Lundi 4 février, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) a dévoilé un état des lieux peu reluisant du temps de parole accordé aux femmes et aux hommes dans les médias français.
« Les femmes parlent trop. » Cette phrase, entendue à plusieurs reprises par David Doukhan lors de ses recherches, ne semble pas tellement correspondre à la réalité. Dans une étude réalisée pour l’Institut national de l’audiovisuel (INA), il a analysé avec l’aide d’une intelligence artificielle plus de 700 000 heures de programmes télévisés et radiophoniques depuis 2001. En moyenne, les femmes y ont deux fois moins parlé que les hommes.
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Télévision ou radio : même constat
Une partie de l’étude consacrée aux programmes entre les années 2010 et 2018 constate un fort déséquilibre entre le temps de parole des hommes et celui des femmes. Malgré une légère différence entre la télévision et la radio, le constat est frappant. Au sein des programmes télévisés entre 10 heures et minuit, la prise de parole des femmes représente 32,7% contre 67,3% pour les hommes. En ce qui concerne les programmes radiophoniques, le résultat est pire encore : entre 5 heures et minuit, la prise de parole des femmes ne représente que 31,2%.
Bilan du temps de parole laissé aux hommes et aux femmes, à la radio et à la télé,. https://t.co/79nSLbmf2m via @InaGlobal pic.twitter.com/NY0NciBNEA
— Frédéric D'Astous (@fdastous) March 5, 2019
En télévision, Téva, Chérie 25 et France 24 se démarquent
Les résultats varient fortement en fonction des chaînes. De manière générale, les chaînes visant un public féminin comme Téva et Chérie 25 accordent un temps de parole plus important aux femmes – mais tout de même moins important que celui des hommes.
En bas du classement se trouvent les chaînes avec du contenu sportif comme Eurosport ou l’Equipe21 où le taux d’expression des femmes ne dépasse pas les 16,5%. Plus surprenant, les chaînes à programmation culturelle telles qu’Arte, Histoire ou encore France 5 font également partie des chaînes qui font beaucoup plus parler les hommes que les femmes.
L’étude s’intéresse particulièrement à France 24, la chaîne française à l’étranger, qui détient « le deuxième plus haut taux d’expression des femmes (44,8 %) ». D’après David Doukhan, cela « contribue ainsi à véhiculer l’image faussée d’un pays où la répartition du temps de parole entre hommes et femmes est relativement équitable ».
En radio, Chérie FM est l’exception
Le pourcentage du temps de parole à la radio est beaucoup moins élevé qu’à la télévision, les différentes chaînes diffusant également beaucoup de programmes musicaux.
Chérie FM se démarque en accordant un temps de parole plus important aux femmes (51%) qu’aux hommes. L’étude précise cependant que cela reste marginal puisque « cette station diffuse plus de 80 % de musique ».
En ce qui concerne les radios qui diffusent majoritairement de la « parole », telles que France Inter, France Info ou RMC, le temps d’expression des femmes oscille entre 16,9% (RMC) et 33,2% (RFI).
Sur le privé, moins de femmes aux heures de fortes audiences
A la radio comme à la télévision, le temps de parole accordé aux femmes varie en fonction des horaires. Sur les chaînes et radios privées, il s’avère qu’aux heures de fortes audiences (6h-9h à la radio et 19h-22h à la télévision), les femmes parlent beaucoup moins que les hommes.
En télévision, entre 19h et 20h, le taux d’expression des femmes est de 37,7% sur les chaînes publiques contre 24,6% sur les chaînes privées. En radio, entre 6h et 9h, le temps de parole des femmes baisse de 2,7% sur les chaînes privées alors qu’il augmente de 0,3% sur les chaînes publiques.
L’étude note tout de même quelques évolutions positives avec la réduction des inégalités au fil des années. A la radio, le temps de parole a augmenté de 9,3% entre 2001 et 2018 tandis qu’à la télévision, ce taux a augmenté de 4,7% entre 2010 et 2018.
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