Anthony Lycett photographie ceux qui “osent exprimer leur propre style”. Des styles le plus souvent considérés comme excentriques et représentant les mouvements de “sous-culture” à Londres et Paris. Alors qu’une partie de ses portraits sont exposés à la galerie Isabelle Gounod, jusqu’au 27 février, l’artiste anglais nous explique ce qui le fascine tant chez ses […]
Anthony Lycett photographie ceux qui « osent exprimer leur propre style ». Des styles le plus souvent considérés comme excentriques et représentant les mouvements de « sous-culture » à Londres et Paris. Alors qu’une partie de ses portraits sont exposés à la galerie Isabelle Gounod, jusqu’au 27 février, l’artiste anglais nous explique ce qui le fascine tant chez ses modèles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis 2008, Anthony Lycett s’attache à immortaliser les looks hors-du-commun. Sa série Self-Styled comprend aujourd’hui plus de 200 diptyques – les modèles sont photographiés avec une tenue de jour, puis un tenue de nuit –, une sorte de recensement des mouvements de « sous-culture » observés à Londres et Paris : dandy, punk, gothique, travesti… Mais ce qui intéresse vraiment l’artiste n’est pas tant l’accoutrement de ses modèles que leur audace, leur esprit créatif.
Pourquoi avez-vous choisi de photographier les « excentriques » ?
Anthony Lycett – Je veux célébrer les personne qui osent être différentes, exprimer leur propre style. Ce n’est pas toujours un choix facile, nous sommes souvent occupés à nous soucier de ce que les autres attendent de nous. Ces personnes ont suffisamment confiance en elles pour faire fi des regards malveillants. Leur liberté d’esprit et d’attitudes me fascine. Je souhaite avoir leur confiance, en savoir plus sur eux, comme s’il s’agissait de trouver leur secret. Je cherche à comprendre leur esprit créatif.
Qu’est-ce qui fait, selon vous, qu’une personne a trouvé son propre style ?
Il faut oublier ce qui est censé être cool et essayer de trouver sa propre voie. Prenez les hipsters. Il pensent être différents alors qu’ils sont tous les mêmes, identiques dans leur quête de singularité. Le style vintage a été très populaire ces dernières années, mais l’adopter ne fera pas de vous quelqu’un de vintage. C’est vraiment pertinent uniquement si cela correspond à votre style de vie. Il s’agit d’outrepasser ses propre barrières mentales, quand vous êtes vous-même, les gens vous admirent et vous trouvent inspirant.
Comment avez-vous trouvé vos models ?
Je n’ai jamais été du genre à arrêter les gens dans la rue, je ne vais pas aux soirées ou en clubs qu’ils fréquentent probablement. Si je le faisais, j’aurais une vision tronquée de leur véritable personnalité. J’ai commencé par quelques amis, puis des amis d’amis, comme un arbre généalogique qui grandit naturellement, sauf qu’ils ne se connaissent pas tous. Maintenant, beaucoup de personnes se proposent, mais j’accepte rarement. Car si vous pensez que vous devez faire partie de ce projet, c’est sans doute pour de mauvaises raisons.
Pensez-vous que leurs revendications soient politiques, comme les dandies au XVIIIe siècle ?
Non, je pense que ceux que vous classez aujourd’hui comme dandies endossent le rôle pour son côté amusant. Ils veulent profiter de la vie. Parfois, cela peut être une manière de contester le système, de lui dire : Fuck ».
Vous avez photographié vos models à Londres et Paris. Quel rapport ont ces villes avec l’excentricité ?
Londres est l’une des capitales où les gens se sentent le plus libres d’être eux-mêmes, en sécurité même avec un mode de vie différent. Vous pouvez marcher dans les rues avec les cheveux bleus ou roses, couvert de tatouages ou juste avec des habits ultra-colorés sans avoir l’impression de gêner les autres. C’est à peu près pareil à New York. À Paris, les choses commencent à changer mais ça prend du temps.
Vous avez comparé votre approche à celles d’un anthropologue et d’un humaniste ?
J’aborde mon sujet comme un anthropologue qui voudrait étudier le développement, la diversité des êtres humains et de leurs sociétés. Mais autant je peux classer les personnes que je photographie dans la « tribu » des gens créatifs, autant je les respecterai toujours en tant qu’humains. Je suis plus un humaniste qu’un scientifique. Je pense juste qu’il est important de recenser ces personnes, que ce projet reflétera dans le futur quelque chose de notre ère.
Pourquoi avez-vous photographié chaque personne avec deux tenues, une portée au quotidien et l’autre pour la nuit ?
Parce qu’il y a règle informelle selon laquelle, la nuit, vous êtes autorisé à porter quelque chose que vous ne porteriez pas le jour… Par exemple, une femme avec une petite robe et des talons hauts se fondra davantage dans la masse dans un bar, en soirée, qu’en marchant dans la rue dans la journée. Or selon moi, les limites de ce qui est acceptable de porter le jour ou la nuit sont arbitraires. C’est ce que je veux démontrer avec les models. Sans que je les guide, certains ont choisi de porter pour la journée des vêtements que vous considérez comme des vêtements de nuit. Pour d’autres, vous ne voyez pas la différence. Pour moi, c’est une autre manière d’étudier le processus de création à l’œuvre dans le fait de s’habiller.
à la galerie Isabelle Gounod, 13, rue Chapon, jusqu’au 27 février
{"type":"Banniere-Basse"}