Un an et demi après les Panama Papers, le Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ) a de nouveau frappé un grand coup. Nombre d’hommes politiques, d’entreprises et d’artistes sont accusés d’évasion fiscale.
Fruit d’une longue enquête menée par 96 médias internationaux, dont Le Monde, Radio France et Premières Lignes (Cash Investigation), des milliers de documents mettent en lumière l’évasion ou l’optimisation fiscale de nombreuses personnalités ont été épluchés. Émanant du cabinet international d’avocats Appleby, ces fichiers impliquent les hauts dirigeants de nombreux pays.
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#ParadisePapers : qui est touché par les nouvelles révélations ? Apple, Justin Trudeau, Vladimir Poutine… Résumé en images cc @ICIJorg pic.twitter.com/4ip2NU6ZdP
— Le Monde (@lemondefr) November 5, 2017
La reine d’Angleterre
Première surprise, le nom d’Elizabeth II apparaît dans les documents épluchés par les 400 journalistes d’investigation. Cette révélation est d’autant plus frappante qu’elle concerne la fortune personnelle du monarque britannique. Via le domaine privé de Lancastre, la Couronne aurait « effectué un investissement de 7,5 millions de livres (8,4 millions d’euros) en 2005 dans le Dover Street VI Cayman Fund LP, une structure des îles Caïmans », selon les informations du Consortium.
Plus grave encore, la reine aurait indirectement investi dans « BrightHouse ». Cette entreprise d’électroménager est dans le viseur de députés et d’associations de consommateurs britanniques. Comme le précise France Info, l’entreprise « propose à ses clients des crédits avec des taux d’intérêt de 99,9% ». Les fonds publics britanniques ont donc servi à financer une société bien peu scrupuleuse.
L’entourage de Trump
Le secrétaire d’État Rex Tillersonn ou encore le conseiller économique de Trump, Gary Cohn, sont tous deux tombés dans les filets de l’ICIJ. Wilbur Ross, le secrétaire au Commerce, apparaît également dans les documents comme évadé fiscal. Une partie de sa fortune personnelle, estimée à 2,9 milliards de dollars, a été placée aux îles Marshall et aux îles Caïmans. Malgré son audition au Sénat à propos d’éventuels conflits d’intérêt, en février 2017, Wilbur Ross n’avait jamais été inquiété.
Avec ses sociétés offshores, le secrétaire au Commerce se retrouvé lié avec des proches de Vladimir Poutine, notamment son gendre. Un conflit d’intérêt particulièrement problématique au vu des soupçons qui pèsent sur Trump et ses liens avec la Russie. Le FBI, qui soupçonnait Wilbur Ross depuis longtemps de collusion financière avec la Russie, a de quoi relancer ses investigations.
L’entourage de Justin Trudeau
L’un des plus proches conseillers du Premier ministre canadien, Stephen Bronfman, est lui aussi accusé d’avoir placé de l’argent dans un paradis fiscal. La position de Brofman est d’autant plus délicate qu’il s’agit de celui qui a grandement aidé à l’élection de Justin Trudeau. Il avait alors collecté 27 millions de dollars pour la campagne du candidat du Parti libéral. Un montant « record ».
Brofman et sa société Claridge sont impliqués dans la gestion d’une structure financière opaque aux îles Caïmans. Justin Trudeau, qui avait fait de la lutte contre l’évasion fiscale son cheval de bataille, va sûrement devoir prendre des sanctions envers son conseiller.
Apple et Uber
Les révélations ne concernent pas uniquement les hommes politiques. La célèbre marque à la pomme et l’appli de VTC sont toutes deux impliquées dans des montages financiers opaques. Apple avait déjà été pointé du doigt pour ses techniques d’optimisation fiscale avantageuses. Basé en Irlande, son siège « Europe » avait provoqué le courroux de Bruxelles.
Apple comptait en effet bénéficier des avantages fiscaux proposés par Dublin. Mais récemment, la Commission européenne a demandé à récupérer les 13 milliards d’euros de manque à gagner. Visiblement, cette optimisation fiscale à la limite de la légalité n’était que la face émergée de l’iceberg.
Madonna et Bono
La chanteuse pop se retrouve elle aussi mentionnée dans la liste des évadés fiscaux. Aux côtés du chanteur Bono (U2) et de l’actrice britannique Keira Knightley (Pirates des Caraïbes, The Imitation Game).
Ces révélations ne sont qu’un avant-goût : le Consortium va étaler la sortie des informations sur une semaine. À suivre.
https://twitter.com/samuellaurent/status/927235139746267136
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