Un documentaire retrace la vie et les actions littéraires et politiques de Leone Ginzburg, mort à Rome en 1944, dans les geôles de la Gestapo.
“Une des choses qui me fait le plus souffrir, c’est la facilité avec laquelle les personnes autour de moi – y compris moi-même – perdent le goût des problèmes généraux face aux dangers personnels. J’essaierai donc de ne pas te parler de moi, mais de toi.” Ces quelques propos, presque de contrition, sont extraits d’une lettre de Leone Ginzburg adressée à sa femme Natalia, datée du 4 février 1944 et envoyée depuis la geôle romaine où croupit alors l’activiste italien.
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Si le nom de Ginzburg nous rappelle quelques souvenirs – Carlo est un représentant éminent de la microhistoire et de l’histoire de l’art –, il est indispensable de se plonger dans le documentaire retraçant la vie de Leone – son père. Leone Ginzburg, un intellectuel contre le fascisme est richement composé de photos et de vidéos d’époque ; Florence Mauro y dresse le portrait d’une des figures de la résistance italienne au fascisme mussolinien – puis plus tard au nazisme.
A Turin, il fréquente Pavese, Einaudi…
Fruit des amours estivales de sa mère avec un Italien, Leone Ginzburg naît à Odessa, en 1909, dans une famille juive aisée et cultivée. Il s’installe à Turin en 1923, un an après l’accession au pouvoir de Benito Mussolini. Au lycée Massimo-d’Azeglio, il va fréquenter Cesare Pavese, Giulio Einaudi, Massimo Mila ou encore Norberto Bobbio, autant de noms qui comptent et vont compter dans la lutte contre le Duce.
En 1933, Ginzburg et ses amis créent les éditions Einaudi, qui publient les traductions de grands classiques étrangers ; dans l’ombre, Leone prend la tête de la branche turinoise du mouvement antifasciste Giustizia e Libertà. “Toute action politique, toute réflexion politique est aujourd’hui affirmation d’autonomie. Avec l’organisation clandestine, nous affirmons la liberté d’association”, écrit-il.
Arrêté à Rome par les nazis
Leone Ginzburg est arrêté une première fois en 1934 et libéré sous surveillance deux ans plus tard. Avec sa femme, la célèbre romancière Natalia Ginzburg, et ses enfants, il part en exil dans un petit village des Abruzzes, Pizzoli, entre 1940 et 1943. Mais le cours de l’histoire va le rattraper. Suite au débarquement allié en Sicile, en 1943, entraînant la chute du Duce, Leone regagne Rome clandestinement, lui qui avait été déchu de la nationalité italienne en 1939. En septembre, les troupes nazies entrent dans Rome. Il est rapidement arrêté par la Gestapo et emprisonné à Regina Coeli.
A l’aube du 5 février 1944, on apprendra sa mort à l’âge de 34 ans, après une vie dédiée au combat contre le fascisme sur les fronts politique et culturel, sans souffrir aucune compromission. J. R.
Leone Ginzburg, un intellectuel contre le fascisme documentaire de Florence Mauro. Mardi 29, 23 h 15, Arte
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