Toujours aussi populaire à l’approche de son deuxième anniversaire, la Nintendo Switch a vu sa ludothèque se développer de manière considérable en 2018. Et si, de “Mario Tennis Aces” à “Let’s Go Pikachu” en passant par “Super Mario Party”, les vedettes maison ont tenu leur rôle très dignement, d’autres jeux ont encore davantage marqué l’année sur la console hybride. Voici nos 10 préférés.
1) Dead Cells (Motion Twin)
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Ça n’aurait pas dû marcher. Entre le “Metroidvania”, sous-genre du jeu d’action dans lequel on se familiarise avec un réseau de salles qui se débloquent peu à peu, et le Rogue-lite, où l’espace de jeu est reconfiguré à chaque échec de notre part, il semblait y avoir comme une incompatibilité conceptuelle. Pourtant, Dead Cells du studio bordelais Motion Twins fut l’un des tubes vidéoludiques de l’été et, au-delà, la sensation indé de l’année. Et peut-être d’abord sur la Switch, dont la portabilité se prête à merveille à sa logique de parties courtes mais souvent répétées – sous la lune, sous les draps, au crépuscule et au-delà.
2) Super Smash Bros Ultimate (Sora / Bandai Namco / Nintendo)
On nous vendait le crossover ultime avec plus de 70 personnages jouables issus d’abord des productions Nintendo (Mario, Donkey Kong, Pikachu…) mais aussi quelques stars en provenance d’une poignée d’éditeurs tiers (Sonic, Solid Snake, Mega Man, Cloud de Final Fantasy VII…), mais Super Smash Bros Ultimate est beaucoup plus que ça : un gros gâteau avec pleins de goûts différents dedans, un bal costumé effréné, une déclaration d’amour au jeu vidéo dans son ensemble (ses héros, ses univers, ses évolutions technologiques…) Et un coffret à jouets si rempli qu’on n’est pas près d’en voir le fond.
3) Overcooked 2 (Ghost Town Games / Team 17)
Avec son principe – cuisiner des plats à la demande en temps limité – dont la simplicité rappelait les ancêtres Burgel Time et Tapper ou des hits mobiles comme Diner Dash, le premier Overcooked avait pris tout le monde par surprise. Sa suite, c’est la même chose, mais en mieux et avec toujours plus de variété dans les commandes soumises à nos chefs comme dans l’aménagement des cuisines qui, avec leurs éléments infranchissables ou mouvants, ne sont pas pour rien dans l’affolement hilare qui nous gagne rapidement. “Nous” se compose ici d’une à quatre personnes dont l’efficacité de la collaboration est la clé de tout succès. La morale de l’histoire : pour un plat comme pour un jeu, les ingrédients, c’est bien beau, mais ce qui fait la différence, c’est le talent du cuistot.
4) Wandersong (Greg Lobanov / Humble Bundle)
Et si, au lieu de parler ou se battre, on chantait ? Ce n’est pas tout : dans Wandersong, les vocalises harmonieusement placées servent aussi à attirer les oiseaux, faire bouger les plantes, traduire ce qu’essaient d’exprimer les fantômes… A presque tout, en fait, et ce mariage du jeu d’aventure et du rhythm game, avec son style faussement naïf (car ce qui s’y dit n’est pas si superficiel) et ses couleurs vives, est un régal de tous les instants – et l’une des rares vraies comédies (même si son récit s’affiche apocalyptique) musicales vidéoludiques. A la souple surface de Wandersong se déroule quelque chose comme le mariage de Paper Mario et de Jonathan Richman – drôle d’endroit, belle rencontre.
5) Gris (Nomada Studio / Devolver Digital)
Dernier monument vidéoludique de 2018 (et, pour cette seule raison, grand absent de notre top 10 généraliste bouclé avant sa sortie), Gris est une chose sidérante. Un voyage envoûtant dans un monde inhumain et pourtant vibrant qui a perdu ses couleurs. Si les mécanismes et énigmes convoqués par le level design inspiré du studio barcelonais Nomada sont dans l’ensemble déjà bien référencés, il y a quelque chose ici, dans l’allure de notre héroïne mais pas seulement, qui semble presque étranger au jeu vidéo. Qui vient de plus loin et, sans un mot, touche profond. L’esprit de Fumito Ueda souffle dans les environs.
6) Minit (Jan Willem Nijma, Kitty Calis, Jukio Kallio & Dominik Johann / Devolver Digital)
Conçu par un quatuor de développeurs ayant œuvré sur des titres aussi différents que Nuclear Throne et Horizon : Zero Dawn, Minit peut être vu comme une sorte de version lo-fi de Majora’s Mask, l’épisode le plus sombre et expérimental de la saga Zelda. Ici aussi, il faudra régulièrement tout reprendre à zéro (en conservant certains accessoires, ce qui permet malgré tout de progresser), mais au bout de soixante secondes seulement, notre héros trouvant la mort à la fin de chaque minute de jeu. Ce pourrait être décourageant. C’est au contraire euphorisant : chaque mouvement, chaque découverte, chaque rencontre en deviennent une immense victoire. D’autant qu’au-delà du concept singulier, l’intrigue et les personnages furent aussi parmi les plus marquants de l’année.
7) Celeste (Matt Makes Games)
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Celeste n’est pas le nom de l’héroïne (qui s’appelle Madeline) du jeu de Matt Thorson, déjà auteur du très bon Towerfall également disponible sur la Switch, mais de la montagne qu’elle escalade et dont le but est d’atteindre le sommet. Mais cette dernière est presque un personnage à part entière, qui nous caresse et nous repousse, nous encourage et nous stimule. D’un abord accueillant mais délicat à maîtriser et débordant de bonnes et originales idées, Celeste a aussi pour grande qualité de raconter par petites touches une histoire (sur la dépression, l’anxiété) plus profonde qu’il n’y paraît.
