L’artiste Hélène Mastrandréas s’associe à MAC Cosmetics pour mettre en lumière des beautés plurielles.
La photographe et réalisatrice Hélène Mastrandréas a collaboré avec MAC Cosmetics autour d’une série de photos visant à faire évoluer les représentations et repenser ce que l’on nomme le beau et le féminin et à quoi on l’associe, vers la célébration d’identités émancipées des carcans hétéronormés et cisgenres. Entretien.
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Peux-tu me parler de l’intention initiale du projet ? Qu’as-tu voulu mettre en lumière ?
Hélène Mastrandréas – L’idée de la série en partenariat avec MAC Cosmetics France est de créer des représentations positives de la communauté LGBT + pour promouvoir une image d’assomption, de liberté et d’acceptation. Montrer des roles models rassurants et inspirants pour ceux qui sont en chemin ou qui, comme moi, ont besoin de s’identifier à des figures qui leur ressemblent.
Avoir des role models est une part importante du développement des adolescent.e.s. Cependant, les représentations de la communauté LGBT + sont assez pauvres dans les médias. Plus jeune, j’ai eu besoin de m’identifier à des role models sans en trouver. La plupart des représentations étaient soit stéréotypées soit dans la contre-culture, mais elles restaient inexistantes sur la scène mainstream. Alors on a représenté la communauté avec simplicité.
https://vimeo.com/394211590
Quel processus, cadre, démarche as-tu mis en place pour illustrer ce propos ?
J’ai voulu proposer une autre idée de la beauté. Une vision plus personnelle et plus engagée parce que ma vision de la beauté est inclusive. On a choisi un casting de personnes d’expression féminine, tout en représentant des personnes racisées, des personnes trans, des personnes grosses ! Pour la mise en scène, on a littéralement mis en lumière différentes figures issues de la communauté LGBT + avec un regard doux et joyeux. Le make up inspiré des années 90 avec des touches colorées donne une atmosphère fun pour mettre en valeur ces personnalités fortes et assumées !
Le choix des cadrages le plus souvent en contre-plongée me permet de sortir d’une représentation de la beauté trop classique. Dans la vidéo, on alterne avec des plans plus classiques et d’autres proches de la stop motion pour donner un aspect plus vivant et plus intense. J’ai collaboré avec l’artiste Régina Démina dont le track Amour Monstre habille le rendu. Son univers dark et sensuel apporte une intensité à l’énergie de la vidéo.
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En quoi cette série photo s’ancre-t-elle dans ta vision plus globale ?
Il y a tout un mystère autour du féminin et des diverses expressions de la féminité qu’il est urgent de représenter pour sortir d’une vision trop normative. Donner à voir un female gaze fait partie de l’émancipation de la représentation. Et j’aime représenter celles et ceux qui me ressemblent en étant positive et inclusive.
Apporter du mystère, de la magie et des couleurs intenses me permet de créer une atmosphère proche de la fiction. De raconter une histoire, de montrer des aspects plus subtils et plus délicats de la femme et de la communauté LGBT +.
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Ton travail est souvent tourné autour de l’intimité : pourquoi et que cherches-tu à en dire ? Et comment ?
Je photographie l’intime pour capter les présences, je crois qu’il faut se rapprocher pour regarder les visages, les regards, les personnes et leur personnalité ! Se tourner vers l’intimité c’est choisir de montrer la vulnérabilité et donc l’humain. Photographier l’intime me permet de faire une véritable rencontre et que le spectateur ait cette même expérience.
Comment évites-tu les clichés hétéronormés ?
Pour prolonger la question précédente, photographier l’intime me permet de sortir d’un cliché hétéronormé puisque dire la vulnérabilité c’est sortir de l’idée qu’une femme est un objet construit pour et par le male gaze. Ou que les personnes d’expressions masculines sont dépourvues d’émotions et de sensibilité.
Ensuite, il y a le choix des modèles. En étant inclusive, j’essaie de représenter une diversité et une autre idée de la féminité. Donc je choisis des personnes qui me ressemblent qu’elles soient alternatives, racisées, LGBT + ou grosses.
Sortir de l’hétéronormativité c’est aussi des choix d’attitudes avec les modèles. Par exemple, ne pas représenter une femme en posture de soumission à un homme. Ou encore, montrer une femme puissante et indépendante. En la cadrant en contre-plongée, en laissant voir ses tatouages, en la montrant avec le regard fixe, droit, qui n’hésite pas.
Les femmes sont également très présentes, pourquoi et comment cherches-tu à faire évoluer les représentations ?
J’ai envie de montrer des modèles auxquelles je peux m’identifier. C’est aussi une nécessité en tant que femme de reprendre le pouvoir sur nos représentations. Donc créer des nouvelles images de la femme me paraît être une façon positive de participer à l’évolution des représentations.
Faire évoluer les représentations, c’est sortir d’une vision hétéronormée. Alors je montre une vision de la femme qui peut être à la fois puissante et vulnérable, sensuelle et spirituelle, sorcière et thug.
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Photographe et réalisatrice: Hélène Mastrandréas @helenemastrandreas
Modèles: Brynne @brynneweaver; Alejandra @cross_bone_; Maxime @mmlmeryl @girlgmgt; Rose @rrrabia__
Make up: Marieke Thibaut @marieke_thibaut @maccosmeticsfrance
Hair: Nina Olivet @ninaolivet @artistunit
Chef opérateur: Hugo Carlier @igotvision
Electro: Gabriel Beaumelou
Etalonneur: Antoine Ravache @antoine_ravache
Styling: Koché @koche; Moldy Smith @moldysmith
Musique: Amour Monstre Regina Demina @regina_demina Kwaidan Records
Casting: Alejandra Perez @cross_bone_
Production et post-production: Helmut @helmut_magazine
Remerciements: @veroniquechabourine @maccosmeticsfrance
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