Au lendemain de la décision de justice dans l’affaire Zyed et Bouna, Christian Estrosi s’est fait remarquer en qualifiant de “délinquants” les deux adolescents morts en 2005. Une phrase fausse, et déplorable, qui est loin d’être une première pour le maire de Nice. Rétrospective de ses déclarations les plus pathétiques.
« Les familles n’ont qu’à éduquer leurs enfants »
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Dernier dérapage incontrôlé en date. Au lendemain de la décision de justice relaxant les deux policiers dans l’affaire de Zyed et Bouna, le maire de Nice était l’invité de I-télé. Après s’être félicité de la décision du tribunal de Rennes, l’ancien ministre s’est exprimé sur la réaction des familles, sous le choc après la relaxe.
« Quand il y a un choix à faire, les familles n’ont qu’à éduquer leurs enfants et faire en sorte qu’ils ne soient pas des délinquants. »
Problème : en plus de qualifier faussement les deux adolescents de délinquants, le maire UMP ne parle même pas de la bonne affaire. « Là, vous parlez de délinquants mais pour Zyed et Bouna, pour ces deux garçons, il n’y a aucune preuve qu’ils étaient délinquants, » le relance le journaliste. Christian Estrosi rétorque : « Mais de quoi parlez-vous ? Ils étaient bien en excès de vitesse. » Faux. Les deux jeunes hommes étaient à pied. Estrosi confond avec l’affaire de 2007, de Villiers-le-Bel, lorsque deux jeunes hommes en deux-roues avaient trouvé la mort dans une collision avec un véhicule de police.
Les « cinquièmes colonnes » islamistes
Probablement opposé à Marion Le Pen aux prochaines élections à la tête de la région PACA, le maire de Nice est allé cette fois-ci piocher dans le jargon des années 30. Sur le plateau de France 3, Christian Estrosi partait en pleine crise de paranoïa, mêlant les thèmes identitaires et l’islamophobie, chers au FN.
« La civilisation judéo-chrétienne dont nous sommes les héritiers aujourd’hui est menacée […] L’islamo-fascisme est présent en Irak, en Syrie mais aussi en France, à travers les cinquièmes colonnes et leurs réseaux infiltrés dans nos caves, dans nos garages, dans les lieux clandestins. »
Le terme de « cinquième colonne », désigne une organisation complotiste qui vise à faire tomber l’Etat, et dont l’utilisation est surtout l’apanage de l’extrême-droite. Son emploi fait pourtant débat au sein même du Front National. C’est dire.
« Un stade Allianz plutôt qu’Emirates »
Il y a les belles sorties de gardiens et celles d’Estrosi, un peu plus moches. Mais même lorsqu’il s’agit de foot, le maire de Nice a, dans sa sacoche, une petite phrase. Lors de la présentation, en 2012, des tribunes du stade l’OGC Nice, l’Allianz Riviera, Christian Estrosi, aurait lâché « moi, je préfère avoir un stade qui s’appelle Allianz plutôt qu’Emirates, vous voyez pourquoi, » rapporte le journal l’Equipe. Allianz étant une compagnie d’assurance allemande et Emirates une compagnie aérienne de Dubaï, on attend toujours l’explication.