8) Monster Boy et le Royaume maudit (Game Atelier / FDG Entertainment)
Héritier assumé de la saga Wonder Boy conçu par les Français du studio Game Atelier sous le parrainage du grand Ryuichi Nishizawa, Monster Boy et le Royaume maudit est à la fois un très joli conte interactif dessiné à la main et un jeu de plateforme et d’aventure riche et, finalement, plutôt exigeant dans lequel un jeune garçon est, pour commencer, métamorphosé en cochon. D’autres transformations animales suivront qui nous offriront de nouvelles capacité pour pousser toujours plus loin cette merveilleuse exploration.
9) Taiko no Tatsujin : Drum’n’ Fun (Namco Bandai)
A force, on ne sait plus trop si c’est l’essence même du jeu vidéo (un signe, une réponse directe à fournir sans tarder), celle du Japon pop et moderne ou juste une dinguerie fantasmagorique et kawaii au tempo frénétique, mais une chose est sûre : le premier volet de la série de jeux de tambour Taiko no Tatsujin à paraître officiellement en France depuis environ une éternité nous fait un effet fou. A noter, pour ceux qui préféreraient ne pas se ruiner en investissant dans le néanmoins très chouette instrument, que le charme agit aussi avec les touches ou l’écran tactile de la Switch.
10) Kirby Star Allies (HAL Laboratory / Nintendo)
C’est vrai : Star Allies n’est pas exactement la meilleure aventure de Kirby – sauf si l’on estime, ce qui est un point de vue défendable, que toutes les aventures de Kirby sont la meilleure aventure de Kirby. Une remarque, néanmoins, sur ce tourbillon transformiste gentil qui nous change successivement en cow-boy, bonhomme de neige, artiste peintre ou cuisinier. Une touche de la manette, celle sur laquelle figure la lettre X, est dévolue à une fonction à notre connaissance inédite dans l’histoire des jeux vidéo : se faire des amis. Un petit cœur se détache alors de notre ronde et rose idole pour aller se poser sur une créature qui semblait jusqu’alors ne lui vouloir que du mal. Et qui, après, le suivra jusqu’au bout du monde. ‘Nuff said.
Et aussi…
De divines vieilleries
On le dit beaucoup, et parfois pour le regretter, sur les 1 300 et quelques jeux de la Switch, on ne compte pas que des inédits mais, aussi, beaucoup de portages et adaptations de titres d’un passé plus ou moins récents : classiques de l’arcade, hits indés (et semi-bides en quête d’une deuxième chance) de ces dernières années ou gros jeux de la génération de consoles précédentes. Voici les dix qui nous ont le plus marqués en 2018.
1) Ikaruga (Treasure / Nicalis)
Flamboyant shoot’em up aussi sensuel que cérébral qui pourrait bien être le plus beau de tous les temps, Ikaruga profite d’une fonctionnalité méconnue de la Switch : la possibilité de jouer avec l’écran positionné à la verticale, comme dans les salles d’arcade.
2) Katamari Damacy Reroll (Keita Takahashi / Bandai Namco)
Faire rouler un truc sur lequel viennent se coller d’autres trucs qui font grossir le premier truc et lui permettent d’en ramasser de plus grands. Dit comme ça, ça n’a l’air de rien, mais Katamari Damacy fut l’un des plus grands jeux des années 2000.
3) Inside (Playdead)
Une course. La nuit. Un garçon. Des foules zombies. La deuxième création expressionniste et mutique des auteurs de Limbo fut l’un des sommets ludiques de 2016. On pourrait presque voir en lui un pendant noir de Gris.
4) Undertale (Toby Fox)
En 2015, un sondage avait élu Undertale meilleur jeu vidéo de tous les temps. A la fois drôle, humaniste et profond, le “JRPG” (jeu de rôle japonais) du jeune Américain Toby Fox est en tout cas une chose spéciale qui se révèle très à son aise chez Nintendo, l’éditeur de son grand modèle : Mother.
5) Bayonetta 1 & 2 (Platinum Games / Sega / Nintendo)
En attendant Bayonetta 3 (qui pourrait débarquer en 2019), les premiers volets de la saga d’Hideki Kamiya se sont offert un petit lifting. A eux deux, ils constituent à peu de choses près le sommet du jeu d’action japonais.
6) Diablo III : Eternal Collection (Blizzard)
Grâce à la portabilité de la Switch, console vite attrapée, allumée, éteinte, on retrouve la fièvre du plus obsédant des hack’n slash qui se change illico en charmant jeu de compagnie.
7) Sid Meier’s Civilization VI (Firaxis / 2K Games)
Pareil que le voisin du dessus pour la Rolls du jeu de stratégie : les jeux PC qui nous engloutissaient nous accompagnent désormais pour des sessions plus courtes mais aussi plus fréquentes.
8) Night In the Woods (Finji / Infinite Fall)
Dans les têtes d’animaux de ses héros post-ados, ça rêve, ça fantasme, ça se souvient et ça s’angoisse. Night in the Woods est un jeu qui trouble et ne s’oublie pas. Sur la Switch comme ailleurs.
9) Lumines Remastered (Resonair / Enhance Games)
A défaut de Tetris Effect, la Switch a eu droit cette année à une superbe version de la première incursion cérébrale et dansante de Tetsuya Mizuguchi sur les terres d’ Alekseï Pajtinov. C’est déjà très (très) bien.
10) Gone Home (The Fullbright Company) et Firewatch (Campo Santo)
Entre les intérieurs hantés (par la vie très crédible de presque vrais gens) de Gone Home et les paysages forestiers du tout aussi émouvant Firewatch, on n’a aucune envie de choisir. Le walking simulator à son meilleur.
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