Mouton noir de la classe politique relégué en queue de peloton des enquêtes d’opinion, Eric Besson est devenu le roi des twittos en l’espace de quelques mois. Décryptage d’une méthode qui a fait ses preuves.
En l’espace de quelques mois, Eric Besson est devenu l’un des twittos politiques les plus populaires du réseau. Pourtant, lorsque l’homme que Marianne décrivait comme « le plus détesté de France » a débarqué sur un réseau social plutôt caustique vis-à-vis du gouvernement, on pouvait légitimement craindre le pire. Mais à coup de blagues potaches et d’application très stricte de la « netiquette », le ministre chargé de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique a réussi à renverser la tendance et à se tailler une petite réputation sur Twitter.
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Pour que d’autres ostracisés tels Eric Zemmour, Raymond Domenech ou Dieudonné puissent à leur tour franchir le pas sans crainte du lynchage, nous avons décidé de décortiquer « la méthode Besson » en dix points.
1. Tweeter soi-même
L’important pour tout homme politique c’est de donner l’impression que c’est lui qui tweete et non pas un assistant parlementaire préposé à cette sacro-sainte fonction. Si Martine Aubry et Barack Obama la jouent cartes sur table en signant les tweets qu’ils envoient avec leurs initiales, Eric Besson a choisi d’aller plus loin en distinguant ses comptes pro et perso.
Besson va sur Twitter pour raconter sa life à coup d’anecdotes truculentes. Lorsqu’on l’interroge sur des questions sérieuses, le ministre n’hésite pas à renvoyer le twittos vers le compte de son cabinet chargé d’assurer le SAV. Il ne prend ainsi aucun risque de sécher sur une question technique.
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2. Rompre la distanciation…
Lorsqu’elle occupait le poste de secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet snobait les twittos qui l’interpellaient. Eric Besson fait le choix inverse en répondant à un maximum de personnes. Quitte à donner l’impression de tenir une permanence virtuelle.
Pour rompre la distance avec le petit peuple, Eric Besson n’hésite pas à répondre aux questions les plus personnelles sur sa vie privée. Comme l’avait théorisé en son temps le philosophe Richard Sennett, Besson a compris que le secret de la popularité passait en politique par le recours au « dévoilement simulé de sa personnalité profonde ». Twitter est l’outil rêvé pour cela.
3. …Mais pas trop quand même
Eric Besson a le follow élitiste. Alors qu’il est suivi par 18 929 personnes, il ne suit que 167 twittos triés sur le volet. Soit à peine 0,88% de ses followers. Essentiellement des politiques et des journalistes.
4. Devenir le roi du livetweet
La plupart des politiques se bornent à utiliser Twitter pour indiquer leurs déplacements et leurs passages télé. Eric Besson s’en sert pour commenter l’intégralité de ses journées. Le ministre de l’Economie numérique pousse même le vice jusqu’à livetweeter des grand prix de formule 1.
5. Montrer qu’on fait son job à plein temps
« L’important c’est que tu comprennes que j’fais mon job à plein temps », rappait Busta Flex, cassette dévissée sur la tête et micro dans le tro-mé. Pour montrer qu’il est sans arrêt sur le qui-vive, Eric Besson a une autre technique. Il joue les stakhanovistes en tweetant jusqu’à pas d’heure et s’y remet aux aurores dès qu’il a enfilé ses pantoufles. Un twittos exemplaire qui ne connaît pas les 35 heures.
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6. Répondre aux aspirations des twittos
En tweetant autant, Eric Besson se fait régulièrement épingler par des zozos 2.0 qui lui reprochent sa trop grande prolixité. Intelligemment, Besson les retweete pour fédérer autour de lui le peuple twittos qui ne rêve dans le fond que d’une seule chose. Voir tous les politiques débarquer sur le réseau pour un grand débat en ligne. En incitant ses collègues à s’inscrire sur Twitter, Besson répond à leurs espérances.
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7. Respecter la #netiquette
Eric Besson respecte à la lettre ce que nos anciens avaient coutume d’appeler la #netiquette dans les années 90, à savoir un ensemble de règles de politesse qu’il était de bon ton d’utiliser sur le réseau. L’ancien socialiste remercie toujours ses interlocuteurs à chaque flagornerie et n’hésite pas à interagir avec eux. Il y ajoute sa petite touche perso en associant systématiquement un smiley à double menton façon « kikoolol » à chaque fin de tweet.
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8. Rebondir après un DM fail
Le DM fail n’épargne personne, pas mêmes les utilisateurs les plus avertis. Eric Besson n’a pas échappé à la règle en postant un message privé pour le moins ambigu sur sa timeline au début du mois d’octobre. Jugez plutôt : « Quand je rentre je me couche. Trop épuisé. Avec toi ? »
Rapidement, le ministre a subi les quolibets des twittos. Plutôt que de nier son erreur, Besson a joué la carte de l’humilité en se servant des codes du réseau : « LOL et excuses. Ça m’apprendra à manipuler la liste des brouillons et à appuyer par erreur sur la touche envoi. Je ne me couche pas… »
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9. Trollers gonna troll
Fidèle à son image de chien de garde de la sarkozie, Eric Besson ne se contente plus de faire du trolling IRL. Sur Twitter, il répond méthodiquement à tous ceux qui lui cherchent des noises et va plus loin en titillant les twittos gauchistes dès qu’il en a l’occasion. Dès qu’il a un journaliste dans le viseur, Besson n’hésite plus à se faire justice devant son public. Le journaliste du Monde Arnaud Leparmentier en a récemment fait les frais.
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10. Un soupçon d’#humouronline
Eric Besson a tellement apprivoisé l’outil que le LOL est devenu une seconde nature chez lui. En plus de retweeter sans complexe des blagues potaches dans son costard de ministre, il ose des plaisanteries de comptoir à ses heures perdues. Sa particularité ? Ajouter un petit hashtag, histoire de rendre le malaise moins pesant.
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David Doucet
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