[Mise à jour du 17 février] La popularité de Giphy, une base de données qui regroupe des dizaines de milliers d’images animées et qui s’est récemment associée à l’appli de rencontre Tinder ainsi qu’au réseau social Twitter, a généralisé l’utilisation du gif. Au risque de déplaire aux puristes.
Des gifs de séries télé, des gifs de dessins animés, des gifs de clips, des gifs d’émissions de télé-réalité. Ces images animées qui se répètent à l’infini sont devenues, ces dernières années, les stars d’internet. Au point où les plateformes en ligne et réseaux sociaux ne peuvent plus s’en passer. Dernier en date : Twitter, qui a récemment fait tester officieusement à quelques membres un nouveau bouton « GIF », calé entre le petit appareil photo et la fonctionnalité sondages.
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If people aren’t seeing it yet twttr is testing way cool gif feature. cc @bluechoochoo pic.twitter.com/LuTsVeUiSs
— Phil Pearlman (@ppearlman) 4 Février 2016
Le 4 février, plusieurs internautes qui utilisent l’application mobile sur Androïd ont salué l’initiative du réseau social au petit oiseau bleu. En cliquant sur le bouton GIF, il est possible de partager les « plus populaires » ou d’en trouver en tapant un mot clé dans une barre de recherche. Twitter a ensuite officialisé, le 17 février, le lancement de cette fonctionnalité dans un post de blog :
« A partir d’aujourd’hui, le [bouton] de recherche de gifs va être ajouté chez tous le monde au cours des prochaines semaines, sur iOS, Androïd et Twitter.com »
The GIFs are coming! Get ready to search and send GIFs in Tweets and Direct Messages: https://t.co/uk75stt1zN pic.twitter.com/1dDD1B4CW2
— Twitter (@twitter) 17 février 2016
Quand le gif remplace le verbe
Le fonctionnement est le même que sur la majorité des réseaux sociaux comme Facebook, ou des applications de rencontres comme Tinder. Cette dernière a en effet mis en place, fin janvier, la possibilité de répondre à ses « matches » avec des images animées. La vidéo de promotion décrit cette fonctionnalité comme une « révolution » : plus besoin de se casser la tête à trouver quelque chose à se dire, il suffirait d’envoyer une petite image animée pour briser la glace.
D’après Sean Radd, cadre de Tinder, ce changement permettrait aux utilisateurs « d’interagir de manière plus nuancée et percutante qu’en utilisant uniquement le verbe« . « Dites-en plus avec des gifs » résume le slogan de cette nouvelle version de la célèbre application de dating, qui est née d’un partenariat avec Giphy, une base de données de gifs lancée en 2013.
A ses débuts en février 2013, Giphy avait été moqué pour son manque de précision. Le site américain Gizmodo l’avait caractérisé de « ridiculement mauvais« , soulignant que les résultats des recherches étaient au mieux incohérents, au pire complètement à côté de la plaque (un chien qui apparaît lorsque l’on tape « Ryan Gosling », ou Lana Del Rey dans la sélection « Star Wars »). Mais en août de la même année, la journaliste de Gizmodo avait ajouté une mise à jour à son papier, admettant que « Giphy [était] à présent génial » car il avait nettement améliorer son système de recherche.
Giphy ou l’uniformisation des réactions
Mais auprès des « initiés », l’existence de Giphy fait grincer des dents. Non pas parce qu’il n’est pas utile, mais parce qu’il facilite et globalise l’utilisation d’un medium jusque là réservé aux « sachants », à ceux qui prennent un plaisir (certes prétentieux) à écumer internet à la recherche du gif parfait. Leur outil de prédilection est GifMe, une extension Google Chrome qui permet de sauvegarder un GIF en un clic droit, depuis n’importe quel site, et de l’ajouter à sa bibliothèque personnelle de gifs. Il est ensuite possible d’y ajouter des tags afin de les retrouver facilement.
Sur Facebook, qui permet d’insérer des gifs sur ses timelines depuis août 2013 et qui a ajouté un bouton « GIF » dans ses messageries en 2015, l’envoi de gifs est aujourd’hui accessible en un clic. Votre ami vous propose un déjeuner mais vous êtes trop occupé ? Il n’y a qu’a taper « sorry » dans le moteur de recherche pour lui répondre.
La popularité de ces images animées qui tournent en boucle est telle qu’un développeur, Rafael Vidaurre, a même créé une extension sur le navigateur Google Chrome en mai 2015 qui permet d’installer un bouton GIF à côté des commentaires Facebook (fonctionnalité que le réseau social n’a pas encore instauré de lui-même). Appelé Facebook GIF Button, il a déjà été installé par plus de 32 000 internautes. Lorsque l’on clique dessus s’affiche, en haut à droite, la mention « Powered by Giphy ». Entendre : il permet de fouiller dans la base de données du fameux site. Et c’est bien tout le problème soulevé par les anti-Giphy.
Les mêmes gifs reviennent sans cesse
A force d’utiliser le même « stock » de gifs et les mêmes mots-clés, ce sont inévitablement les mêmes images qui sont utilisées et partagées. Une simple recherche du mot « hello » sur le site de Giphy, sur l’add-on de Rafael Vidaurre et sur Tinder permet de souligner cette uniformité : les mêmes gifs apparaissent, logiquement, en tête des résultats (un ours qui lève sa patte gauche et salue un passant, Lionel Richie au téléphone, un ours polaire qui bondit hors d’une piscine).
(Une recherche « hello » sur Giphy / 15 février 2016 )
(Une recherche « hello » sur Facebook GIF Button / 15 février 2016 )
(Une recherche « hello » sur Tinder / 15 février 2016 )
La pertinence de certains agrégateurs remise en cause
Mais il y a peut-être encore plus gênant que ces répétitions. Certaines plateformes, qui n’ont pas passé de partenariat exclusif avec Giphy mais agrègent des images de différentes bases de données, souffrent d’un sérieux problème de pertinence.
La barre de recherche de l’outil gif dans Facebook Messenger, par exemple, agrège des contenus de Giphy mais aussi Riffsy (aussi appelé Gif Keyboard) ou Legend (qui permet d’animer des morceaux de texte). Pourtant, bien que l’outil existe depuis plusieurs mois, il regorge d’incohérences, du même acabit que les reproches que formulait jadis Gizmodo à l’encontre Giphy avant que la plateforme ne s’améliore. Par exemple, une recherche avec le mot « hello » mène très rapidement, entre autres absurdités, à d’étranges gifs de Jennifer Lawrence et/ou des Hunger Games.
Aussi, les utilisateurs du réseau social se retrouvent à multiplier les posts de gifs douteux, souvent pas très drôles et certainement mal adaptés aux conversations en cours. La rapidité l’emporte sur la qualité, au risque de dénaturer « l’esprit » du gif, cher aux puristes et autres maniaques d’internet.
(Un puriste qui juge que les gifs sont devenus trop mainstream)
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