Réveillées par DSK, les féministes haussent le ton à quelques semaines de la présidentielle.
La dernière victoire des féministes françaises ? Obtenir la disparition des cases « Mlle », « nom de jeune fille » ou « nom d’épouse » des formulaires administratifs. Jugées discriminatoires et intrusives, elles incarnent pour elles la queue de comète de l’organisation par l’Etat de l’inégalité hommes-femmes. Il n’y a eu que la juriste Marcela Iacub pour faire entendre une voix discordante en proposant de garder le libertaire « mademoiselle » et de supprimer le « madame » porteur, selon elle, du stigmate d’un mariage déliquescent. Sur Twitter, toutes les « demoiselles » n’ont pas apprécié une décision vue, au pire comme liberticide, au mieux comme futile – « Osez le féminisme et Chiennes de garde n’ont vraiment pas d’autres combats à mener que la suppression du Mademoiselle. »
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En effet, ce décret de François Fillon, lot de consolation signé à quelques semaines des élections, met surtout en lumière l’absence de progrès, voire la régression, de l’égalité entre les sexes sous la mandature Sarkozy.
« Nous rabâchons les mêmes choses depuis vingt ans et les femmes gagnent toujours 20% de moins que les hommes », constate Cécile Daumas du Laboratoire de l’égalité.
On peut ajouter que cinq fois plus de femmes travaillent à temps partiel et qu’elles consacrent 1 heure 30 de plus au travail domestique. On ne compte encore que 18,5% de femmes à l’Assemblée nationale et 21,8% au Sénat.
En 2011, les féministes françaises sont pourtant redevenues audibles. L’effet des partouzes « bunga bunga » de Silvio Berlusconi d’abord, mais surtout de l’affaire du Sofitel et des révélations sur la vie privée de DSK. D’un coup, on parlait à nouveau de machisme en politique, de prostitution, de libertinage, de domination masculine… Des débats vifs jusque dans les rangs des femmes et des hommes féministes, mouvement traversé par des courants parfois à l’opposé philosophiquement. L’élection présidentielle de mai prochain fait naître l’espoir d’une alternance à gauche qui prendrait en compte les revendications d’un mouvement protéiforme.
Anne Laffeter et Géraldine Sarratia
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