Le magazine d’extrême droite Valeurs Actuelles a déclenché un tollé avec sa fiction raciste dépeignant la députée Danièle Obono en esclave. Dans un texte publié sur Facebook, l’écrivaine Léonora Miano y voit “le désarroi d’une certaine France, son incapacité à endosser les ombres de son histoire”.
C’est une histoire terrible, infâme, qu’il faut condamner. Celle d’un magazine qui en 2020 a jugé de bon goût de dépeindre une députée noire en esclave, attachée au cou par des chaînes. Dans son édition du 27 août, l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles a publié un épisode de sa série estivale de “politique fiction” : sept pages où le magazine imagine la députée la France insoumise Danièle Obono au temps de l’esclavage et où, selon les mots employés par le titre, la femme politique “expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage” au XVIIIe siècle.
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La romancière Léonora Miano a publié samedi un texte sur sa page Facebook, en soutien à Danièle Obono, dans lequel elle fustige “le désarroi d’une certaine France, son incapacité à endosser les ombres de son histoire sans tenter d’en transférer sur d’autres la responsabilité”. Un texte fort qui dénonce le racisme de Valeurs Actuelles, mais aussi ce déni ou cette minimisation de la réalité de l’esclavage par l’Occident.
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“L’Afrique, elle, ne demande rien”
“Quand vos adversaires vous assènent des coups bas, quand ils ne peuvent donner que ces coups-là, réjouissez-vous. C’est qu’ils reconnaissent leur faiblesse et leur défaite, écrit l’autrice de Crépuscule du tourment en préambule. Comme il faut craindre l’avenir, comme il faut se sentir dévalué, pour éprouver un tel besoin de dégrader les autres.”
“Combien de vies détruites pour que l’on se permette des caricatures comme celle offerte à Valeurs Actuelles ?”, interpelle Léonora Miano avant de rappeler : “L’Afrique fut colonisée par les puissances européennes esclavagistes. Ces dernières n’y avaient donc pas d’amis. Ceux des notables subsahariens qui prirent part à la macabre entreprise des déportations transocéaniques furent les dindons d’une farce encore à l’œuvre.”
“L’Afrique, elle, ne demande rien. Et même, elle vous emmerde”, martèle-t-elle. “Oui, oui, elle peut. Parce que, sur la cinquantaine de ressources minières nécessaires au bien-être des pays du Nord, plus de la moitié se trouvent dans son sous-sol, et de façon exclusive (…) Mais elle ouvre les yeux, voit de plus en plus clair. Son heure arrive.” Avant d’apporter son soutien à Danièle Obono : “J’espère qu’elle portera plainte et sera massivement soutenue.”
“Cette image est une insulte à mes ancêtres, ma famille et mon mouvement politique. Une souillure indélébile”, a pour l’instant simplement réagi la députée. L’article a déclenché une indignation générale au sein de la classe politique. Emmanuel Macron a même appelé la députée pour lui montrer son soutien. Le président de la République a pourtant donné un entretien exclusif au magazine en octobre dernier…
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