Adapté du roman de Delphine de Vigan, le téléfilm de Philippe Harel suit deux êtres abîmés par la vie.
Dans Paris s’agitent et se croisent en silence des êtres fatigués : fatigués par la ville, les autres, le travail, la vie elle-même. Des êtres abîmés par une anxiété confuse et diffuse. Les deux héros du téléfilm de Philippe Harel, adapté du roman de Delphine de Vigan paru en 2009 (lire le premier chapitre), portent sur leurs visages pâles le poids de cet épuisement.
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Si leurs regards vibrent encore un peu, ce n’est que parce que l’angoisse leur confère une vitalité inquiète. Tandis que l’une, cadre d’une grande entreprise, mère de trois enfants, subit le harcèlement brutal de son supérieur, jusqu’à la folie et la soumission involontaire, l’autre, médecin, erre dans les rues de Paris pour soigner des êtres en souffrance.
Un temps où rien n’avance, où tout se fige dans l’ennui
Fidèle à la trame du roman et à sa structure en miroir, Philippe Harel traduit imperceptiblement la lourdeur de deux vies que rien ne réunit sinon le commun désarroi devant un horizon bouché.
Les heures souterraines qu’ils traversent sont celles d’un temps où rien n’avance, où tout se fige dans l’ennui et la répétition, où aucun sens précis n’affleure à la fin de journées vidées de toute substance vitale.
Déjà attiré par le climat glaçant de son époque lorsqu’il adapta en 1999 le roman de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, Philippe Harel traduit sensiblement ce à quoi les conditions d’existence actuelles peuvent conduire : à une panique sourde, à une disqualification de soi, à la perte d’une vie commune qui serait irréversible si un bref regard échangé dans le métro ne portait la promesse d’un élan salutaire.
La sècheresse de la mise en scène s’ajuste à l’amertume de son récit. Serré, habité, à l’image des deux comédiens très justes, Marie-Sophie Ferdane et Mehdi Nebbou, le film balance entre les indices de la déshumanisation contemporaine et le peu d’énergie qui reste au fond de soi pour la combattre et échapper à son propre enfouissement.
Les Heures souterraines téléfilm de Philippe Harel. Vendredi 6, 20 h 55, Arte
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