Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces américaines ont tué le leader d’Al-Qaeda, Oussama Ben Laden, lors de l’assaut de sa résidence fortifiée, à Abbotabad, dans la grande banlieue d’Islamabad, la capitale du Pakistan. Récit de ses dernières heures.
Deux hélicoptères Black Hawk se posent à terre. Vingt quatre hommes en jaillissent. Issus des Navy Seals, les forces spéciales de la marine américaine et sous les ordres de Leon Panetti, le directeur de la CIA, ils entament l’assaut de la résidence fortifiée d’Oussama Ben Laden.
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Très vite, des témoins entendent des explosions et des échanges de tirs intenses démarrent. A 1h15 du matin heure locale, Sohaib Athar (@ReallyVirtual), un consultant en informatique qui se trouve sur place, poste un message sur Twitter: « Des hélicoptères survolent Abbottabad à 1h00 (un événement rare) ». Puis « Une grosse explosion a fait trembler les vitres à Abbottabad. J’espère que ça n’annonce pas quelque chose de mauvais. » Sans le savoir, l’homme twitte en direct l’opération.
Ben Laden et les siens se défendent. Le combat dure quarante minutes. Lorsqu’il cesse, cinq cadavres jonchent le sol. Une femme, utilisée comme bouclier humain et deux frères, les messagers d’Oussama Ben Laden, ont été tués. L’un de ses fils est également tombé. Ben Laden, lui même, est mort, victime d’une balle dans la tête. Il est un peu plus d’une heure du matin au Pakistan.
La chute d’Oussama Ben Laden commence en août dernier. Les espions américains parviennent enfin à localiser un membre de sa garde rapprochée, l’un de ses deux coursiers chargés d’assurer le contact avec le monde extérieur.
L’homme, dont l’identité à été dévoilée quatre ans plus tôt par un prisonnier de Guantanamo, réside dans la ville d’Abbotabad, à 55 kilomètres au nord d’Islamabad, la capitale pakistanaise. Il vit avec son frère, et leur famille respective, dans un vaste complexe résidentiel de trois étages, particulièrement sécurisé.
Situé au sommet d’une colline et huit fois plus haut que les constructions voisines, celui-ci est protégé par deux portails de sécurité et entouré de murs de 5 mètres de haut surmontés de fils barbelés. Dépourvu de la moindre ligne téléphonique, il est comme coupé du monde. Par soucis de discrétion, les résidents ne sortent pas leur poubelle dehors, ils brulent leurs déchets. Construit en 2005, le complexe est estimé par les autorités américaines à un million de dollars.
Le 14 mars, lors d’une réunion à la Maison Blanche, ces éléments sont transmis à Barack Obama. Quatre autres réunions suivent. La dernière a lieu le vendredi 29 avril. A 8h20, dans la Diplomatic Room de la Maison Blanche, le président américain réunit autour de lui Thomas Donilon, conseiller à la sécurité nationale, John O. Brennan, attaché au contre terrorisme, et plusieurs autres conseillers.
Avant de s’envoler vers l’Alabama, plus tard dans la matinée, Obama valide l’envoi de troupes sur le terrain dans la perspective d’une opération militaire visant à la capture d’Oussama Ben Laden. A aucun moment il n’informe le gouvernement pakistanais de l’imminence de l’attaque. C’est seulement après celle-ci que l’information sera transmise.
Dès la fin de l’opération, qui n’aura fait aucun blessé parmi les assaillants, le corps d’Oussama Ben Laden est transféré dans l’un des hélicoptères. Il faut partir vite, mais l’un des appareils est victime d’ennuis mécaniques. Il est détruit sur place et l’équipe s’entasse dans l’autre appareil, en direction de l’Afghanistan.
Quelques heures plus tard, on apprend que le corps d’Oussama Ben Laden a été enseveli en mer. Washington, qui refuse pour le moment de confirmer cette information, aurait estimé compliqué de trouver un pays qui accepterait d’accueillir la dépouille du leader d’Al-Qaeda, dans le délai de 24 heures imposé par la religion musulmane pour l’inhumation d’un corps. Les Etats-Unis auraient également voulu éviter à tout prix que la tombe de Ben Laden puisse devenir un lieu de pèlerinage.
Cité par Le Monde, un proche de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a d’ores et déjà estimé que l’ensevelissement en mer était « totalement contraire aux règles sacro-saintes de l’islam »:
« Le corps d’un défunt doit d’abord être lavé avec de l’eau savonneuse, puis de l’eau claire et enfin avec de l’eau mêlée de camphre, avant d’être entouré de trois pièces d’étoffe ».
Pendant ce temps-là, aux Etats-Unis, à Washington comme à New York, des gens descendent dans la rue pour célébrer la disparition de l’ennemi public n°1 de l’Amérique.
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