Le créateur a inauguré sa ligne homme dans une calanque marseillaise : des silhouettes pleines de panache en hommage aux “gadjos” du Sud.
“Vous venez pour le spectacle ?” Vacanciers, résidents, pêcheurs et gardiens de la calanque de Sormiou, à une petite heure du Vieux-Port de Marseille, écarquillent les yeux face aux hordes de journalistes qui débarquent en ce lundi après-midi. Accessible après une trentaine de minutes de descente en zig-zag, entouré de montagnes, le lieu a été choisi par Simon Porte Jacquemus pour présenter sa première collection homme.
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Un retour au bercail pour celui qui a grandi dans un village à quarante minutes de Marseille. Les invités s’assoient sur des serviettes de plage et dégustent une glace face à la mer turquoise, au son d’enfants qui s’éclaboussent et d’un bateau à moteur qui s’approche lentement de la côte.
Plusieurs personnages typiquement du Sud
Le calme est soudainement rompu par les premières notes de Bo Gosse, le tube de Disiz La Peste. Le long du front de mer apparaissent des “gadjos”, terme gitan qui a donné le nom de cette première collection Jacquemus homme : des gaillards hâlés et musclés qui portent bob, short, chemise imprimée et gourmette dorée avec une assurance toute méditerranéenne.
On y décèle plusieurs personnages : le sauveteur de plage, qui associe un T-shirt à son slip de bain, l’Arlésien à chemise bouffante, l’adolescent qui enfile un bermuda et glisse ses effets personnels dans une pochette pendue autour du cou, la racaille en survet’, le jeune homme aux cheveux gominés, chemise ouverte jusqu’au nombril…
“J’avais envie de parler de tous ces mecs qui m’ont fasciné”, explique le créateur, rencontré à Paris trois jours avant le défilé. Cette première collection est une lettre d’amour à ces hommes croisés pendant sa jeunesse dans le Sud, comme “ce mec qui repasse sa chemise bien blanche pour aller à un mariage, qui met tous ses bijoux : c’est un peu trop, mais en même temps c’est charmant”.
Une attention obsessionnelle aux détails
Posant sur “tous ces clichés de la Méditerranée” un regard bienveillant, le gadjo rejoint la famille de personnages du créateur de 28 ans (la bomba, la fille du souk, le santon de Provence). Pensé comme le “petit frère” de la femme, l’homme Jacquemus rend hommage à la virilité typique du sud du continent.
Une attention obsessionnelle aux détails, du panache et cette assurance que l’on croise autant chez les Italiens en costume de couleur et mocassins cirés que chez les jeunes fous de streetwear du XIIIe marseillais. “Ils sont d’une précision dingue, s’enthousiasme-t-il. Ils ont la bonne basket associée à la bonne chaussette, le survêtement de la même couleur, le bob, les bijoux – et parfois les mèches de cheveux lisseés !”
S’éloignant du drapé qui caractérise ses collections femme, il a choisi des formes simples pour ce premier essai de ligne masculine pensée comme “le vestiaire de Simon”, essayant chaque pièce, et ne gardant que celles qu’il porterait vraiment.
Une maille unique, développée en collaboration avec Woolmark
“Le client masculin est plus dur, estime-t-il. J’avais envie qu’il se sente à l’aise, je n’ai rien fait de trop expérimental. Juste un peu d’audace, et surtout de l’humour.” Sans négliger la qualité des matières, vrai souci de la maison qui utilise pour l’essentiel du coton, de la laine ou du lin et qui, pour cette première ligne homme, a développé une maille unique, en collaboration avec Woolmark, qui allie la technicité des vêtements de sport à la pureté d’un top en laine vierge.
“Les matières naturelles sont les plus belles du monde”, raconte celui qui a fait connaître son nouveau projet via le hashtag #newjob et s’est ainsi retrouvé au sein d’intenses spéculations. Grâce à ce joli buzz, le jeune créateur rappelle qu’une nouvelle aventure peut être lancée au sein de sa propre marque : “J’ai déjà une grande maison : c’est la mienne, dit-il en souriant. C’est mon histoire à 100 %, et j’ai envie de la faire durer.”
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