Simon Sanahujas a passé le mois d’août à barouder au Gabon, avec un ami à lui. Pas pour la présidentielle qui vient de sacrer Ali Bongo, mais plutôt pour retracer l’histoire de Tarzan.
Lui, c’est Simon. Simon Sanahujas. Il écrit. Son vieux copain Gwenn Dubourthoumieu prend les photos. Ensemble, ils sont partis sur la piste de Tarzan tout le mois d’août. A la recherche des lieux que le personnage aurait connus et des atmosphères qui l’entourent, au Gabon. Leur récit de voyage a alimenté un blog et se transformera en livre. Le deuxième, après Conan le Texan. Simon et Gwenn aiment poursuivre les personnages de la littérature populaire.
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Pourquoi Tarzan ? Qu’est-ce qu’il a de plus ?
Au départ, on pensait à Dracula. On aurait voulu refaire son voyage entre Londres et les Carpates, à la fin de l’histoire de Bram Stoker. Mais ça a déjà été fait. Tarzan nous donnait l’occasion d’un voyage intéressant et original. En plus, Edgar Rice Burroughs [auteur de Tarzan in the Apes, en 1912, base du travail de Simon et Gwenn] n’a jamais mis les pieds en Afrique. Ils ne raconte que des choses qu’il a lues quelque part. L’intérêt était d’aller voir sur place pour voir si finalement, tout ce qu’il a rêvé a véritablement existé et de comparer l’Afrique actuelle à celle de 1912.
Gwenn et vous, comment vous vous êtes rencontrés ?
On se connaît depuis tous gamins. Je me suis mis à l’écriture il y a une quinzaine d’années, lui à la photo il y a 5 ou 6 ans, on a commencé à discuter ensemble de projets communs.
Comment avez-vous construit votre itinéraire ?
On est entrés en contact avec un chercheur africainiste qui vit au Gabon. Il écrit un essai sur le personnage de Tarzan. Lui aussi part à la recherche de la réalité derrière le personnage. En discutant avec lui on est arrivés à retrouver des lieux. Par exemple la plage où serait né Tarzan, un peu au sud de l’équateur, avec une mission française à proximité et une grande ville à environ 500-1000 km au nord. En recoupant toutes ses informations on a pu situer des endroits relativement précis qui semblaient être au Gabon.
Vous l’avez respecté cet itinéraire ?
Pas du tout ! A la base on voulait aussi aller au Cameroun, pour faire des recherches sur les tribus qui auraient pu s’apparenter à celle de Tarzan. Mais le problème de ce genre de voyage, et surtout au Gabon, c’est qu’on voit en fonction des possibilités de transport. Là on a dû tout au jour le jour.
La campagne électorale gabonaise et le climat politique consécutif à la mort d’Omar Bongo ont-ils influé sur votre voyage ?
Pas influé, mais accompagné. Comme on était toujours avec des Gabonais, on en a discuté énormément. C’était le leitmotiv du voyage. Entre les affiches de campagne, les discussions, les chansons électorales des différents partis, qui étaient pratiquement la seule musique qui passait… De ce qu’on a vu, les Gabonais en ont marre de Bongo. On ne pouvait pas prévoir ce qui allait arriver, bien sûr. Pour ma part, je suis arrivé le 28 juillet et reparti le 29 août, la veille de l’élection présidentielle. Gwenn aussi a quitté le Gabon quelques jours avant l’élection.
Quelles différences avez-vous noté par rapport au récit de Burroughs ?
La forêt. Il la décrit comme une jungle énorme, touffue. Ce n’est pas exactement le cas. Certaines parties correspondaient à peu près, mais pas à ce point. Et surtout il y a énormément de lagunes, de rivières, de savane. Pas de forêt sur des hectares sur des hectares. Tarzan était censé être esseulé, perdu dans un endroit sans aucune population. En fait beaucoup de missions se sont installées à partir de la moitié du 19e siècle. On en est venus à penser que Tarzan est resté sur un petit espace, comme le font les groupes de gorilles que nous avons observé, sans se déplacer énormément.
Quel bilan vous tirez de ce voyage ?
On a eu des difficultés dans les transports, pour se loger. C’est ce qui fait le sel du voyage. On aurait pu réserver des hôtels, mais ça ne nous intéressait pas. On avait pour but de rechercher Tarzan, mais aussi de se mêler à une population. Quand on regardait la carte le matin, on se disait « ce soir on va essayer d’arriver à tel endroit, de trouver une voiture pour nous emmener. » On faisait des paris : « je suis sûr que ce soir on arrive ici », « moi j’y crois pas ».
Le meilleur moment ?
Deux jours avant de partir, on a parcouru des kilomètres de plage. On a fini par en trouver une qui correspond à la description de Burroughs, avec un promontoire rocheux. C’était magique : on a suivi à pied les traces d’un gorille pendant trois ou quatre kilomètres. Ca nous a conduit à l’endroit qu’on cherchait.
Comment avez-vous financé votre voyage ?
On a avancé tout l’argent de notre poche. On se récupèrera sur les droits d’auteurs et les expositions de photos. Le livre devrait sortir au printemps 2010.
Vous avez déjà tenu un blog, qu’est-ce qu’il vous reste à faire ?
On veut que ce soit différent du blog, je vais réécrire les textes. On ne veut pas faire un récit de voyage au jour le jour, mais alterner des articles sur Tarzan au et d’autres sur notre découverte du pays. Ensuite il y aura la phase de relecture avec Gwenn. On parle beaucoup tous les deux de ce qu’on décide d’aborder.
Votre prochain jeu de piste ?
On hésite énormément. Dracula nous intéresse toujours mais c’est déjà fait… On avait aussi pensé à Corto Maltese, Zorro… on verra !
Le blog de Simon et Gwenn sur Liberation.fr (les notes sont publiées avec quelques jours de décalage)
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