Dans des centaines d’écoles, les garçons et les filles américaines sont séparées, et reçoivent une éducation différente.
Des classes pour les petits garçons avec des photos de voitures et de joueurs de foot sur les murs, et des classes pour les petites filles avec des boîtes roses, et du papier peint « zèbre » ou « léopard ». C’est le décor que propose l’école Charles Drew, en Floride, et que décrit le New York Times. Là-bas, et dans des centaines d’autres classes aux Etats-Unis, les filles et les garçons sont séparés.
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Hula-hoop pour les filles, baseball pour les garçons
En Floride, mais aussi à Chicago, New York, Philadelphie, les années 2000 ont vu une recrudescence des écoles non-mixtes. Le Département d’Education en comptabilise 750 où au moins une classe est réservée exclusivement aux filles ou aux garçons, et 850 qui n’accueillent que l’un des deux sexes. C’est environ 7 fois plus qu’en 2004 et 2005, assure l’Association nationale pour l’éducation publique non-mixte. Souvent dans les quartiers pauvres, et où les minorités raciales prédominent, la séparation des élèves en fonction de leur sexe revient à la mode, alors même que ce principe avait été peu à peu abandonné aux Etats-Unis autour du XIXe siècle.
Les écoles qui choisissent de revenir sur la mixité s’appuient sur une théorie selon laquelle « les différences entre les filles et les garçons pourraient affecter la manière dont ils apprennent et dont ils se comportent », rapporte le journal. Les séparer permettrait ainsi aux filles de davantage briller dans des disciplines comme les mathématiques ou les sciences, où elles sont souvent écrasées par les garçons. Même chose pour les garçons et la lecture. Et puis, c’est bien connu, avancent les défenseurs de cette méthode : « les filles ont plus en commun avec les autres filles – et les garçons avec les autres garçons – qu’avec le sexe opposé à cet âge ». Et c’est une raison pour les séparer.
Ainsi, on donnera plutôt des cerceaux pour faire du hula-hoop aux filles, et des battes de base-ball aux garçons. En musique, à eux, on fera écouter du Michael Jackson, et à elles, plutôt des musiques douces. Et ce ne sont que quelques-uns des exemples cités dans le New York Times.
Plus de ségrégation, plus de stéréotypes
A Charles Drew, cette séparation des filles et des garçons dans un quart des classes a conduit à une amélioration des résultats. D’autres écoles, souvent dans des quartiers pauvres et où les minorités ethniques dominent, qui expérimentent ce principe remarquent également moins de problèmes de discipline. Mais les études menées sur le sujet dans divers pays ne montrent pas une différence fondamentale entre les écoles mixtes et celles non-mixtes en ce qui concerne les résultats scolaires, les parcours choisis et le comportement disciplinaire. Et lorsque des différences sont relevées, les chercheurs soulignent que rien ne prouve scientifiquement que la seule ségrégation filles – garçons peut expliquer cela.
En outre, pour la psychologue Rebecca Bigler, « la séparation selon le sexe – ou selon n’importe quelle catégorie sociale – accroît les préjudices basés sur les stéréotypes ». Et déjà, à Charles Andrews, rapporte le New York Times, un petit garçon dit préférer l’école sans les filles, parce qu’elles sont « autoritaires ». Et une petite fille, elle, adore aller à l’école avec ses copines, parce les garçons, « ils t’embêtent ».
Et en France ?
Alors qu’en France les débats autour de la soi-disant « théorie du genre » ont mené le gouvernement à abandonner les ABCD de l’égalité tels qu’ils étaient prévus, pourrait-on connaître également un retour aux écoles non-mixtes, où les petites filles reçoivent une éducation pour les petites filles, et les petits garçons pour les petits garçons ? En 1975, une loi obligeait la mixité dans les écoles publiques du primaire et du secondaire. Elle prenait ainsi acte d’une pratique développée depuis plusieurs dizaines d’années. Mais en 2008, la loi pour la lutte contre les discriminations ouvre une brèche: l’article 2 autorise « l’organisation par regroupement des élèves en fonction de leur sexe ». On observe donc un paradoxe : la volonté d’acquérir toujours plus l’égalité entre les hommes et les femmes dès l’enfance se voit concurrencée par une loi qui aurait tendance à reproduire des stéréotypes, et par là-même des inégalités.
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