l’initiative du magazine français Hot Vidéo, cette cérémonie de remise des prix qui récompense acteurs, réalisateurs et films X crée l’événement en marge du Festival de Cannes. Elle bouleverse alors le paysage pornographique et contribue à populariser Rocco Siffredi, Laure Sinclair ou Tabatha Cash – invités d’honneur des émissions de télé en direct de Cannes. Pourtant, en 2001, les Hot d’or s’arrêtent : “Nous avons été virés de Cannes car nous faisions trop d’ombre au Festival”, expliquent les responsables. Mauvais genre sur la Croisette ?
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Avec leur retour en octobre, à Paris cette fois, les Hot d’or espèrent redorer le blason du X, qui souffre encore plus de la crise que le cinéma traditionnel. Mais selon Grégory Dorcel, fils du producteur Marc Dorcel, “ce type de cérémonie n’est plus vraiment adapté au marché aujourd’hui. Les contenus de qualité et les talents se font très rares. On peut donc s’interroger sur la valeur des prix qui seront décernés”.
Depuis 2001, le contexte a changé. En témoignent les deux nouvelles catégories intégrées aux Hot d’or cette année : meilleur blog d’actrice et meilleur site internet. Une façon de refléter l’évolution majeure de ces dernières années : l’explosion du web. Chaque seconde sur la toile, 89 dollars sont dépensés pour le porno. Si les vidéos en ligne répondent à une certaine demande, certains sont nostalgiques de l’âge d’or du X et de ses histoires “fouillées”. La star américaine Savanna Samson confiait récemment au New York Times : “Avant, j’avais hâte de recevoir mon script. J’avais des dialogues à apprendre. Enchaîner des scènes hard les unes après les autres, c’est beaucoup moins marrant.”
Malgré tout, certains font encore de la résistance. Quelques gros producteurs, comme Marc Dorcel en France, continuent à tourner des longs métrages scénarisés. Ils se sont mis au net, bien sûr, mais ne veulent pas perdre en qualité. “Pour nous, il n’y a aucun intérêt à faire des plans gynécologiques au kilomètre, explique Grégory Dorcel. Nous concevons des films recherchés, avec une ambiance, une situation forte. Et c’est ce qui plaît au public.”
De nouveaux talents font aussi des efforts de création, même avec un budget plus limité. Nominé aux Hot d’or dans la catégorie meilleur film pour son premier long métrage, L’Enchanteresse, Dist de Kaerth refuse de tomber dans la facilité des films gonzo, “petit budget-gros profits”, qui adoptent les principes des tournages amateurs : “Pour moi, la seule solution pour faire face à la masse d’offres gratuites sur internet, c’est d’essayer de proposer de l’expérimental, une histoire originale ou une esthétique particulière.”
Béatrice Catanese
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