Tous les six mois, ce que la planète mode compte d’éditeurs, de stylistes, d’acheteurs et de marques envahissent Florence la douce pour le Pitti Uomo. Coincé entre la fashion week de Londres et celle de Milan, le salon masculin lance chaque saison les hostilités. Non content d’être le premier salon, le Pitti est celui qui […]
Tous les six mois, ce que la planète mode compte d’éditeurs, de stylistes, d’acheteurs et de marques envahissent Florence la douce pour le Pitti Uomo. Coincé entre la fashion week de Londres et celle de Milan, le salon masculin lance chaque saison les hostilités. Non content d’être le premier salon, le Pitti est celui qui brasse le plus de styles différents, au fil de sa bonne dizaine de thématiques différentes. Du fabriquant de costume haut de gamme centenaire à la dernière marque d’espadrilles, en passant par la fine fleur de l’héritage, il y en a pour tous les goûts. Bien souvent, ce qui se passe sur les épaules des visiteurs dans les travées est au moins aussi intéressant que ce qui est présenté sur les stands et quelques jours sur le salon permettent d’obtenir une photographie de ce qui se trame dans la mode à un instant t.
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Le Pitti célébrait cette saison son soixantième anniversaire, nous y étions, et voici les cinq points à retenir sur ce que la mode nous promet pour l’été prochain, mais qui est aussi valable pour celui qui commence à peine.
Le ping-pong a la cote
Chaque année, le salon florentin mise sur une activité pour animer les travées et les journées des participants. Après quelques essais infructueux (la moto, le bike polo…), le Pitti a cette saison fait mouche avec le thème du ping-pong. En plus des tournois open organisés çà et là par les partenaires, les tables mises à disposition dans la Forteresse da Basso ont tenté un bon paquet de passants. Cool et ludique, parfait pour injecter un peu de mauvaise foi et de compétition dans vos pique-niques estivaux un peu trop parfait.
Le sac à dos s’embourgeoise
Croisé sous toutes ses formes sur les épaules des visiteurs du salon, le sac à dos est bien parti pour gagner en vigueur l’été prochain. Encore cantonné il y a peu aux sportifs, aux militaires et aux écoliers, le sac à dos s’embourgeoise : Z Zegna, une des deux maisons invitées à défiler pour l’occasion, a claqué sa version en cuir blanc orné d’un Z qui veut dire Zegna ; les Japonais de White Moutaineering ont eux repris l’un de leurs modèles à l’occasion de la (très belle) collaboration avec Barbour qu’ils présentaient en exclusivité sur le salon ; les Hong-Kongais de Bothos ont proposé des modèles graphiques en cuir haut de gamme ; les filous de Cape Heights ont décliné l’esprit de leur toute récente collection d’outerwear technique avec un sac à dos ultra-léger. Bénéficiant de la vague sportswear qui balaie la mode depuis quelques saisons et présentant l’avantage de laisser les mains libres pour manger/instagrammer/jouer au volley sur la plage, le sac à dos va envahir les épaules, c’est acté.
La mue sportswear noir et blanc
L’été, l’homme Pitti est en général drapé dans un impeccable costume coloré, chaussé de mocassins, et il parade négligemment sur les avenues les plus courues du salon pour être sûr d’être photographié. Mais depuis quelques saisons, le sportswear est venu titiller cet idéal-type. Tout a commencé quand les running ont remplacé les mocassins, et voilà qu’aujourd’hui, c’est la couleur qui en prend un coup, avec une avalanche de noir et blanc. Dans le sillage des marques hip-hop contemporaines, Pyrex, Hood By Air et Been Thrill en tête, le noir et blanc étend tranquillement sa zone d’influence bien au-delà des dancefloor. Estocade finale, la coupe ajustée ne règne plus en maitresse absolue sur l’accoutrement des élégants du Pitti, les coupes larges et les matières inspirées du basket ont la cote. Vous avez un an pour trouver une braderie et vous débarrasser de tous vos petits shorts pastel.
Les Sans-chaussette
C’est une loi du genre : au Pitti, la chaussure se porte sans chaussette. Ok, au niveau du style c’est incomparablement plus élégant, mais ce n’est pas sans petits désagréments divers et variés une fois la journée terminée. Si vous décidez d’emboiter le pas des boss du Pitti, veillez à vous munir d’une semelle anti-transpirante force 5, d’une bombe de désodorisant des plus efficaces, et d’une boite de Compeed. Sinon, les plus filous ont déjà repéré la petite révolution des chaussettes invisibles et équipées de pattes anti-dérapantes imaginées par les japonais d’Uniqlo.
Le show Marcelo Burlon
Le vibrionnant créateur de la marque County of Milan était l’un des deux créateurs invités du Pitti Uomo 86. L’occasion pour celui qui était jusqu’ici habitué à des petites collections de tee-shirts et des collaborations, de défiler en bonne et due forme pour la première fois. Marcelo Burlon le slasher (DJ/PR/DA) s’est attelé à « montrer ses racines » dans ce show hyper-vitaminé placé sous le signe de sa Patagonie natale et du motocross. La première se retrouve dans les motifs graphiques, les ponchos et les animaux sauvages qui ornent ses créations depuis ses débuts, alors que l’on doit au second l’inspiration de la silhouette virile bardée de protections ou l’emprunt de matières techniques. Et surtout la performance inaugurale de deux pilotes bondissants pour lancer les hostilités. « J’avais en tête tous ces dimanches passés avec mon père directeur de course (…) J’ai toujours aimé les silhouettes des pilotes de motocross, la manière qu’ils ont de se tenir sur et à côté de la bécane, ils ressemblent à des guerriers, et je trouve ça hyper sexy », résumait-il quelques heures avant le show. Dégommant en plein vol quelques tendances de la saison, dont le noir et blanc et les références au basket, le premier défilé de Burlon a amené une énergie rafraichissante à cette édition anniversaire du Pitti, qui montre encore sa capacité d’adaptation aux nouvelles scènes de la mode.
Par Gino Delmas
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