On les dit finies, révolues, incapables d’atteindre leur cible. Pourtant Google continue de miser sur ses lunettes connectées, espérant conquérir le marché des professionnels avec un nouveau design plus discret et une batterie plus performante.
« Nous sommes complètement motivés, voire dynamisés, par toutes les opportunités qu’offrent les objets connectés, et surtout les Google Glass. » Rarement un cadre d’entreprise avait adopté la méthode Coué avec une telle intensité. Chris O’Neill, chefs des opérations marketing des lunettes connectées de Google s’en dit persuadé : les Google Glass ont un bel avenir devant elles.
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Il est pourtant un des seuls à le penser. Depuis le lancement des lunettes en réalité augmentée, qui permettent à celui qui les porte de prendre des photos, des vidéos, envoyer des messages et surfer sur internet grâce à un petit écran en haut à droite de son champ de vision, Google n’a eu de cesse d’essuyer les déconvenues.
Après la fermeture de plusieurs magasins qui vendaient exclusivement des Glass, l’abandon du projet par Twitter, qui a retiré son application du support, et « l’oubli » du cofondateur de Google, Sergueï Brin, de porter les lunettes (qui ne quittaient plus son nez au cours de ses apparitions publiques) lors d’un gala, Reuters a donné le coup de grâce.
Le mois dernier, l’agence américaine a contacté seize entreprises qui travaillaient sur des applications pour Google Glass depuis leur sortie. Parmi elles, neuf ont expliqué qu’elles avaient abandonné cette occupation, « principalement à cause du manque de clients et des limites de l’appareil« .
Pourtant, la multinationale américaine garde espoir, et continue d’affecter 300 de ses employés à plein temps sur le projet. Pour Google, l’avenir des Glass n’est pas aussi flou (ho, ho) que celui que ce que ses détracteurs leur prédisent. La firme américaine compte emprunter trois nouvelles pistes.
• Rallonger la durée de vie de la batterie
Lors de la conférence sur les Nouvelles Pratiques du journalisme de 2014, la consultante en nouvelles technologies Amy Webb l’a annoncé sans détour : « les gens qui portent des Google Glass toute la journée le font juste pour la frime, car la batterie des Google Glass ne tient en fait qu’une heure au maximum« . Si elle exagérait légèrement (on parle de 3 à 5 heures sans utilisation de la vidéo), la durée de vie de la batterie est l’un des gros points faibles des lunettes connectées, notamment quand les Glass sont reliées au téléphone de leur propriétaire par connexion Bluetooth.
D’après le Wall Street Journal, Google serait en train de remédier à ce problème en changeant son processeur, pour l’instant produit par Texas Instrument, pour un processeur Intel. « Nous ne savons pas encore quelle puce de Intel Google utilisera dans sa prochaine version des Glass, mais ils vont insister sur la conservation de l’énergie« , écrit le journal.
• Miser sur le marché professionnel
La nouvelle version des Glass, appelée sobrement Google Glass 2, est prévue pour l’année 2015. Si la multinationale américaine ne souhaite pas abandonner son projet de démocratisation des lunettes connectées auprès du grand public, elle semble vouloir conquérir un marché beaucoup plus adapté à cette offre: l’industrie professionnelle.
Avec son programme Glass at Work, lancé il y a 6 mois, Google vise à promouvoir ses lunettes de réalité augmentée dans les entreprises. La firme a lancé un partenariat avec cinq compagnies dont Crowdoptic, qui propose des applications concrètes des lunettes, notamment dans le domaine scientifique. A l’université médicale de Stanford par exemple, des internes en chirurgie peuvent être surveillés et conseillés à distance, lorsqu’ils opèrent avec les montures. D’autres, comme des professeurs de l’université médicale d’Indiana, s’essaient aux Google Glass depuis déjà quelques mois.
https://www.youtube.com/watch?v=4H1c2vYiDWo
L’entreprise APX Labs, une autre des partenaires de Google at Work, mise quant à elle sur l’industrie lourde, proposant des applications pour les employés qui « ont besoin d’information quand ils ont les mains prises« .
Seulement, d’après le Wall Street Journal, Google ne consacrerait qu’une petite quinzaine de ses 300 employés spécialisés des Google Glass au programme Google At Work. Un nombre étonnant lorsque l’on connait l’ampleur du marché professionnel qu’il reste à conquérir.
• Enrayer les craintes et les moqueries avec un nouveau design
Finie, l’épaisse branche droite en plastique qui déséquilibre complètement les lunettes ? C’est ce que laisse présager le nouveau brevet déposé par Google pour ses Google Glass 2. Sur les dessins, on remarque que la firme américaine a essayé de réduire la taille du boîtier au maximum afin de rendre plus discrètes (et moins encombrantes) ses lunettes.
Après avoir engagé des partenariats avec des marques de luxe comme Ray-Ban ou DVF (Diane Von Furstenberg), la multinationale continue ainsi sur sa lancée dans le but de se détacher de l’image « nerdy » qui leur colle à la peau.
Reste le concept même des Google Glass, qui soulève toujours autant d’appréhension dans l’opinion publique. Le journaliste anglais Samuel Gibbs l’a résumé dans son dernier compte-rendu des lunettes connectées début décembre :
« En dehors du prix [environ 1500€, ndlr], qui n’est déjà pas un détail, le plus gros problème avec les Google Glass, c’est la réaction des gens autour. Les lunettes semblent, la plupart du temps, socialement inappropriées, si ce n’est pour l’utilisateur, au moins pour ceux qui l’entourent. »
Cette levée de bouclier réside dans la crainte d’être photographié, ou filmé, à son insu, par un propriétaire de Google Glass. Pourtant, comme le précise Samuel Gibbs, les Glass émettent « un petit bruit » à chaque fois que l’on enclenche la vidéo. « C’est beaucoup moins silencieux ou secret que ce que vous pensez« , insiste-t-il. Il en faudra sûrement plus pour convaincre certains restaurants américains de lever leur interdiction de porter des lunettes connectées à table.
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