C’est le concept hallucinant made in USA : un bus qui fait office de clinique ambulante de première classe pour traiter les lendemains de cuite – vitamines en intraveineuse, canapé en cuir et barres de céréales. Le tout pour une centaine de dollars.
Maux de tête, fatigue, nausée : les symptômes d’un dimanche matin (midi plutôt) qui obligent à se traîner en pyjama pendant une journée entière. Les Américains ont tout prévu : cela fait trois ans qu’existent des « Hangover bus« , que l’on peut traduire par les « bus pour la gueule de bois ». Ils promettent de traiter les maux les plus sévères des lendemains de soirée en seulement trente minutes grâce à un cocktail de vitamines injecté par intraveineuse. La demi-heure revenant à plus d’une centaine de dollars. Parce que, qui n’a pas envie d’une bonne petite piqure un lendemain de soirée ?
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Oh boyyyy Hangover Club in NYC pic.twitter.com/94X1ChkYUL
— Marie (@mariepuybaraud) 21 Février 2015
99 % de guérisons en une demi-heure
L’idée est venue à un anesthésiste, le docteur Jason Burke, en 2012, alors qu’il remarque que ses patientes qui ont subi une péridurale ont des symptômes similaires aux personnes ayant trop bu la veille. Il a donc l’idée de fournir une réponse similaire, en proposant des injections de vitamines pour réhydrater et donner un coup de fouet. Il lance son projet baptisé « Hangover Heaven » (le paradis de la gueule de bois) d’abord à Las Vegas (ville théâtre du film The Hangover, ou Very Bad Trip en français, ne l’oublions pas) avec une clinique, puis avec un bus itinérant. Le médecin se targue aujourd’hui d’avoir résolu 20 000 cas, avec un taux de réussite de 99 %. Aujourd’hui, le concept a fait des petits à Miami et à New York il y a quelques semaines dans le quartier de Manhattan, avec ses bus « Hangover Club » crée par deux autres docteurs, Asa Kitfield et Joshua Beer (ce n’est pas une blague). Les touristes anglais, séduits par le concept, penseraient même à adapter l’idée chez eux.
http://www.youtube.com/watch?v=4Ykk4x-bKAM
“Make Sunday funday”
La prise en charge a lieu dans ce fameux bus magique positionné dans des endroits stratégiques (bureaux, sortie de boîte). La devanture noire, promesse d’obscurité et de calme, est barrée de l’alléchant « Hangoverclub » jaune comme s’il s’agissait d’un after. A l’intérieur, ambiance première classe : rideaux tirés, canapés rebondis tapissés de cuir et petits coussins sur lesquels il fait bon s’avachir face à divers écrans. Vingt-cinq infirmières se relaient pour relier le bras du fêtard à une poche remplie de vitamines via une intraveineuse. Elles se chargent également de distribuer des lunettes de soleil, de l’’eau de coco, de barres de céréales, mais aussi des plats bien gras (Mac and Cheese est à la carte). Et au cas où le souffreteux est incapable de s’extirper de son canapé ou du bureau, les professionnels pourront se déplacer dans une version VIP. Il y a également la possibilité d’emporter un kit au cas où on a prévu de se mettre dans un sale état le week-end suivant.
La note est salée : à New York, il faudra débourser entre 79 et 169 $ selon le programme (soit entre 70 et 149 euros)- le classique (hydratation), le super (hydratation et énergie), le méga (hydratation, énergie ET detox)- et la durée (15 ou 40 minutes). C’est encore plus cher à Las Vegas, où les trois programmes (Salvation, Redemption et Rapture) vont de 159 à 259 $ (soit entre 140 et 230 euros).
Irresponsables ?
Le concept dérange au-delà des prix : d’abord parce que plusieurs médecins se sont inquiétés de la méprise de certains qui pourraient considérer ces bus comme de nouvelles cliniques et s’y rendre au bord du coma éthylique. De plus, certains critiquent le message de ces espaces qui relativisent la forte consommation d’alcool et rendent la gueule de bois cool. Ainsi sur le site Forbes, Robbert Glatter, journaliste spécialisé dans la médecine est scandalisé : « cela envoie au public un message dangereux quant à la consommation et à l’addiction à l’alcool : il y a une réponse rapide et facile pour parer le fait de trop boire« , alors que la gueule de bois est justement là pour indiquer une surconsommation d’alcool la veille. Du coup à New York, les infirmières soignent les excès, empochent les dollars tout en rappelant systématiquement aux clients (on ne parle même plus de patients) qu’il faut boire avec modération la prochaine fois, leur donnant un petit côté schizophrénique.
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