« Vive l’Algérie Française »
Le 20 octobre 2012, Christian Estrosi prononce un discours devant un parterre de 300 anciens combattants et harkis, après s’être donné rendez-vous pour protester contre une loi visant à inscrire le 19 mars – date du cessez-le-feu en Algérie – comme journée commémoration des personnes tuées lors de la guerre d’Algérie. Pour finir son speech, l’ancien ministre juge bon de lancer « Vive l’Algérie Française ». Si le soir même, sur LCI, il précise ne pas être « nostalgique » de cette période, il ajoute qu’il n’a « pas à faire de devoir de repentance à l’égard de l’oeuvre civilisatrice de la France avant 1962. »
« J’en ai maté d’autres, je vous materai »
Christian Estrosi ne semple que peu goûter la présence de gens du voyage sur un stade de football dans sa ville de Nice. Invité sur Europe 1, en juillet 2013, il raconte qu’il est allé les voir pour leur dire « J’en ai maté d’autres, je vous materai ». Après avoir précisé qu’il ferait surveiller leurs « faits et gestes », il ajoute : « Je fais un référé devant le tribunal à titre conservatoire pour pouvoir saisir les véhicules, vous savez, ces belles et grosses voitures avec lesquelles ils tirent leurs belles et grosses caravanes pour lesquelles il faudrait parfois aux Français toute une vie pour pouvoir se payer les mêmes. »
« L’Islam n’est pas compatible avec la République »
Même jour, même décor mais nouvelle cible pour le maire de Nice. Interrogé sur les propos de François Hollande qui, en déplacement en Tunisie avait déclaré compatibles l’islam et la démocratie, Christian Estrosi décide d’affirmer l’exact contraire. « Moi quand je vois, au nom de l’islam, ce qui est en train de se passer en Egypte, et dans un certain nombre de pays du Moyen-Orient ou du Maghreb, je suis particulièrement inquiet. Et donc pour moi c’est parfaitement incompatible. »
« Si le peuple allemand avait entrepris d’interroger sur ce qui fonde réellement l’identité allemande… »
Il faut de tout pour faire un Estrosi, y compris un point Godwin. En plein débat sur l’identité nationale, qui aura marqué l’ère Sarkozy, Christian Estrosi, alors ministre de l’Industrie, tient à apporter sa pierre à l’édifice. Lors d’un discours à Nice, en 2008, il soutient qu’un tel débat aurait pu éviter à l’Allemagne la montée du nazisme et la seconde guerre mondiale. « Si, à la veille du second conflit mondial dans un temps où la crise économique envahissait tout, le peuple allemand avait entrepris d’interroger sur ce qui fonde réellement l’identité allemande, héritière des lumières, patrie de Goethe et du romantisme, alors peut-être, aurions-nous évité le naufrage de la civilisation européenne ».
« Ils viennent avec des drapeaux étrangers faire du tohu-bohu autour de ma mairie »
Pour déraper, Christian Estrosi n’a pas besoin de beaucoup de matière. Trois mots clefs peuvent suffirent : « droit », « vote » et « étranger ». Janvier 2013, sur Europe 1, le député UMP n’a pas de mal a faire comprendre ce qu’il pense du débat sur le droit de vote des étrangers aux élections municipales. « Ce qui me révolte le plus, c’est de donner le droit de vote à des personnes qui haïssent la France, qui détestent la laïcité et qui refusent nos lois. On va donner le droit de vote à des gens qui ne le demandent pas, » s’emporte-t-il. « Ils viennent avec des drapeaux étrangers faire du tohu-bohu autour de ma mairie, permettez-moi de vous dire que c’est un comportement contre la République, contre la Nation ! »
« Français ou voyou, il faut choisir »
Eté 2010. Au lieu d’aller se reposer sur sa belle plage de Nice, Christian Estrosi préfère voyager du côté de la xénophobie. Soutenant les propositions sécuritaires du président Sarkozy, allant de la destitution de la nationalité française à la prison pour les parents de mineurs délinquants, le ministre de l’Industrie de l’époque lance au micro d’Europe 1 une phrase qui ne passera pas inaperçue et qui se passe de commentaires : « Français ou voyou, il faut choisir ».
« C’est un peu comme si SUD en Haïti avait refusé de faire les déblaiements »
Vous l’aurez compris Christian Estrosi aime extrapoler, comparer, déformer… En 2010, alors que le trafic aérien est interrompu à cause d’un volcan islandais (dont on vous épargnera le nom), une grève de la SCNF est en cours. Ce qui a le don d’énerver le ministre de l’Industrie, pour qui les syndicats ferroviaires, dont SUD, auraient dû faire preuve de « solidarité » envers les « 400 personnes qui pendant deux nuits d’affilée ont dû se coucher à même le quai de la gare ». Voilà pourquoi, il lui semble approprié de comparer cet événement au séisme en Haïti qui avait fait 220.000 morts, la même année. « C’est un peu comme si SUD en Haïti avait refusé de faire les déblaiements, de continuer à faire la grève du déblaiement. Moi je dis dans ce cas-là, on ne peut pas l’accepter. »
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