Eté 2014. Les jeunes américains n’envoient plus de cartes postales. Ils tweetent leurs “fakecation”, des photos de leurs vacances imaginaires. La carte postale appartient à l’ancien temps. Ce temps avant la crise où la classe moyenne pouvait s’offrir des vacances, et où le premier degré existait encore. “Fake-cation” est un mix de deux mots « fake » (faux) […]
Eté 2014. Les jeunes américains n’envoient plus de cartes postales. Ils tweetent leurs « fakecation », des photos de leurs vacances imaginaires.
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La carte postale appartient à l’ancien temps. Ce temps avant la crise où la classe moyenne pouvait s’offrir des vacances, et où le premier degré existait encore. « Fake-cation » est un mix de deux mots « fake » (faux) et « vacation » (vacances). Depuis le début de l’été, ces photos où de petits rigolos posent devant des reproductions de paysages paradisiaques déferlent sur les réseaux sociaux. Deux phalanges pour imiter les genoux du vacancier sur sa serviette de plage, un écran d’ordinateur avec une photo d’océan turquoise, un smartphone pour immortaliser le tout, et le tour est joué. Comme le dit le site américain Buzzfeed, qui publie une sélection ahurissante de ces photos : « Les vacances sont chères. Mais vous savez ce qui ne coûte pas cher? De bonnes vieilles vacances en trompe l’œil. En résumé le « fakecationing », c’est vous mettre là où vous voudriez être. »
Par extension, est aussi considéré comme « fakecationing » le fait de placer sa tête ravie ou ses doigts de pied en éventail devant l’écran. Voire de poser devant une affiche National Geographic. Plus le paysage est stéréotypé, mieux c’est : océans et ciels bleu turquoise, mégalopoles au soleil couchant… Un jeune homme utilise même la prairie verdoyante du fond d’écran Windows XP. Les internautes ne cherchent pas à effacer les signes de la mise en scène : au contraire, les détails qui révèlent la duperie sont appréciés. C’est de là que vient l’effet comique : la flèche de la souris dans un coin de l’image, les couleurs artificielles de l’écran LCD, le reflet de la pièce où a été prise la photo… L’auto-dérision remplace l’ostentatoire ringuard de la carte postale qui vend du rêve et celui de la photo de vacances (adieu images de contrées lointaines et exotiques, photos d’amoureux bronzés s’embrassant sur la plage!). Se montrer peu fortuné, mais geek, imaginatif et plein d’ironie sur le monde est un faire-valoir définitivement plus moderne.
Hélène Tissier
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